Le Soudan du Sud est l’un des cinq pays au monde les plus vulnérables face au changement climatique, selon l’ONU. Depuis quatre ans, le pays se bat contre des inondations catastrophiques et des niveaux anormalement élevés dans le bassin du Lac Victoria, provoqués par des pluies torrentielles. La situation est très difficile à Bentiu, la capitale de l’État d’Unité, au nord du pays. Les habitants des villages alentours se sont réfugiés derrière des digues construites avec l’aide de l’ONU.
Avec notre correspondante de retour de Bentiu,
De l’eau jusqu’aux genoux, Nyanhial Luoy, 48 ans, se courbe pour ramasser des plantes dans l’eau stagnante près de Bentiu. Comme des dizaines de milliers d’autres déplacés, elle a tout perdu, et survit en mangeant du poisson et des nénuphars.
« Les inondations sont arrivées pendant la nuit. Je me suis réveillée et j’ai découvert que l’eau était déjà dans la maison. Nous sommes partis en catastrophe avec mes dix enfants, mais la route entre notre village et Bentiu était sous l’eau. Sans bateau, nous n’avons rien pu emmener, même pas nos chèvres. Nous avons marché dans l’eau, c’était dangereux à cause des serpents. Nous avons eu beaucoup de mal à arriver ici. Il nous a fallu une semaine », déplore-t-elle.
Sur la digue de l’immense camp de déplacés accolé à la base de l’ONU, des canoës accostent et déchargent leur marchandise. L’eau a recouvert la forêt, tout autour, à perte de vue.
235 000 déplacés à cause des inondations
Makuei Kong, 40 ans, employé de l’ONG sud-soudanaise Coalition for Humanity, ne peut que constater les dégâts. « Les vaches sont mortes ! À cause des inondations, il n’y a plus d’herbe, il n’y a plus que de l’eau. Sans pâturages, les animaux ne peuvent que mourir de faim ! »
Son père lui a raconté l’histoire des inondations qui ont frappé la région dans les années 1960. « Celles-ci sont bien pires ! Nous n’avons jamais fait l’expérience de telles inondations, avec des eaux aussi profondes. Elles ont tout détruit. Si vous demandez aux anciens, ils vous le diront : ces inondations sont énormes et seul Dieu sait quand la situation va s’améliorer », constate Makuei Kong.
Une centaine de kilomètres de digues ont été érigés pour protéger de l’eau, pas moins de 235 000 déplacés. Des travaux de maintenance sont en cours, là où le niveau de l’eau est visiblement plus élevé que celui de la terre.
Le major Saad Sultan supervise les opérations du contingent d’ingénieurs pakistanais de la Minuss, la Mission des Nations unies au Soudan du Sud. « Nous avons été préventifs tout au long de la saison des pluies et nous avons constamment réparé les digues. C’est pour cela que nous n’avons pas eu de brèche et que nous avons pu conserver cette route, qui est la seule disponible. »
Mais c’est une lutte continue qui n’est pas près de se terminer, puisqu’on attend une nouvelle montée des eaux au Soudan du Sud en milieu d’année prochaine.
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