Le pays est au bord d’une nouvelle guerre civile, avec des milliers de déplacés et une situation humanitaire alarmante. Les tensions politiques et militaires risquent de faire sombrer la nation dans le chaos.
Le Soudan du Sud traverse une période critique, marquée par des combats intenses dans la région du Haut-Nil. Ces affrontements ont déjà contraint plus de 50.000 personnes à fuir leurs foyers, dont 10.000 ont trouvé refuge en Éthiopie. Les violences opposent principalement les forces gouvernementales loyales au président Salva Kiir et une milice appelée « Armée blanche », soupçonnée de collaborer avec Riek Machar, premier vice-président et ancien chef rebelle. Ces tensions menacent de faire basculer le pays dans un nouveau conflit civil, mettant en péril les avancées fragiles de l’accord de paix signé en 2018.
Les récents développements sont particulièrement préoccupants. Le 4 mars, environ 6.000 combattants de l’Armée blanche ont pris le contrôle d’un camp militaire dans le comté de Nasir. En réponse, l’armée sud-soudanaise a lancé des frappes aériennes dans la nuit du 12 au 13 mars, causant la mort de vingt personnes, principalement des femmes et des enfants. Ces attaques ont exacerbé les tensions et fragilisé davantage la situation humanitaire déjà critique.
Sur le plan politique, le parti de Riek Machar, le SPLM-IO, a annoncé la suspension de sa participation aux instances sécuritaires prévues par l’accord de paix. Cette décision fait suite à l’arrestation de plusieurs de ses membres, civils et militaires. Selon Oyet Nathaniel Pierino, vice-président du SPLM-IO, ces arrestations compromettent gravement l’application de l’accord. Face à cette impasse, plusieurs ambassades occidentales, dont celles de l’Union européenne, des États-Unis et du Canada, ont proposé leur médiation pour relancer le dialogue entre Salva Kiir et Riek Machar.
La situation humanitaire, déjà désastreuse, se détériore rapidement. Les combats ont forcé les organisations humanitaires à suspendre leurs opérations dans certaines zones, privant les populations vulnérables d’accès aux soins de santé, à l’eau potable et à l’assainissement. Une unité de traitement du choléra a dû fermer ses portes à Nasir, alors que la maladie se propage à un rythme inquiétant dans la région. Médecins sans frontières a alerté sur les risques d’une épidémie majeure, aggravée par les déplacements massifs de population.
Le Soudan du Sud, indépendant depuis 2011, peine à se relever de la guerre civile qui a opposé Salva Kiir et Riek Machar entre 2013 et 2018. Ce conflit a fait près de 400.000 morts et déplacé quatre millions de personnes. Aujourd’hui, les récents affrontements et les tensions politiques laissent craindre un retour à la violence généralisée. Nicholas Haysom, chef de la Mission des Nations unies au Soudan du Sud, a averti que le pays était « au bord d’une rechute dans la guerre civile », appelant toutes les parties à apaiser les tensions avant qu’il ne soit trop tard.
Dans un contexte régional déjà instable, avec des crises humanitaires majeures au Soudan et en Éthiopie, la communauté internationale redoute une escalade des violences. Les efforts de paix, déjà fragiles, sont menacés par des coupes budgétaires dans l’aide humanitaire, notamment de la part des États-Unis. Pour les populations locales, l’espoir s’amenuise, alors que les besoins vitaux ne cessent de croître. Le temps presse pour éviter une nouvelle catastrophe humanitaire dans cette région déjà meurtrie.
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