« Ils nous tabassaient les trois, à terre, avec des coups de cross, des coups de poing« . C’est une déclaration qui inquiète en Guinée, près de trois semaines après la disparition d’Oumar Sylla Foniké Manguè et de Mamadou Billo Bah, deux activistes du Front national pour la défense de la constitution (FNDC).
Une déclaration signée Mohamed Cissé, présenté par le FNDC comme la troisième personne enlevée avec Oumar alias Foniké Menguè et Billo Bah, le 9 juillet dernierà Conakry.
Des propos tenus dans une vidéo publiée par le FNDC en début de semaine dernière. Le jeune homme raconte les cas de torture, de séquestration et de violences qu’il aurait subis en compagnie des deux autres activistes dont on est toujours sans nouvelles.
Mohamed Cissé, qui dit avoir été finalement relaxé, explique que ses camarades de lutte et lui-même avaient été traînés ensemble dans les services de la gendarmerie et à la présidence de la République, avant qu‘ils ne soient séparés par des militaires avant d’être emmenés vers « une prison obscure » qui serait située au large de Conakry.
Une plainte en France
En réaction à ce témoignage, les femmes d’Oumar Sylla et de Billo Bah, aidées par leurs avocats, ont porté plainte auprès de la justice française contre le président de la transition guinéenne, le général Mamadi Doumbouya. Elles imputent la « disparition forcée » de leurs époux à l’homme fort du pays (qui détiendrait un passeport français) ainsi qu’à d’autres responsables militaires.
Une plainte qui fait à réagir les autorités guinéennes. Le 25 juillet dernier, lors d’une conférence de presse à Conakry, le Ministre Ousmane Gaoual Diallo, également porte-parole du gouvernement, s’en est pris à Me Boudon, l’un des avocats de Foniké Menguè et Billo Bah. « Cette accusation portée par l’avocat français maître Vincent Boudon contre le chef de l’Etat, le Haut commandement de la gendarmerie, le ministre de la défense, est une déclaration très forte qui pourrait avoir des conséquences judiciaires, y compris pour lui », a prévenu le ministre. « Agitation du régime guinéen« , répondent les avocats qui se disent « inflexibles » dans leur demande de libération « urgente » des activistes.
Le gouvernement maintient sa version
Dans un communiqué de presse qu’ils ont publié le 26 juillet dernier, les avocats déclarent aussi avoir écrit au procureur général de Paris, pour lui signaler « les révélations de la presse révélant l’existence de coopérants militaires français appuyant la dictature du général Mamadi Doumbouya ». Le gouvernement, par la voix de son porte-parole, maintient sa version et assure ne pas détenir les deux leaders du FNDC. « Les adultes ont le droit de disparaître aussi volontairement« , a déclaré le gouvernement.
« Lorsque des citoyens sont dans une situation de disparition comme ça et une dizaine de jours après, il est de la responsabilité de l’Etat de faire dans la plus grande éthique mais aussi de faire en sorte que les populations, mais aussi les familles de ces victimes-là, ne se trouve pas offusqués dans les prises de parole« , réagit pour sa part Ousmane Gaoual Diallo, analyste politique.
Une série de manifestations pour accentuer la pression sur le pouvoir de Conakry afin de retrouver les activistes disparus est annoncée pour les prochains par les organisations de la société civile.
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