Société. Malgré les réseaux sociaux, les jeunes souffrent eux aussi de la solitude

Dans notre monde hyperconnecté, parler de solitude semble être un paradoxe. Pourtant, elle touche de nombreux Français. Selon une étude réalisée en janvier par l’Ifop/Flashs pour Goodflair, plus de quatre personnes sur dix (44 %) se sentent souvent seules, et près d’une sur cinq (18 %) indique que c’est le cas tous les jours ou presque.

Une solitude accentuée par les confinements

Plus étonnant, la solitude, perçue comme un mal-être touchant les personnes âgées, est plus fortement ressentie chez les jeunes (62 % des 18-24 ans contre 37 % chez les plus de 65 ans). Un constat que partagent certains de nos lecteurs que nous avons interrogé sur le sujet. Malgré une vie sociale plutôt active, Océane, Alsacienne de 24 ans, ressent parfois des grands moments de solitude. « L’entrée dans la vie active a été un grand chamboulement. Moins de temps, l’éloignement avec mes groupes d’amis et la difficulté à nouer de nouveaux liens me font parfois sentir seule, même si je suis pourtant plutôt occupée », raconte-t-elle.

Pour Marie, 31 ans, la période Covid a changé beaucoup de choses dans ses relations sociales. « J’avais l’habitude de sortir de temps en temps, mais les confinements successifs ont ralenti ma vie sociale, qui n’a jamais totalement repris. Malgré les réseaux sociaux, certains liens se sont distendus », remarque-t-elle. La sociabilité des jeunes a été fortement impactée par l’épidémie de Covid-19 et a renforcé la numérisation des liens sociaux.

La limite des réseaux sociaux

« Les liens sociaux numériques permettent d’entretenir des anciennes relations ou relations actuelles, de près ou de loin, de façon plus ou moins active. Ils sont importants, mais ne remplacent pas les liens physiques. On l’a par exemple vu pendant les périodes de confinement. Le lien numérique était important mais ne comblait pas tout », confirme Sandra Hoibian, docteure en sociologie et directrice du Credoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie).

Toujours selon le sondage Ifop, la solitude est particulièrement ressentie chez les femmes : 48 % ressentent régulièrement un sentiment de solitude, contre 40 % des hommes. Cet état d’isolement pèse aussi fortement chez les personnes en situation de précarité. Elles sont 49 % à la ressentir (contre 32 % chez les plus aisés).

La solitude n’est pas uniquement liée au nombre de personnes qui nous entoure, ni même à nos activités ou notre profession, mais surtout à la qualité des relations que nous entretenons. « Les liens sociaux peuvent avoir différentes échelles : vous pouvez être très entourés, mais sur combien de personnes pouvez-vous vraiment compter ? », questionne la sociologue.

Une solitude de plus en plus assumée

Pour autant, loin d’être un fardeau, la solitude est pour la majorité des Français un état qu’ils peuvent apprécier : 58 % disent en effet qu’il leur arrive de la rechercher. Marie a par exemple appris à apprécier des moments seule. « Avant, je n’aurais jamais osé aller au cinéma toute seule. Aujourd’hui, je n’imagine plus y aller avec quelqu’un ! C’est un moment pour moi », confie-t-elle.

« Nous sommes dans une société qui donne de plus en plus de place à l’individu. On n’a plus forcément besoin de l’autre pour aller faire des activités », complète Sandra Hiobian, qui rappelle qu’aujourd’hui, « il y a un tiers de foyer de personnes seules. C’est un mode de vie qui va se répandre de plus en plus. On a des foyers de plus en plus petit, de plus en plus de périodes de célibat. Aujourd’hui, il y a tout un tas de phénomènes qui font qu’on peut être amené à faire plus d’activités seul. » Selon l’étude Ifop, faire une balade est l’activité à faire en solitaire la plus plébiscitée (65 % des Français), suivie du restaurant (38 %) et du cinéma (33 %).

Pour combattre la solitude, d’autres adoptent un chien ou un chat. La présence d’un animal de compagnie est pour 45 % d’entre eux plus réconfortante que les interactions humaines.

Colette, lectrice de Gap, nous livre sa routine pour ne pas se sentir seule, loin des écrans : « Faire des activités bénévoles, culturelles et sportives, seule ou en groupe. Et mon goût marqué pour la rêverie et la méditation me sauve sans doute de ce mal-être… »

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