Soudan du Sud: les évêques déplorent le manque de préparation aux élections de décembre

Les évêques catholiques du Soudan du Sud ont déploré le manque de préparation des prochaines élections générales, qui devraient se dérouler en décembre 2024, condamnant également les luttes de pouvoir entre différentes formations politiques qui «travaillent pour leurs propres intérêts et non pour le bien de la nation et celui du peuple».

Vatican News

Dans un communiqué publié le 29 juin 2024, à l’issue de leur réunion en tant que Province ecclésiastique du Soudan du Sud tenue du 27 au 29 juin, les évêques catholiques du pays ont déclaré que, «comme tous les Sud-Soudanais, nous attendons avec espoir le jour où des élections libres et équitables pourront avoir lieu dans notre pays. Pour l’instant, nous sommes déçus par le manque de préparation du gouvernement».

Un environnement incertain pour des élections libres et équitables

Les évêques ont également critiqué le gouvernement pour ne pas avoir créé un environnement sûr et propice à la tenue des élections libres et équitables, citant également l’insécurité et les inondations dans diverses régions du pays, ce qui pourrait limiter la capacité des gens à participer au vote. «Une élection n’est pas un événement isolé, c’est tout un processus qui dure dans le temps. Cela implique de nombreux éléments, notamment la création d’une commission électorale indépendante, la délimitation des circonscriptions, l’inscription des électeurs, les partis politiques et les candidats, la formation des fonctionnaires électoraux, l’éducation civique, la logistique du vote dans notre vaste territoire, qui a une infrastructure et des communications médiocres, la sécurité, et un environnement pacifique propice au vote», ont déploré les prélats.

Les élections font partie des conditions de l’accord R-ARCSS

Les prélats des sept diocèses du sud-soudanais ont réitéré que les élections de décembre «ne sont pas seulement des élections ordinaires». Il s’agit de mettre en œuvre l’Accord sur la résolution du conflit en République du Soudan du Sud (R-ARCSS), finalisé en septembre 2018 et qui a tenté de mettre fin au conflit violent dans le pays, et inauguré une «période de transition» qui conduirait à des élections en 2024. «Cette élection fait effectivement partie du R-ARCSS, un accord de paix signé par la plupart des parties à la guerre civile de 2013. En fait, l’élection constitue la dernière étape de l’accord, le point culminant qui n’a lieu qu’après que toutes les autres parties du R-ARCSS aient été remplies et que le mandat du R-ARCSS se termine officiellement», ont noté les évêques, ajoutant qu’«il s’agit notamment de la constitution permanente, de la réforme du secteur de la sécurité, de la justice transitionnelle, de la réconciliation et d’autres éléments. La plupart de ces éléments n’ont pas été remplis, il est donc difficile de voir comment le dernier élément peut être légitimement mis en œuvre sans mettre en œuvre tous les autres».

Les prélats ont noté que certains partis veulent les élections, tandis que d’autres sont réticents. Conscients de cette impasse, ils ont exhorté les dirigeants politiques à profiter de l’Initiative Tumaini, accueillie au Kenya par le président William Ruto, une extension de l’initiative catholique basée à Rome dirigée par Sant’Egidio, qui rassemble les signataires et les non-signataires de l’ARCSS pour chercher une voie à suivre. «Nous appelons toutes les parties à mettre de côté leurs différences et à travailler ensemble pour le bien du peuple. Nous soutenons donc les objectifs de l’Initiative Tumaini. Toute solution doit être basée, non pas sur le partage du pouvoir entre les élites, mais sur la constitutionnalité, la bonne gouvernance et l’État de droit», ont déclaré les évêques.

Dialoguer et éviter la violence

«Le gouvernement et les autres parties doivent négocier. Quoi qu’il arrive, ils doivent dialoguer et éviter des paroles et des actions qui contribuent à la violence». Les évêques appellent également le peuple au calme et à la patience pendant cette période, et la communauté internationale à soutenir ce processus. Ils affirment que si le R-ARCSS a mené des affrontements à grande échelle entre les principaux groupes armés, c’est parce que l’accord n’a pas réussi à s’attaquer aux causes profondes des conflits dans le pays, «qui comprennent, entre autres, l’absence d’un gouvernement constitutionnel, le népotisme, la corruption, les conflits fonciers et l’échec de la bonne gouvernance et de l’État de droit».

Un dialogue national inclusif au Soudan du Sud

«L’accord», ont expliqué les prélats, «a fourni un répit mais ne résout pas à lui seul les conflits. Nous pensons que la nation doit regarder au-delà du R-ARCSS et des élections, dépasser les luttes de pouvoir entre les différents partis et factions, et initier un véritable dialogue national au«Soudan du Sud que nous voulons», un dialogue à l’écoute de toutes les voix, en particulier les communautés religieuses, la société civile, les chefs traditionnels et les anciens, les femmes et les jeunes. «Nous restons convaincus que l’armée ne devrait pas avoir sa place au gouvernement, ni au Soudan ni au Soudan du Sud, et c’est pourquoi nous mettons en garde contre les accords de partage du pouvoir quasi militaires, qui ne sont pas seulement une mesure temporaire à court terme et qui conduisent à un véritable gouvernement civil», ont conclu les évêques.

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