Sur les réseaux sociaux, les hommages se multiplient. La tristesse est palpable. Dominique Degli Esposti, artiste aux multiples facettes laisse, suite à l’annonce de son décès, un grand vide dans le monde de la culture et au-delà.
Cet homme discret a toujours préféré laisser parler ses œuvres à sa place. Issu d’une famille italienne qui avait fui le fascisme et la misère, Dominique Degli Esposti est né en 1946 à Venzolasca. Il passe son enfance dans le village voisin, Castellare-di-Casinca, avant de rejoindre Bastia pour ses études.
C’est là, au lycée, au sein de la section artistique, que Dominique Degli Esposti commence à peindre et s’initie à la mise en scène. Son professeur, le peintre José Lorenzi, lui transmet sa passion pour cet art et pour son métier puisque Dominique Degli Esposti décide de rejoindre Paris afin de se former pour devenir, lui aussi, professeur d’arts plastiques. Très vite, il fréquente les milieux artistiques de la capitale. Il devient le complice de Françoise Sagan et passe beaucoup de temps au théâtre de la Huchette, dans le 5e arrondissement.
De Cannes à Venise
C’est pourtant en Corse, sur la plage de Nonza, qu’il décide de tourner Brusgiature (Brûlures). On est en 1972, le pari est fou, l’homme le relève, entouré d’une équipe de bénévoles, dont son grand ami Michel Rossi. » Ce film est comme une chanson populaire, ça parle d’amour et de désir » précisait Dominique Degli Esposti à propos de son long-métrage né en plein Riacquistu. Brusgiature est aussi un des premiers films dans lequel les comédiens parlent corse. Des problèmes de montage ou encore de musique repoussent sa sortie. Heureusement, le réalisateur rencontre le compositeur Maurice Fleuret qui l’aide à finir le film. Ce dernier est enfin présenté au public, en 1983, au festivale di u filmu e di e culture mediterranie (ancêtre d’Arte Mare). La même année, Dominique Degli Esposti est fait chevalier dans l’Ordre national des Arts et des Lettres.
Brusgiature obtient le prix du conseil international pour le cinéma et la télévision (Unesco) avant d’être sélectionné au Festival de Cannes dans la section Perspectives du cinéma français. Avec son ami Maurice Fleuret qui est également un des initiateurs de la Fête de la musique, il lance un autre projet fou, dans toute l’île : les » Paese in luce » ou » Mises en fêtes « , des œuvres collaboratives autour de la musique et de la photo avec la participation de la population des villages.
Dans le même temps, son travail photographique commence à être exposé, en Corse mais aussi en Sardaigne et, en 2012, à la Biennale de Venise. Avec toujours cette discrétion et cette humilité qui le caractérisait, il répétait : » Je n’ai pas besoin de tout ça. J’aime créer mais j’ai été professeur, ça me suffit pour vivre. « Quand il a appris qu’il avait à affronter une longue maladie, Dominique Degli Esposti a aussi ajouté : » Seul le silence est grand, tout le reste n’est que faiblesse. « C’est un silence assourdissant que l’artiste laisse aujourd’hui derrière lui.
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