À cause du changement climatique, le Soudan du Sud connaît des inondations catastrophiques. C’est le cas à Bentiu, la capitale de l’État d’Unité, au nord du pays, qui abrite pas moins de 230 000 déplacés ayant perdu tout ce dont ils dépendaient pour leur subsistance. Mais ces inondations ont apporté avec elles une nouvelle ressource en abondance, le poisson. Et toute une petite économie se développe autour de la pêche.
De notre correspondante de retour de Bentiu,
La longue digue qui protège le camp de déplacés, accolé à la base de l’ONU à Bentiu, sert d’embarcadère pour les canoës. Elle accueille plusieurs petits marchés aux poissons.
Mary Nyapar, 30 ans, vendeuse de tresses de poisson séché, fait partie d’un groupe de femmes qui se sont organisées ensemble pour faire ce commerce : « C’est notre propre initiative, on a réussi à mettre chacune un peu d’argent dans un pot commun ; ça nous permet d’acheter ce poisson séché pour le revendre et assurer la survie de nos enfants. Ça fait deux ans que je fais ça, j’ai commencé après les inondations. Avant, j’avais un petit stand de thé, mais c’est devenu insuffisant, donc je suis devenue vendeuse de poisson séché ».
Tous les métiers liés au poisson se développent
D’autres métiers se développent autour de la pêche. Jeremiah Dak Mantai, 50 ans, menuisier, se concentre lui sur la fabrication de canoës : « Moi, je résidais dans le comté de Gwit et ça fait presque trois ans que je suis ici à cause des inondations. Je construis des canoës pour subvenir aux besoins de ma famille. Il faut entre trois et sept jours pour en construire un de petite taille, selon la disponibilité des matériaux. Le prix de vente varie entre 300 et 600 dollars. C’est un bon job, car je peux aussi m’en servir pour pêcher ».
À l’autre bout de ce camp gigantesque, des coups de marteaux retentissent depuis l’atelier de Gatluak Kuany, un forgeron de 39 ans. Installé ici depuis 10 ans, il a dû abandonner son atelier en ville, à Bentiu, quand la guerre civile a éclaté en 2013. « Ça nous a pris quelques semaines pour démarrer cet atelier. Mais nous avons réussi à en faire ce qu’il est maintenant au fil des mois. Nous sommes en bord de route, ça permet d’attirer les clients. Ce job me permet de survivre, car il n’y en a pas d’autre ici », explique-t-il.
Sortir de la dépendance humanitaire
Gatluak Kuany forge toutes sortes d’objets à partir de métaux recyclés : bijoux, cuillers, couteaux, machettes et autres outils pour l’agriculture, mais aussi des instruments pour la pêche. « Les pêcheurs nous achètent ces poids par douzaines. Ils les accrochent au bout de leurs filets pour éviter que le courant de l’eau ne les emporte. Ça permet d’attraper du poisson. Ils viennent ici pour s’approvisionner, il y a des jours où nous avons trop de demande et des jours où on a du mal à vendre tout ce que nous produisons ».
Pour tenter de sortir de la dépendance à l’aide humanitaire, les pêcheurs et artisans déplacés par les inondations espèrent recevoir des équipements, des outils, des compétences pour les soutenir dans leurs activités.
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