Sénégal, la dette cachée laissée par Macky Sall

Les chiffres auraient été falsifiés entre 2019 et 2024 et de nombreuses anomalies identifiées. Une révélation lourde de conséquences pour le pays aux grandes ambitions de développement.

Comment cette dette a t elle été découverte ?

Dès son investiture en avril dernier, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a lancé un grand audit des finances du pays. En septembre, son premier ministre Ousmane Sonko affirmait déjà que l’ancien président Macky Sall avait maquillé et détourné les comptes publics.
En février, la cour des comptes confirme que les finances du pays sont dans un état catastrophique : une dette qui atteint 100% du PIB, faisant du Sénégal l’un des pays les plus endettés du continent … un déficit à 12%… bien loin de ce qui avait été avancé par les précédentes autorités qui évaluaient plutôt la dette à 70% du PIB.
Une mission du FMI en mars a confirmé ces chiffres et le programme de prêt d’1,8 milliard de dollars validé en 2023 suspendu dès septembre et les premiers soupçons. La même chose était arrivée au Mozambique en 2016 lorsqu’une dette cachée de 2 milliards de dollars avait été découverte.

Mais alors comment cette dette sénégalaise a pu être cachée ?

D’abord des agences publiques ont été utilisées pour contracter des dettes ou réaliser des dépenses normalement prises en charge par l’État. Ces dettes ne figurent donc pas directement dans les comptes du Trésor public, ce qui peut donner l’impression que la dette publique est moins élevée qu’en réalité.
Certaines dépenses budgétaires ont été sous-évaluées, et la multiplication des partenariats public-privé ont permis de repousser certaines charges dans le temps.

La cour des comptes signale aussi des surfinancements, c’est-à-dire des montants empruntés supérieurs aux besoins réels.
Et puis certaines recettes ont été intégrées dans les calculs en avance, comme celles tirées de l’exploitation future du gaz et du pétrole.

L’idée d’un maquillage des comptes publics ou de détournements est vivement démentie par l’ancien président Macky Sall, aujourd’hui installé au Maroc, qui dénonce un procédé politique et assure que tout était en règle et que c’est une question de comptabilité différente.

Quelles sont les conséquences pour le pays ?

Les marges de manœuvre des nouvelles autorités pour mettre en place leur ambition programme de rupture deviennent extrêmement limitées. Après ces révélations, la note du pays a été dégradée deux fois par l’agence Moody’s pour tomber à B3, compromettant donc son accès aux marchés internationaux.

Le FMI doit décider s’il demande au Sénégal le remboursement des sommes décaissées pendant son dernier programme, ou s’il en débloque un nouveau d’ici l’été. Pour cela, l’institution a déjà avancé des conditions à réunir : l’assainissement des finances publiques, et la mise en œuvre du nouveau programme économique du gouvernement pour attirer des investissements. Des exonérations faites aux entreprises devront aussi être levées ainsi que des subventions sur l’essence et l’électricité.
Le président Diomaye Faye n’a pas encore annoncé les mesures d’austérité mais il a promis de réduire le train de vie des institutions. Le Sénégal mise aussi beaucoup sur son gaz et son pétrole dont l’exploitation va commencer pour générer de nouvelles recettes.

Et côté sanctions, certains au pouvoir appellent désormais à des poursuites contre l’ancien président Macky Sall pour haute trahison.


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