Elle s’appelait Hyliana. La jeune fille de 14 ans, scolarisée au collège de Bebel à Sainte-Rose, a été retrouvée sans vie à son domicile mercredi soir. Selon les premiers éléments de l’enquête, l’adolescente se serait donné la mort. Un drame sur fond de harcèlement scolaire qui interroge. Le père d’Hyliana a accepté de se confier.
Les questions sont nombreuses, après le décès d’Hyliana, scolarisée au collège de Bebel, à Sainte-Rose.
Selon les premiers éléments recueillis, l’adolescente de 14 ans se serait suicidée, au domicile de ses parents, à La Ramée, mercredi (12 mars 2025).
Dans la commune, comme dans son établissement, le choc de la nouvelle a laissé place à la tristesse. Ce matin, au collège, plusieurs élèves étaient vêtus d’un jean noir, en sa mémoire. Et à la question : Hyliana était-elle harcelée ? Ils sont nombreux à avoir répondu par l’affirmative. Certains parlent de rumeurs lancées sur elle, d’une brouille avec une ancienne amie, de critiques…
C’est aussi ce que pense Frédéric, le père d’Hyliana.
Il se souvient de son « bras droit » comme il aimait l’appeler, sa fille qui adorait les animaux. Il n’hésite pas à raconter une anecdote : après avoir repéré une poule malade, l’adolescente l’avait ramené à la maison, en la cachant dans un sac afin de la soigner et la remettre sur pied. « Elle avait l’amour pour ça » raconte Frédéric. Hyliana voulait devenir vétérinaire.
Au-delà de la douleur, incommensurable, la colère du père de famille s’exprime. Il le clame haut et fort, sa fille subissait des brimades, insultes et autres méchancetés au sein de son établissement scolaire.
Fréquemment, on lui disait qu’elle était grosse, qu’elle était laide… Des tirages de cheveux, souvent. […] En 6e, elle a subi. En 5e, elle a subi…
Frédéric, père d’Hyliana
Il se demande aujourd’hui si cette dispute avec une camarade, qu’il considérait comme une simple querelle passagère entre enfants n’était pas plus. « Avec un grand regret aujourd’hui. » Il avait tout de même été au collège pour en parler avec la direction. Aujourd’hui, pour Frédéric, tout prend un autre sens.
Mais surtout, il regarde en direction de l’encadrement du collège.
Bonne élève, les notes d’Hyliana avaient chuté au premier trimestre « et ce n’était pas son habitude » explique son père. Il estime qu’il y a eu « des manquements« .
« On (la famille) a pu constater qu’il y avait un mal-être« . L’homme refuse de penser que le personnel éducatif n’était pas au courant. « On me fait croire et comprendre aujourd’hui que ce n’était pas le cas parce qu’il y a eu des progrès par la suite » dit-il.
La plus grosse erreur, du côté de l’établissement, c’est d’avoir dit à ma fille des paroles. On lui a dit qu’elle était toujours en train de chialer, à se plaindre. Et aujourd’hui, ils ne veulent pas prendre cette responsabilité-là. […] Aujourd’hui, ils veulent faire comprendre et croire qu’ils n’ont rien vu, qu’ils ne savent pas. Pour moi, c’est faux.
Frédéric n’en démord pas, sa fille était en souffrance. Elle en avait parlé, à demi-mot.
Un père en colère… D’autant plus que la situation avait été entendue par l’ancien principal de l’établissement qui avait reçu les parents. Avec eux, il avait tenté de trouver des solutions, raconte Frédéric. « Mais cette année-ci, ça a été le silence » regrette-t-il. Récemment, le père de famille avait sollicité un rendez-vous auprès du CPE (conseiller principal d’éducation). Un rendez-vous qui n’a finalement pas eu lieu.
La question reste posée : la direction actuelle du collège était-elle au courant ? Si oui, le Rectorat a-t-il été prévenu ? Sollicités, pour l’heure, ni la cheffe d’établissement, ni le Rectorat n’ont souhaité s’exprimer.
Une enquête portant sur les raisons de ce suicide a été confiée à la brigade de Sainte-Rose.
Les parents d’Hyliana se disent déterminés à « faire ce qu’il y a à faire » pour leur fille. Mais maintenant, c’est le temps du deuil, déclare Frédéric.
Elle a voulu garder le silence. Elle a préféré le faire en silence. Je pense qu’avec les recherches, il y aura une suite et on va confirmer que c’était du harcèlement.
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