Sécheresse en Martinique : l’autorité unique de l’eau, la solution pour éviter les coupures ?

À l’initiative de la CTM les principaux acteurs de la distribution de l’eau du centre de la Martinique se sont réunis pour définir la meilleure stratégie de territoire face à la sécheresse actuelle. Autour de la table Odyssi, Météo France, l’ODE, la CACEM et les maires des 4 communes concernées par les coupures d’eau (Fort-de-France, Le Lamentin, Schœlcher et Saint-Joseph). Les instances politiques ont toutes exprimé un avis favorable à la création d’une autorité unique de l’eau.

Bien que la pluie ait légèrement repris, elle reste insuffisante pour reconstituer les réserves des bassins des rivières utilisés pour le captage d’eau potable dans le centre de la Martinique. Serge Letchimy a donc convoqué une réunion urgente pour établir conjointement des mesures garantissant un approvisionnement minimal en eau et minimisant les répercussions sur les consommateurs.

« Nous sommes à votre disposition parce que ce n’est pas normal qu’en période de sécheresse nous ayons des coupures au robinet ». Avec ces mots, Serge Letchimy donne le ton d’une réunion qu’il a provoquée, demandant des comptes aux différents acteurs de la gestion de l’eau du centre de la Martinique.

La CTM a déjà investi cette année, 20 millions d’euros pour améliorer le réseau, mais les résultats ne sont pas encore visibles dans les robinets des résidents de la CACEM. Seulement 3 millions ont été dépensés et la majorité des chantiers accusent un retard.


Réunion à la CTM des acteurs de la distribution de l’eau du centre de la Martinique


Pêle-mêle, avec l’opérateur Odyssi, les dépenses sont passées en revues et pour chacune d’entre elles une explication est mise en avant, mais ne convint pas. Dans cette réunion où l’on se dit tout, Odyssi est en ligne de mire de certains maires présents comme Yan Monplaisir, maire de Saint-Joseph qui estime que « nous n’arrivons pas à obtenir d’Odyssi des performances, nous sommes très mauvais. » Irrité par les explications de l’opérateur, il a fini par quitter la réunion…

Le représentant de la mairie de Schoelcher demande des engagements pour respecter le programme des tours d’eau, celui du Lamentin exprime son agacement à devoir expliquer à ces administrés tous les jours pourquoi l’eau ne coule plus dans les robinets alors que la ressource existe ailleurs.

Didier Laguerre, maire de Fort-de-France et vice-président de la Cacem, estime que « les réseaux ne sont pas fiables, nous nous sommes organisés pour pallier les difficultés de trésorerie d’Odyssi ». Ils fustigent les coûts de production engendrés pas la dépollution de l’eau au Chlordécone « qui devraient être supportés par l’État ».

Tous s’accordent à dire « qu’il n’est pas normal » que par décision préfectorale que le captage de la Rivière Blanche situé à Saint Joseph en territoire CACEM est exploité par l’Espace Sud avec un autre producteur d’eau la SME jusqu’en 2027.

La conséquence, c’est qu’en période de sécheresse l’agglomération du centre (La Cacem), achète de l’eau au prix fort à celle du sud (Espace Sud)…


Yan Monplaisir estime que « l’opérateur Odyssi n’est pas performant »


Face aux feux nourris des maires et représentant de la Cacem, l’opérateur Odyssi reconnaît ces manquements, mais ne les assume pas complètement.
Il rejoint d’ailleurs ces critiques sur l’exploitation du captage de la Rivière Blanche à Saint-Joseph. « Nous perdons 6 à 7 millions d’euros parce que nous n’exploitons pas l’eau de la Rivière Blanche, nous aurions de l’eau pour tous les abonnés et des recettes pour fonctionner« .

Concernant les travaux en cours, « si les fonds existent, ils ne sont pas débloqués à temps et cela engendre forcément des retards ». L’opérateur du centre déplore sa dépendance aux autres producteurs d’eau qui ne livrent pas à temps le précieux liquide aux abonnés et mettent à défaut son programme de tours d’eau.

Pour terminer, le représentant d’Odissy exprime son regret pour les reproches qui sont adressés à « ces collaborateurs compétents qui se démènent malgré les difficultés ».

Face à ce premier constat, houleux parfois, tous s’accordent à dire qu’une seule autorité pour la gestion de l’eau permettrait d’éviter beaucoup de contraintes et in fine, permettre aux consommateurs d’avoir de l’eau dans leurs robinets.

Serge Letchimy estime que sa mise en place prendra au moins deux ans. En attendant, décision est prise de changer de méthode de travail, « il y va de notre crédibilité pour par la suite créer l’autorité unique de l’eau ».

Un comité technique (COTEC) est en place pour coordonner les travaux financés par la CTM, il sera complété par un comité de pilotage (COPIL) qui permettra de débloquer les obstacles administratifs pour accélérer les phases opérationnelles des projets.

Pour les deux années qui viennent, 54 millions seront disponibles pour effectuer des travaux, de quoi améliorer le réseau.

Une réunion similaire sera aussi organisée avec les autres comités d’agglomération, Cap Nord et l’Espace Sud.

Le Président du Conseil Exécutif de la CTM s’est fixé comme objectif qu’il n’y aura plus de coupures d’eau en 2025 en période de sécheresse.


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