Sénégal : une aubaine pétrolifère à ne pas gâcher

  • Damien Glez


    Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Publié le 13 juillet 2024

Lecture : 2 minutes.

Alors que le monde plaide pour une diminution du recours aux énergies fossiles, de nouveaux acteurs africains émergent sur la scène mondiale et entament la mise en production de leurs gisements de pétrole. Présent sur le marché depuis 2011, le Niger vient de créer sa propre école de pétrole et de gaz. La compagnie pétrolière franco-britannique Perenco a récemment révélé une découverte pétrolière offshore en République démocratique du Congo (RDC). Quant à la Côte d’Ivoire, elle prévoit de tripler sa production de pétrole d’ici à 2027…

En annonçant, le 11 juin, le début de l’extraction de pétrole en eaux profondes du champ de Sangomar par la compagnie australienne Woodside Energy, le Sénégal vient d’entrer à son tour dans le cercle des pays producteurs d’hydrocarbures. Le pays de la Teranga vise une production de 100 000 barils par jour, pour un gain national d’un milliard d’euros par an sur trente ans.


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La malédiction de l’or noir

Un projet de 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an devrait suivre : celui de Grand Tortue Ahmeyim (GTA), à la frontière avec la Mauritanie, en collaboration avec l’américain Kosmos Energy, la Société mauritanienne des hydrocarbures (SMH) et le sénégalais Petrosen.

Le gisement Grand Tortue Ahmeyim recèlerait des réserves de 25 000 milliards de pieds cubes de gaz. © BP

Sénégal – Mauritanie : le projet gazier Grand Tortue Ahmeyim franchit un jalon décisif

Ces perspectives sont une aubaine pour un régime « de rupture », même si l’apparition d’une telle manne a souvent été considérée comme une malédiction. Dans bien des pays, la richesse naturelle a conduit des régimes à détourner les bénéfices financiers de l’amélioration des conditions sociales, soit par la tentation de la corruption, soit par le goût immodéré des équipements militaires. Or, ces pays « chanceux » – souvent confrontés à des pénuries de carburant – deviennent bien souvent la cible de la prédation internationale…

Radicalité contrôlée

Attendu au tournant des promesses antisystèmes et souverainistes de la récente campagne présidentielle, le pouvoir sénégalais de l’attelage Bassirou Diomaye Faye-Ousmane Sonko affirme que la production de pétrole servira en partie à la consommation domestique et qu’elle permettra une transformation accélérée de l’économie, dans une radicalité politique subtile.

Dakar (ici le port, en 2021) a importé plus de 500 000 tonnes métriques de fioul au cours de deux premiers mois de 2024. © ISA HARSIN/SIPA.

Le Sénégal carbure au pétrole russe en attendant son propre or noir

Dakar n’ignore pas le feuilleton rocambolesque qui compromet, du côté du Bénin, le plein bénéfice de la production nigérienne d’hydrocarbures. Après un audit programmé, le nouveau régime sénégalais évoque une renégociation des accords pétroliers et gaziers, de même que des contrats miniers ou de pêche signés par les anciennes administrations.


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