Soudan : des fillettes âgées de sept ans violées, des filles de 12 ans mariées de force

Les abus sexuels dans ce pays d’Afrique du nord-est ne sont pas fortuits : ils sont systématiques, généralisés et utilisés « comme une arme de guerre », souligne la Mission internationale indépendante d’établissement des faits des Nations Unies pour le Soudan.

Cette mission mandatée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU indique avoir recensé un « nombre stupéfiant de cas d’agressions sexuelles », tout en précisant que « la véritable ampleur de ces atrocités reste occultée par la peur, la stigmatisation et l’impunité ».

Si la plupart des cas de violence sexuelle sont attribués aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) et aux milices alliées, les enquêteurs onusiens ont également recensé des cas impliquant les Forces armées soudanaises (FAS) et leurs alliés.

Mariages d’enfants et mariages forcés

En début de semaine, l’Unicef avait déjà accusé des combattants soudanais d’avoir violé des bébés d’à peine un an au cours de la guerre civile qui continue de déchirer le pays. Des crimes qui devraient « choquer tout un chacun aux tréfonds de son âme ».

Depuis début 2024, 221 cas de viols d’enfants ont été enregistrés, pour deux tiers des filles. Seize enfants avaient moins de 5 ans dont quatre à peine un an, selon l’Unicef.

Les victimes et leur famille sont souvent réticentes ou incapables de se manifester, craignant la stigmatisation, le rejet, les représailles des groupes armés, les atteintes à la confidentialité ou l’accusation de collaboration avec un groupe armé.

Outre ces abus sexuels, la Mission a aussi reçu des rapports très inquiétants impliquant notamment des membres des FSR engagés dans des mariages forcés de filles âgées de 12 ans seulement. Ces actes se produisent sous une contrainte extrême, les parents étant sous la menace d’une arme ou se sentant obligés de marier leurs filles pour éviter qu’elles ne soient violées.

« Certains de ces actes s’accompagnent de violences graves pouvant aller jusqu’à la mort », a fustigé la Mission, soulignant que ces prétendus mariages brisent la vie des femmes et des jeunes filles.

« Outre les douleurs et traumatismes physiques et psychologiques graves, la privation de droits fondamentaux tels que l’éducation et l’autonomie personnelle les a enfermées dans un cycle de pauvreté et d’abus ».

Des abris surpeuplés offrent peu ou pas de protection contre les violences sexuelles

Depuis avril 2023, le Soudan est pris dans un conflit brutal entre le chef de l’armée Abdel Fattah al-Burhan et son ancien adjoint Mohamed Hamdan Daglo, qui dirige les Forces de soutien rapide (FSR).

Les combats, les attaques contre les civils et les hôpitaux, les déplacements forcés et la famine dans certaines régions font du Soudan la plus grande catastrophe humanitaire au monde, selon l’ONU. Souvent les hommes en armes forcent les familles à livrer leurs filles et les violent devant leurs proches, selon des rapports de l’ONU.

Plus de 11 millions de civils ont été déplacés à l’intérieur du pays et près de trois millions de réfugiés ont fui le Soudan. Les chiffres des Nations unies montrent que l’écrasante majorité des personnes déplacées sont des femmes et des enfants.

Forcés de fuir leurs maisons sans rien, les camps de réfugiés et les abris restent surpeuplés et peu sûrs, offrent peu ou pas de protection contre les violences sexuelles et sexistes.

« La situation est particulièrement grave le long des frontières du Soudan, où des milliers de personnes sont bloquées dans des conditions désespérées, sans aucune garantie de sécurité ou d’assistance ».

Vulnérabilité économique

Par ailleurs, le conflit a intensifié la marginalisation des femmes, les privant de leur indépendance financière et de leurs moyens de subsistance et les plongeant dans une extrême insécurité économique, en particulier celles qui ont été déplacées.

La destruction généralisée des marchés, le pillage endémique des entreprises et la dévastation des zones agricoles ont privé d’innombrables femmes de leur principale source de revenus, les enfonçant encore plus dans la pauvreté. « Avec un accès très limité aux ressources et aux services de base, beaucoup d’entre elles sont davantage exposées à l’exploitation et aux abus sexuels ».

A l’occasion de la Journée internationale des femmes samedi, la Mission appelle à stopper ces abus et à préserver les preuves afin de poursuivre les auteurs de ces atrocités.

Elle plaide également pour plus de coopération avec la Cour pénale internationale (CPI) afin d’étendre sa juridiction à l’ensemble du territoire du Soudan, ainsi qu’établir un mécanisme judiciaire international distinct travaillant en tandem et en complémentarité avec la CPI. 

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