Au Darfour, région de l’ouest du Soudan qui s’étend sur le Sahara et le Sahel subsaharien, l’horreur ne connaît plus de limites. À l’heure où ces lignes étaient écrites, au moins 56 civils ont été abattus depuis vendredi 11 avril dans le cadre d’attaques imputées aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) à Um Kadadah, une localité à environ 180 kilomètres à l’est d’El-Facher, capitale de l’État du Darfour du Nord, qu’ils ont repris à l’armée régulière jeudi 10 avril.
« Après que les milices ont pris le contrôle de la ville d’Um Kadadah, elles ont procédé à l’exécution des citoyens au nombre de 56 », a alerté le groupe pro démocratie, celui-là même qui coordonne l’aide humanitaire locale. De nombreuses personnes sont portées disparues. Ces atrocités viennent s’ajouter aux plus de 28 000 morts causés depuis le déclenchement de la guerre et aux près de 12 millions de Soudanais ayant dû fuir les affrontements.
Un bilan qui pourrait être bien plus élevé
Mais, d’après Mini Minawi, gouverneur du Darfour et chef du mouvement de l’Armée de Libération du Soudan (ALS-MM) qui combat conjointement, avec l’armée, les FSR, l’hécatombe pourrait être encore plus importante : « 450 personnes ont été tuées à El-Facher et ses environs ».
Mohamed Hamdane Daglo, dit Hemedti, ancien chef janjawid – miliciens de la guerre du Darfour, dans les années 2000 – est l’actuel leader des paramilitaires. Ce dernier mène depuis le 15 avril 2023 une guerre sans merci contre son rival et chef des armées, le général et président de fait du Soudan, Abdel Fattah al-Burhane. Une confrontation sanglante pour le contrôle du pouvoir.
Selon un comité de résistants d’El-Facher, les FSR provoqueraient de nombreux « déplacements forcés » dans la région, tandis que l’ensemble des réseaux de télécommunications ont été coupés. Les camps de déplacés « sont visés par les bombardements et attaqués par des véhicules de combat des FSR », a confié à l’AFP Adam Rajal, porte-parole de la Coordination des déplacés et réfugiés au Darfour.
Le recours généralisé aux violences sexuelles
Un rapport publié jeudi 10 avril par Amnesty International a également dénoncé le recours généralisé aux violences sexuelles par les FSR, ce dans le but « d’humilier, asseoir leur pouvoir et déplacer les communautés », alerte l’ONG.
Ce nouveau document – un rapport de Human Right Watch dénonçait déjà en décembre 2024 déjà des crimes de guerre et contre l’humanité – relaye le témoignage de 36 femmes, dont certaines sont encore mineures, victimes présumées de viols en réunion et d’esclavage sexuel entre avril 2023 et octobre 2024, dans quatre États du Soudan et notamment au Darfour.
El-Facher et ses deux millions d’habitants, cité assiégée depuis mai dernier et dernière capitale provinciale du Darfour, sont encore aux mains de l’armée. Mais les paramilitaires intensifient leurs opérations, notamment depuis que les forces d’Abdel Fattah al-Burhane sont parvenues à leur reprendre la capitale Khartoum, en mars. Les FSR contrôlent toujours une partie du sud Soudan, ainsi que la quasi-totalité du Darfour, à l’ouest. « Nos troupes ont étendu leur contrôle sur la base de Zamzam et sécurisé la région », a déclaré un membre des FSR ce dimanche. Zamzam fait partie des trois grands camps de réfugiés touchés par la famine en périphérie de la ville, selon l’ONU.
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