Selon les experts indépendants de l’ONU, les droits de l’homme doivent guider l’achèvement de la transition à Djouba.
Au terme de leur douzième visite dans ce pays (12 -17 février 2024), les experts de la Commission de l’ONU se sont rendus dans la région administrative du Grand Pibor et dans l’État de Jonglei où « des femmes et des enfants continuent d’être enlevés lors de violentes attaques caractère ethniques menées par des milices lourdement armées ».
De nombreuses personnes enlevées sont retenues en otage, soumises à un mariage forcé et subissent des abus brutaux, des viols et de l’esclavage sexuel.
Rançons
L’année dernière, certaines femmes et certains enfants enlevés ont été exposés comme des marchandises sur un marché et vendus. La Commission a interrogé des femmes qui étaient en captivité depuis plus de quatre ans, séparées de leur famille et de leurs enfants.
Selon les enquêteurs onusiens, un système de justice pénale dysfonctionnel permet aux auteurs de ces crimes d’agir en toute impunité. Les rançons négociées par les autorités et versées aux ravisseurs ne dissuadent pas les auteurs de ces crimes ; au contraire, elles incitent à de nouveaux enlèvements.
« Les victimes et les membres de leur famille nous ont dit qu’ils étaient traumatisés par les enlèvements et désabusés par le manque de soutien pour retrouver leurs proches disparus ou retenus en otage », a déclaré l’un d’un des trois membres de la Commission, Carlos Castresana Fernández, déplorant le sort d’une « population sans défense face aux auteurs de violations des droits de l’homme » et l’urgence « de mettre en place un arbitre indépendant capable de résoudre pacifiquement les éventuels différends électoraux ».
Impunité
Plus largement, les enquêtes de la Commission ont révélé que la violence et les violations flagrantes des droits de l’homme se poursuivent en toute impunité, les femmes et les enfants étant les principales cibles de ces crimes.
« Il est essentiel de mettre en place des dispositifs de sécurité essentiels et un système judiciaire indépendant soutenu par les processus constitutionnels prévus dans le cadre de l’accord revitalisé, afin d’éviter un retour au conflit après les élections », a affirmé Yasmin Sooka, Présidente de la Commission, plaidant pour la mise en place pour « une armée nationale unifiée et des processus de justice transitionnelle pour faire face au passé et aux causes profondes du conflit ».
Pour les enquêteurs onusiens, les dirigeants sud-soudanais doivent gérer avec soin la conclusion de la transition politique du pays afin de parvenir à une paix durable et de prévenir la violence et les violations flagrantes des droits de l’homme.
Ces processus prévus par l’Accord revitalisé de 2018 jettent les bases d’une paix durable et de la protection des droits de l’homme, mais aucun n’est encore sur le point d’être achevé, même si les dispositions transitoires se terminent après les élections prévues en décembre 2024.
La Commission présentera, le 1er mars prochain, son prochain rapport sur la situation des droits de l’homme au Soudan du Sud lors de la 55e session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève (26 février-5 avril 2024).
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