Sénégal : Vers l’autosuffisance laitière avec l’importation de plus de 1 300 bovins européens – VivAfrik

Le Sénégal, malgré une dépense annuelle de 70 milliards de francs CFA pour l’importation de lait, se fixe un objectif ambitieux : atteindre l’autosuffisance laitière. Chaque année, le pays importe environ 400 millions de litres de lait, en grande partie sous forme de lait en poudre. Afin de réduire cette dépendance et de promouvoir la production locale, le gouvernement sénégalais a lancé un projet de renforcement du secteur laitier en accueillant, le 24 février 2025, un envoi de 1 300 bovins venus d’Europe, marquant la sixième opération du genre.

Ces bovins importés comprennent principalement des génisses gestantes, mais également des taureaux et des reproductrices. Cette initiative vise à encourager le développement d’une filière laitière locale durable. Les animaux ont été officiellement remis au ministre de l’Agriculture lors d’une cérémonie, avant d’être répartis dans diverses exploitations agricoles à travers le pays.

Le projet vise à encourager l’élevage de races laitières européennes adaptées au climat et aux conditions locales, tout en insistant sur l’importance de l’amélioration génétique pour renforcer la productivité des élevages sénégalais. Selon Oumar Fall, secrétaire général de l’Association nationale pour l’intensification de la production laitière (ANIPL), « nous avons des zones propices à l’élevage extensif, où ces animaux européens pourront s’épanouir sans souffrir. L’objectif est d’aller vite en créant des élevages performants. Cependant, l’essentiel du travail consistera à améliorer génétiquement nos propres animaux par des croisements ».

Un projet qui divise :

Malgré les efforts du gouvernement et de l’ANIPL, cette initiative a suscité des réactions partagées parmi les éleveurs sénégalais. Mamadou Ba, superviseur du pôle Ouest de l’Association pour la promotion de l’élevage au Sahel et en Savane (APESS), critique ce projet, estimant qu’il est destiné à une élite et non aux éleveurs traditionnels. « Ce projet vise une élite, des personnes intéressées par l’agrobusiness, mais la majorité des éleveurs n’a même pas les moyens d’acquérir une vache, car une génisse peut coûter entre 1,5 et 2 millions de francs CFA, ce qui est hors de portée pour de nombreux éleveurs », explique-t-il.

Malgré ces préoccupations, l’ANIPL affirme que le projet a déjà permis à plusieurs centaines d’élevages d’émerger, et qu’il est une étape essentielle vers l’amélioration de la production laitière au Sénégal.

Depuis 2017, le Sénégal a importé un total de 6 732 génisses de races laitières européennes pour un coût global de 13 milliards de francs CFA. Cette initiative fait partie d’une série de mesures destinées à moderniser et intensifier la production laitière nationale, avec l’espoir de réduire à terme les importations de lait en poudre et d’atteindre une autosuffisance durable.

Moctar FICOU / VivAfrik

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