Soudan : 56 morts en 48h dans des attaques imputées aux paramilitaires au Darfour

Au moins 56 civils ont été tués en deux jours lors d’attaques imputées aux paramilitaires dans une ville du Darfour reprise à l’armée, Um Kadadah, dans l’ouest du Soudan, a déclaré dimanche un comité de résistance local.

« Après que les milices ont pris le contrôle de la ville d’Um Kadadah, elles ont procédé à l’exécution des citoyens au nombre de 56 », a écrit le groupe pro-démocratie, qui coordonne l’aide humanitaire locale.

Les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), en guerre contre l’armée, ont annoncé jeudi avoir repris le contrôle de cette localité située à environ 180 kilomètres à l’est d’El-Facher, capitale de l’Etat du Darfour du Nord.

Dimanche, le gouverneur du Darfour et chef du mouvement de l’Armée de Libération du Soudan (ALS-MM), Mini Minawi, dont les forces combattent les FSR avec l’armée, a déclaré que depuis vendredi, « 450 personnes ont été tuées à El-Facher et ses environs » par les paramilitaires.

Dans sa prière dominicale de l’Angélus à Rome, transmise par le Vatican, le pape François a appelé à la paix dans le monde, avec une pensée particulière pour le Soudan, pays majoritairement musulman.

Il a rappelé que « le 15 avril marquera le deuxième triste anniversaire du début du conflit au Soudan, qui a fait des milliers de morts et contraint des millions de familles à fuir leur foyer ».

La guerre pour le contrôle du pouvoir a éclaté le 15 avril 2023 et oppose le général Abdel Fattah al-Burhane, le chef de l’armée, et son ancien adjoint, Mohamed Hamdane Daglo, chef des paramilitaires.

Le comité local d’El-Facher a partagé dimanche une liste des personnes tuées, parmi lesquelles le directeur de l’hôpital de la ville.

Les militants ont accusé par ailleurs les FSR de « violations généralisées » et « des déplacements forcés », faisant état de 14 personnes portées disparues.

Tous les réseaux de télécommunications ont également été coupés, ont-ils ajouté.

La bataille d’El-Facher

Le conflit, qui déchire le Soudan, a fait des dizaines de milliers de morts, déraciné plus de 12 millions d’habitants et provoqué la pire crise humanitaire récente, selon l’ONU et l’Union africaine.

L’armée contrôle le nord et l’est du Soudan, tandis que les FSR dominent une partie du sud et la quasi-totalité de la vaste région du Darfour, dans l’ouest.

Après la reprise par l’armée de la capitale Khartoum le mois dernier, les FSR ont intensifié les combats en direction d’El-Facher qu’ils assiègent depuis mai 2024.

Cette ville d’environ deux millions d’habitants est la dernière capitale provinciale du Darfour encore tenue par l’armée.

Samedi, l’ONU avait indiqué craindre plus de 100 morts dans d’autres attaques des paramilitaires lancées vendredi sur El-Facher et les camps de déplacés voisins de Zamzam et Abou Chouk.

Les premiers bilans du comité de résistance ont fait état vendredi de 25 morts à Zamzam et de 32 à El-Facher, tandis que l’armée a rapporté respectivement 74 et 17 victimes.

Des militants ont déclaré vendredi que l’ampleur réelle des dégâts à Zamzam restait difficile à évaluer en raison de problèmes de communication et d’Internet.

Dimanche encore, ces camps de déplacés « sont visés par les bombardements et attaqués par des véhicules de combat des FSR », a indiqué à l’AFP Adam Rajal, porte-parole de la Coordination des déplacés et réfugiés au Darfour.

Il a également confirmé la reprise des combats à l’intérieur d’El-Facher.

Les FSR et l’armée ont toutes deux été accusées d’atrocités, et leurs dirigeants sont sous le coup de sanctions américaines.

En janvier 2025, Washington a formellement accusé les FSR de « génocide » au Darfour, région de désert, frontalière du Tchad et aussi vaste que la France.

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