Soudan du Sud | Un hélicoptère de l’ONU ciblé par des tirs, le président appelle au calme

(Juba) Le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, a appelé au calme vendredi en assurant que son pays « ne retombera pas dans la guerre » après qu’un hélicoptère de l’ONU a été ciblé par des tirs ayant tué un membre d’équipage.


Un hélicoptère de l’ONU, qui effectuait une mission de sauvetage de soldats sud-soudanais, a essuyé des tirs dans l’État du Haut-Nil, dans le nord-est du Soudan du Sud, faisant un mort et deux blessés au sein de l’équipage, a annoncé vendredi la mission onusienne dans ce pays, dans un contexte de tensions sécuritaires et politiques croissantes.

« Je l’ai toujours dit, notre pays ne retombera pas dans la guerre. Ne laissons personne s’emparer de l’État de droit. Le gouvernement que je dirige va prendre en charge cette crise », a dit M. Kiir en appelant ses compatriotes à rester calmes.

Cette semaine a été marquée au Soudan du Sud par l’arrestation de plusieurs proches du vice-président, Riek Machar, sur fond d’affrontements dans le nord-est qui font craindre la montée d’une « violence généralisée » dans ce pays instable.

« Un hélicoptère des Nations unies qui menait une opération d’évacuation (de soldats sud-soudanais) à Nasir, dans l’État du Haut-Nil, a subi des tirs aujourd’hui, avec pour conséquence la mort d’un membre d’équipage et de sévères blessures pour deux autres » membres, a annoncé dans un communiqué la mission des Nations unies au Soudan du Sud (UNMISS).

« De plus, plusieurs membres de l’armée sud-soudanaise (SSPDF), dont un général blessé, ont été tués durant la tentative par l’Unmiss de les extraire de la zone », ajoute le texte.  

L’UNMISS a précisé que cette opération avait été organisée « à la demande de toutes les parties », sans donner plus de détails sur celle-ci.

Mercredi, le ministre de l’Information Michael Makuei Lueth avait déclaré qu’un général et plusieurs soldats avaient été blessés lors de l’attaque d’une garnison de l’armée dans le Haut-Nil, et que les combats s’y poursuivaient.

Il a alors accusé le parti de M. Machar, le SPLM-IO, de collaborer dans cette région avec l’« Armée blanche », un groupe armé aux contours flous réunissant des jeunes d’ethnie nuer, comme le vice-président.  

« Protéger l’accord de paix »

Les évènements récents ont soulevé des inquiétudes au sujet du fragile accord de paix signé en 2018 entre le camp du président Salva Kiir et celui de M. Machar, ennemis historiques.

L’accord a mis fin à une guerre civile entre ces deux camps, qui a fait près de 400 000 morts et quatre millions de déplacés entre 2013 et 2018. Mais de nombreuses modalités de l’accord n’ont pas été mises en œuvre.

« La mission appelle tous les acteurs à éviter des violences supplémentaires et les dirigeants du pays à intervenir en urgence pour résoudre les tensions à travers le dialogue et faire en sorte que la situation sécuritaire à Nasir, et plus généralement, ne se détériore pas », dit l’UNMISS dans son communiqué.

« Il est vital que les parties adhèrent à leur engagement de maintenir de cessez-le-feu et de protéger l’intégrité » de l’accord de paix, poursuit le texte.  

Cette semaine, au moins trois hauts responsables sud-soudanais, proches de M. Machar, ont été arrêtés à Juba.  

Le ministre du Pétrole Puot Kang Chol et le général Gabriel Duop Lam, jusqu’ici n° 2 de l’armée, des cadres du SPLM-IO, ont été interpellés mardi et tôt mercredi.

Le ministre de la Paix Stephen Par Kuol a ensuite été arrêté jeudi par le Service national de sécurité (NSS). Il a été libéré tôt vendredi matin, selon le SPLM-IO.

Ces deux arrestations font suite à plusieurs mouvements récents au sein de l’exécutif, qui visaient pour M. Kiir à consolider son pouvoir et à mettre sur la touche M. Machar, selon des analystes.

Mercredi, plusieurs ambassades dont les États-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni ont appelé dans un communiqué à « la cessation immédiate des hostilités » et à « la retenue maximale ».

Selon un rapport des Nations unies publié la semaine dernière, les dirigeants du Soudan du Sud attisent la violence et l’instabilité dans la jeune nation.

Vendredi, le chef de la mission onusienne Nicholas Haysom a dénoncé une attaque « absolument abominable et qui pourrait constituer un crime de guerre ». L’UNMISS a réclamé une enquête.  


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