Soudan du Sud : les violences qualifiées crimes de guerre (ONU) | APAnews

Les récentes confrontations armées au Soudan du Sud, notamment une attaque contre un avion qui a fait des morts, sont considérées comme des crimes de guerre, a déclaré lundi la Commission des droits de l’homme des Nations Unies dans un communiqué.

La montée de la violence dans l’État du Haut-Nil, l’escalade des tensions politiques à Juba et d’autres intrigues menacent de faire dérailler l’Accord de paix revitalisé du Soudan du Sud et d’infliger davantage de souffrances aux citoyens, prévient l’organisme des Nations Unies. Laquelle les qualifie de crimes de guerre.

« Elles sont la conséquence d’une mauvaise gestion politique, notamment de retards prolongés dans l’unification des forces armées requise par l’Accord revitalisé. Le ciblage et le limogeage des figures de proue de l’opposition, notamment des ministres et des gouverneurs, combinés à des confrontations militaires et à la mobilisation des milices, ajoutent à la déstabilisation et à la violence qui en résulte », indique le communiqué.

Un retour aux luttes de pouvoir

« Le Soudan du Sud devrait aller de l’avant, mettre en œuvre les dispositions de l’accord de paix, renforcer les institutions et jeter les bases de la démocratie », déclare Yasmin Sooka, présidente de la Commission.

« Au lieu de cela, nous assistons à une régression alarmante qui pourrait effacer des années de progrès durement gagnés. Plutôt que d’attiser les divisions et les conflits, les dirigeants doivent de toute urgence se recentrer sur le processus de paix, défendre les droits humains des citoyens sud-soudanais et assurer une transition en douceur vers la démocratie », ajoute-t-elle.

Vendredi dernier, le président Salva Kiir a appelé au calme et réitéré son engagement en faveur de la paix, peu après que 27 personnes ont été tuées dans une violente attaque contre les forces gouvernementales.

Le général Majur Dak a été confirmé parmi les personnes tuées, tandis que plusieurs soldats de la paix de la MINUSS ont également été blessés dans l’attaque imputée à la milice de l’Armée blanche.

Plusieurs alliés de l’opposition du premier vice-président Riek Machar ont été arrêtés la semaine dernière à la suite d’une attaque contre une base militaire dans l’État du Haut-Nil par la milice qui a combattu aux côtés de Machar pendant la guerre civile.

Les éternels adversaires politiques, Kiir et Machar, font partie d’un gouvernement d’unité fragile installé en 2018 après un accord de paix mettant fin à cinq années de troubles civils, déclenchés par une tentative présumée de coup d’État en décembre 2013.

« Ce à quoi nous assistons aujourd’hui est un retour aux luttes de pouvoir insensées qui ont dévasté le pays par le passé », déclare le commissaire des Nations Unies Barkey Afako.

Des réformes urgentes pour éviter un nouveau cycle de guerre

« Les Sud-Soudanais ont suffisamment souffert. Ils ont enduré des atrocités, des violations des droits qui constituent des crimes graves, une mauvaise gestion économique et une sécurité qui ne cesse de se détériorer. Ils méritent un répit et la paix, pas un nouveau cycle de guerre », souligne-t-il.

La Commission rappelle à toutes les parties à l’accord de paix ainsi qu’aux autres parties prenantes sud-soudanaises leurs obligations et responsabilités de respecter les droits de l’homme et d’investir dans l’achèvement des processus de transition.

Il s’agit notamment de réformes constitutionnelles, de la création d’une commission de vérité, d’une autorité de réparation et d’un tribunal hybride, que l’ONU considère comme des mécanismes essentiels pour s’attaquer aux causes profondes des conflits et briser les cycles récurrents de crises politiques et de violations des droits humains.

« Il est temps que les dirigeants agissent de manière responsable. Le Soudan du Sud doit continuer à avancer dans la transition – vers la stabilité, la démocratie et une paix durable – sinon le pays risque de retomber dans le chaos. La tension dans le Haut-Nil doit être résolue par le dialogue, et non par une confrontation armée qui va déstabiliser l’ensemble de la nation et de la région. La trajectoire actuelle d’instabilité, de répression et de conflit renouvelé ne doit pas se poursuivre », a déclaré le commissaire Carlos Castresana Fernández.

WN/as/fss/ac/APA

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