Sénégal : un ancien ministre au cœur d’une polémique à l’université de Dakar | APAnews

Pour l’ancien ministre de Macky Sall, les « règlements de comptes personnels » ne doivent pas avoir de place dans le monde universitaire.

Entre le professeur de droit Ismaila Madior Fall et certains de ses collègues de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) de Dakar, la polémique s’est installée. L’universitaire a servi pendant une décennie aux côtés de l’ancien président Macky Sall (2012-2024), défendant des positions souvent critiquées par une grande partie de l’opinion. Après cette expérience gouvernementale, l’ancien ministre de la Justice s’apprête à retourner à l’Ucad dans des conditions que n’approuve pas le Syndicat unique des enseignants du Sénégal (Sudes).

Dans un communiqué publié lundi, les syndicalistes ont exprimé leur « profonde préoccupation » concernant la « velléité d’affectation » par le recteur de l’Ucad de M. Fall à I’Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN). Si elle venait à se réaliser, cela équivaudrait à une « violation du décret n° 84-1184 du 13 octobre 1984 portant organisation et fonctionnement de l’Institut fondamental d’Afrique noire », ont-ils alerté.

Disant « non au parachutage » du professeur titulaire de droit public, ils soulignent qu’Ismaila Madior Fall « serait beaucoup plus utile à sa faculté d’origine », la Faculté des Sciences juridiques et politiques (FSJP). Le Sudes indique en effet que « d’importantes tâches » d’enseignement et d’encadrement l’attendent « dans un contexte de déficit » de personnels d’enseignant et de recherche et « dans une optique d’optimisation des ressources humaines telle que prônée par les nouvelles autorités ».

En revanche, le professeur Fall a précisé sur les réseaux sociaux qu’il ne s’agissait pas d’un parachutage à l’Ifan tel que décrit par ce syndicat. « J’ai introduit une demande auprès du recteur dont seul un début d’instruction provoque des cris d’orfraie de syndicalistes », a-t-il rectifié, soulignant que le recteur ne peut que soumettre sa demande aux instances délibérantes des deux institutions (Ifan et FSJP) pour avis avant de prendre une décision y relative.

Notant que la « cinquantaine de docteurs et des professeurs agrégés » qu’il a formés assurent de manière remarquable les enseignements à la FSJP, il estime qu’il continuerait de donner « des conférences de méthode et des cours sur des aspects pratiques non abordés par les enseignements théoriques » si sa demande d’intégration à l’Ifan venait d’être acceptée.

A cet effet, il a dénoncé l’ignorance des règles qui régissent le statut des enseignants-chercheurs et la « mauvaise foi » de ses pourfendeurs. « C’est une profanation des traditions universitaires et de la décence de ruer dans les brancards et de crier sur la place publique un avis d’opposition qu’on peut sereinement donner dans les instances appropriées. Respectons les usages et la liberté académiques. Les règlements de comptes personnels n’ont pas droit de cité à l’Université », a-t-il fustigé.

ODL/ac/APA

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