Sénégal : les militaires français bientôt chassés du pays ? Cinq points pour comprendre la situation

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Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko remet en question la présence de l’armée Française au Sénégal et menace de fermer les bases militaires de la région. La question du retrait des 350 soldats présents dans le pays fait débat dans la population sénégalaise, préoccupée par les impacts sécuritaires et diplomatiques d’une telle décision.

Ousmane Sonko, Premier ministre sénégalais depuis mars dernier, a évoqué la possibilité de chasser les militaires Français dans le pays, lors d’une conférence tenue jeudi 16 mai à Dakar, en présence de Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France insoumise, soutien constant du nouveau chef du gouvernement sénégalais.

Sonko dénonce le « laxisme » de l’armée Française

Ousmane Sonko a été nommé Premier ministre par le nouveau président Bassirou Diomaye Faye, à l’issue de la campagne présidentielle de 2024. Ce scrutin a eu lieu dans un contexte très tendu, notamment à cause du report du vote et des nombreuses émeutes dans le pays. Cet opposant au précédent président Macky Sall critiquait depuis longtemps le « laxisme » de l’armée française, dénonçant une « sanglante répression contre [son] parti » de la part de la France.

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Retrouver une souveraineté nationale

Le souhait du nouveau Premier ministre de changer radicalement de politique correspond à son ambition de renforcer la souveraineté nationale du Sénégal : « Plus de 60 ans après nos indépendances, nous devons nous interroger sur les raisons pour lesquelles l’armée française bénéficie toujours de plusieurs bases militaires dans nos pays, et sur l’impact de cette présence sur notre souveraineté nationale », a dit Ousmane Sonko.

« Je réitère ici la volonté du Sénégal de disposer de lui-même, laquelle volonté est incompatible avec la présence durable de bases militaires étrangères », a-t-il déclaré lors de la conférence. « On peut avoir des accords de défense sans que cela ne justifie que le tiers de la région de Dakar soit occupé aujourd’hui par des garnisons étrangères ».

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Diplomatie d’Emmanuel Macron critiquée

Un discours vivement critique envers la France, ancienne puissance coloniale, et notamment envers Emmanuel Macron, accusé d’avoir soutenu Macky Sall durant son mandat. « Vous n’avez jamais entendu le gouvernement français dénoncer ce qui s’est passé », a reproché le Premier ministre sénégalais.

Monsieur Sonko a reproché à Emmanuel Macron d’avoir accueilli et « félicité » l’ancien président « au pire moment » de la répression. « C’est une incitation à la persécution et à l’exécution de Sénégalais qui n’avaient commis d’autre crime que d’avoir un projet politique », a-t-il déclaré.

Pas de militaires expulsés… pour l’instant

Malgré la volonté d’Ousmane Sonko de renvoyer les militaires Français, aucune réelle action n’a été effectuée pour l’instant. Le Premier ministre avait précisé lors de sa prise de parole que cette déclaration était avant tout ancrée dans ses convictions. Mais chasser les militaires étrangers n’est cependant pas à l’ordre du jour : « Je m’adresse à vous aujourd’hui non pas comme le Premier ministre mais comme le président de mon parti, les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité ». En clair, l’objectif est de pointer la France du doigt et de flatter un électorat hostile à Paris, sans pour autant faire des promesses difficiles à tenir dans l’immédiat.

La France déjà rejetée ailleurs en Afrique de l’Ouest

Ces déclarations surviennent dans un contexte de rejet massif de la présence militaire française en Afrique de l’Ouest. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger, pays voisins du Sénégal, ont récemment mis fin à leur coopération avec la France, suite à la prise du pouvoir par des juntes militaires. L’armée française était présente depuis des années dans ces pays dans le cadre d’accords de défense visant à lutter contre les groupes djihadistes au Sahel.

La plupart de ces pays se sont tournés vers la Russie pour obtenir un appui en matière de sécurité, et ont également quitté la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour former leur propre alliance.

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