Sénégal : le président Faye déterminé à renégocier les contrats pétroliers et gaziers

L’exploitation du pétrole a déjà démarré au Sénégal, mais le nouveau régime promet de renégocier les contrats d’hydrocarbures avec les investisseurs. (Photomontage – Ouestaf News)


Ouestafnews -Le Sénégal va renégocier les contrats de gaz et de pétrole signés sous le régime de l’ancien président Macky Sall. Le successeur de ce dernier, Bassirou Diomaye Faye, l’a réaffirmé lors d’un entretien avec la presse nationale le 13 juillet 2024. 

« Nous allons voir si la loi a été respectée dans les procédures d’attribution et de signature des conventions. Et si ce n’est pas le cas, nous allons les revoir », a indiqué le chef de l’Etat sénégalais lors de sa première conférence de presse depuis sa prise de fonction le 2 avril 2024.

S’il est vrai que des contrats ont été déjà signés par l’ancien régime, le président sénégalais estime néanmoins que « pour la contractualisation, il doit y avoir un bénéfice mutuel » pour les parties prenantes.

Le Sénégal, nouveau producteur d’hydrocarbures, a débuté le 11 juin 2024 l’exploitation du champ pétrolier de Sangomar à travers un consortium formé par la compagnie australienne Woodside Energy et la Société des pétroles du Senegal (Petrosen). Sangomar, situé à 100 km au sud de Dakar, aurait nécessité un investissement de 5 milliards de dollars, selon la partie australienne. Il table sur une production de 100 000 barils/jour dans un premier temps.

Vers la fin de l’année en cours, devraient débuter l’extraction et la commercialisation du gaz de Grand Tortue/Ahmeyim (GTA), un projet sénégalo-mauritanien situé á la frontière maritime entre les deux pays et conduit, entre autres, par la société anglo-néerlandaise British Petroleum (BP), l’américaine Kosmos Energy et Petrosen. Il vise une production annuelle de 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié.

Le Sénégal et la Mauritanie ont demandé un audit du projet gazier Grande Tortue Ahmeyim (GTA) pour connaître les raisons du surcoût constaté sur les dépenses effectuées pour la mise en place de la plateforme, avait indiqué Hamada Bacar, chargé de communication au Comité national mauritanien de l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE).

« Concernant la gestion du gaz, les deux pays ont décelé du côté de la compagnie BP un surcoût qui ne se justifie pas et ont demandé un audit en cours depuis quelques mois », avait soutenu  M. Bacar à la presse en marge de la cérémonie de dissémination du rapport 2022 de l’ITIE à Saint-Louis. Une déclaration rapportée par l’Agence de presse sénégalaise, le 29 avril 2024.

« Il s’agit de vérifier si les entreprises ont effectivement engagé les fonds qu’elles ont déclarés. En cas de déclaration excessive, nous procéderons à des déductions appropriées », a précisé Bassirou Diomaye Faye.

En juillet 2021, le Sénégal et la Mauritanie ont élevé le projet GTA en « projet national d’intérêt stratégique » pour les deux pays lors d’un sommet tenu à Nouakchott entre les présidents Macky Sall et Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani. 

Au niveau international, le principe de renégocier des contrats économiques est une démarche délicate. Perçue comme injuste ou arbitraire, elle peut susciter un climat défavorable aux affaires. Les investisseurs étrangers, soucieux de la stabilité juridique et de la prévisibilité des règles, peuvent être dissuadés de s’engager dans un pays où de telles pratiques sont courantes.

Pour le Sénégal, les risques d’arbitrage et leur durée souvent longue pourraient compliquer les efforts pour rééquilibrer en sa faveur des accords avec les compagnies pétro-gazières. Les clauses de stabilité, conçues pour protéger les investissements étrangers contre les changements législatifs ou fiscaux posent un défi majeur. Mais pour Bassirou Diomaye Faye, le coup reste jouable.

« Des pays frontaliers y sont parvenus, alors pourquoi pas nous ? », se convainc le Président sénégalais. « Le Mali a réussi à renégocier son code pétrolier », en louant les services d’experts sénégalais.

Un parallélisme qui lui offre l’occasion de déplorer le manque de rigueur des équipes de négociation de son prédécesseur.

« Nous aurions pu négocier ces contrats de manière plus avantageuse, comme l’ont fait d’autres pays pour obtenir le maximum de ressources » dans la phase de commercialisation des hydrocarbures, a indiqué le président sénégalais.

Outre les audits des contrats signés et des procédures d’attribution et de signature des conventions avec les compagnies d’hydrocarbures, le chef de l’Etat sénégalais envisage de réformer les codes pétrolier et minier pour mieux protéger les intérêts nationaux tout en maintenant un cadre attractif pour les investissements futurs.

« Le code pétrolier de départ doit offrir de nombreux avantages pour attirer les investisseurs. Cependant, une fois les ressources découvertes, il est nécessaire de le réviser pour protéger les intérêts du Sénégal », a-t-il souligné.

Déterminé, le président Bassirou Diomaye Faye assure d’ores et déjà que la renégociation des accords pétroliers et gaziers sera bénéfique pour le Sénégal. « Vous verrez un grand changement », a-t-il promis.

HD/md


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