Sécurité en mer : 300 marins-pêcheurs de Martinique attendent leur gilet de sauvetage avec balise

L’émotion est encore vive après la découverte du corps sans vie de Joseph Jourdan, le pêcheur disparu le 17 mai 2024. Malgré les moyens mis en œuvre, son corps a été repêché, coincé entre les rochers du rivage de la plage de Sainte-Marie. Les circonstances de sa mort ne sont pas encore connues, mais dans la profession, on estime que s’il avait porté un gilet de sauvetage avec une balise, il aurait été retrouvé plus tôt et peut-être sauvé.


Joseph Jourdan, un marin pêcheur reconnu et professeur de pêche à l’école maritime de la Trinité, a été retrouvé mort après trois jours de disparition. Âgé de 78 ans, il avait formé plusieurs générations d’apprentis. Tout le monde espérait retrouver vivant ce vieux loup de mer, tant son expérience était grande.

Hélas, la mer a rejeté son corps sur le rivage de la plage de Sainte Marie, non loin de là où « il avait l’habitude de poser ses nasses », selon ses proches. Ces derniers, très affectés, ont assisté à l’extraction de son corps au milieu des rochers du rivage samaritain à l’aide d’un engin. Un corps échoué après trois jours de dérive sans que l’on puisse le repérer. Une situation qui aurait pu être évitée avec les moyens d’aujourd’hui.

La Martinique : une zone à haut risque pour les marins-pêcheurs

Jean-Michel Cotrebil, président du comité des pêches, connaissait bien Joseph Jourdan, qui fut son professeur à l’école de pêche de Trinité. Après avoir exprimé son émotion et ses condoléances à la famille, il souhaite agir rapidement pour éviter que ce type de drame ne se reproduise.

Nous avons enregistré six disparitions en deux ans, faisant de notre territoire maritime le plus accidentogène en France. Nous allons tout mettre en œuvre pour que le port du gilet de sauvetage avec balise soit systématique

Jean Michel Cotrebil, président du comité des pêches de Martinique

Le port du gilet systématique de sauvetage n’est pas une nouveauté. Il y a deux ans, le collectif de pêche de Martinique (Copem) avait présenté le programme « Sécurité homme embarqué », dans lequel un kit de survie incluant un gilet de sauvetage avec balise était mis en avant. Cette initiative visait à améliorer la sécurité des marins-pêcheurs et à réduire le nombre de disparitions en mer.

« Le gilet automatique avec harnais, muni d’une capuche anti-refroidissement, se comporte comme un véritable airbag, permettant au marin-pêcheur de survivre entre 48 et 72 heures dans l’eau en attendant d’être repéré par les secours. Ce kit de survie inclut une balise personnelle manuelle pour faciliter la géolocalisation du marin ainsi qu’une lumière « FlashLight » dont la capacité lumineuse est intense et porte loin », disaient les représentants de la Copem à l’époque.


Présentation par la Copem le 17 janvier 2022 du gillet de sauvetage avec balise


Bien que cet équipement soit coûteux, il est pris en charge à 80 % par la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM). En novembre 2022, 15 kits financés par la CTM avaient été remis à des marins-pêcheurs à l’école de pêche de Trinité, où Joseph Jourdan enseignait. Il était à la retraite et n’aurait pas bénéficié de cette aide.

Au total, la CTM a financé 150 kits pour un montant de 64 966,82 €.

Mais il en faudrait 300 de plus.

Le comité des pêches nous affirme que la demande est faite depuis des mois, mais sans retour des instances de la Collectivité Territoriale de Martinique.

En attendant, « des hommes disparaissent et meurent », s’indigne Jean-Michel Cotrebil qui connaissait la plupart des victimes.

Felix Merine représentant de la CTM explique que « 150 gilets ont été renvoyés, car ils avaient un problème de numéro de géolocalisation ».

Nous sommes prêts à financer 150 autres gilets, mais cela prend du temps à mettre en oeuvre.

Felix Merine, en charge de l’Économie Bleue et Maritime, de la Pêche et du Sport à la CTM

En faisant les comptes, la CTM attend le retour du fabricant de 150 gilets, 150 autres pourraient être financés.

Cela donne en tout 300 gilets potentiellement destinés aux marins-pêcheurs en activité.

Concrètement, aujourd’hui 300 marins-pêcheurs prennent la mer sans avoir l’assurance d’être repérés rapidement en cas de problèmes. C’était déjà le cas il y a deux ans.


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