Soudan: les évêques lancent un appel à la paix alors que le conflit s’aggrave

À l’issue d’une réunion tenue fin juin à Juba, les évêques soudanais ont exhorté à la paix alors que la guerre civile a provoqué une catastrophe humanitaire, et que le chef des forces armées soudanaises a déclaré ne pas être prêt à négocier avant d’avoir remporté la victoire.

Francesca Merlo-Cité du Vatican

Les évêques catholiques du Soudan et du Soudan du sud (SCBC) appellent à la fin de l’horrible guerre qui déchire le Soudan. «Le tissu de la société soudanaise a été déchiré, les gens sont choqués, traumatisés et incrédules face au niveau de violence et de haine» écrivent-ils. Pourtant, l’escalade du conflit entre les forces armées soudanaises (SAF) et les forces de soutien rapide (RSF) ne semble pas près de s’arrêter.

Pas de fin en vue

Le général Abdel Fattah al-Burhan, chef des forces armées soudanaises, a résolument fermé la porte au dialogue pour mettre fin à la guerre civile.

«Nous poursuivons cette bataille jusqu’à la victoire, et je répète une fois de plus que nous ne négocierons pas avec un ennemi qui nous attaque et occupe nos terres», a-t-il déclaré alors qu’il rendait visite à ses troupes dans les zones dont son armée s’est emparée autour de la capitale Khartoum. La capitale soudanaise est l’épicentre de violents combats entre l’armée régulière soudanaise et les milices depuis le mois d’avril 2023.

Abdel Fattah al-Burhan a souvent réitéré son refus de céder à la pression internationale et de s’asseoir à la table des négociations à Jeddah, en Arabie Saoudite. «Nous n’irons pas à une table de négociation où ils (les médiateurs) veulent nous tirer par les oreilles, et nous n’irons pas à des négociations alors que l’ennemi occupe encore nos maisons et pille nos richesses. Nous n’irons pas négocier avant que l’ennemi ne parte, et ils (les médiateurs) doivent les forcer à le faire s’ils veulent que nous négociions avec eux» a déclaré le général selon l’agence de presse Fides.

Bilan humanitaire

Le bilan humanitaire du conflit est effroyable. Les cents résièges menés par les FSR ont forcé au moins 55 000 personnes à fuir Sinja, la capitale de l’État de Sennar (Sud-est). Selon les Nations unies, au moins 10 millions de Soudanais ont été déplacés depuis le début de la guerre et ils se retrouvent souvent piégés dans les zones que les deux groupes se disputent. C’est le cas d’environ 80 personnes qui ont trouvé refuge dans la mission catholique de Dar Mariam, dans le district d’al-Shajara à Khartoum la capitale.

Cette zone, située à proximité d’une base des forces armées, a été au cœur d’intenses combats et les réfugiés qui y ont trouvé refuge souffrent de conditions désastreuses, sans accès suffisant à l’eau potable et à la nourriture. Les tentatives pour les libérer ont été infructueuses.

La nature égoïste de la guerre

Les évêques du Soudan ont par ailleurs dénoncé les intérêts égoïstes à l’origine du conflit lors de la conclusion de leur assemblée plénière le 29 juin.

«Il ne s’agit pas simplement d’une guerre entre deux généraux, car les militaires sont inextricablement liés à la vie économique du pays. Les SAF et les FSR disposent de réseaux de riches élites soudanaises et internationales et de cartels qui tirent profit de leur contrôle de divers secteurs économiques et sont liés à des sponsors extérieurs qui continuent de leur fournir des armes de plus en plus sophistiquées, telles que des drones» ont encore déploré les évêques de la SCBC.

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