[STRICTEMENT PERSONNEL] Le grand ensauvagement

Les plus hautes autorités publiques de ce pays, ces autorités, aussi inefficaces que légitimes, dont la langue, quoi qu’elles puissent dire, tremble moins que le bras, nous l’ont répété à satiété ces dernières semaines, comme pour mieux s’en convaincre : « l’école est un sanctuaire ». Avec, parfois, une variante qui n’avait pas tout à fait le même sens : « L’école devrait être un sanctuaire. »

« Un sanctuaire » ? Vraiment ? Doutant malgré tout, mais doutant de mon doute, je me suis tout bêtement et tout simplement reporté au dictionnaire, qui m’a sans équivoque donné la réponse qu’hélas je redoutais. SANCTUAIRE : nom masculin. 1. Édifice religieux, plus généralement lieu saint. 2. Lieu protégé contre toute agression.

Qui, de bonne foi, pourrait sérieusement le contester ? L’école, en France, en 2024, et en dépit des pieux mensonges de ses plus hauts desservants, n’a plus rien d’un sanctuaire. L’école est un champ de bataille où s’affrontent, à armes inégales, les défenseurs de ce dernier rempart, de ce donjon longtemps inviolé, aujourd’hui attaqué, assiégé, mis à mal par ceux qui refusent, qui récusent, qui rejettent la société qui a eu l’imprudence, la légèreté, la naïveté de les accueillir et se révèle aujourd’hui aussi inapte à les intégrer que de les expulser.

Ce « sanctuaire » mal desservi

Un sanctuaire… C’est à la sortie du collège de Conflans-Sainte-Honorine où il enseignait que Samuel Paty a été décapité, il y a trois ans, par un Tchétchène venu vivre, mourir et tuer en France.

Un sanctuaire… C’est dans l’enceinte du lycée où il enseignait, à Arras, que Dominique Bernard a été poignardé, il y a six mois, par un autre jeune Tchétchène à qui la France avait cru devoir et pouvoir donner un asile, un abri et une éducation.

Un sanctuaire… À Montpellier, c’est à la porte de son collège que Samara, une jeune fille de quinze ans qui croyait pouvoir s’habiller, se conduire et se comporter « à l’européenne », a été attaquée, tabassée et laissée pour morte par quatre « camarades » qui entendaient lui donner une bonne leçon de morale coranique-ta-mère. C’est à deux pas de l’établissement scolaire dont il suivait les cours, à Viry-Châtillon, à vingt minutes de Paris, que Shemseddine, quinze ans lui aussi, a été mortellement poignardé par des crétins préhistoriques qui n’ont rien appris depuis Néandertal et rien oublié depuis Cro-Magnon. (Et encore, je me demande si, ce disant, je ne calomnie pas nos lointains ancêtres.)

L’impossible vivre ensemble

Chaque jour s’allonge, à l’extérieur comme à l’intérieur de la « communauté éducative », la longue liste noire de ces faits divers qui sont aussi des faits de société et qui témoignent, par leur modus operandi autant que par leur nature même, de l’existence, de la dangerosité et du refus de s’assimiler d’une minorité allogène et allergique à notre civilisation, à notre culture, à nos lois et à nos mœurs.

À quelle époque, en quel siècle, dans quel pays vivons-nous et nous font vivre ces assassins que nous côtoyons chaque jour, ces tueurs à la balle et surtout au couteau qui ne visent pas à nous libérer d’on ne sait quelle occupation mais à nous faire revenir quelques siècles (quelques millénaires ?) en arrière ?

Ce n’est pas à La Mecque, il y a douze cents ans, mais à Bordeaux (à Bordeaux !) qu’un Afghan, à tous égards égaré parmi nous, a poignardé à mort, l’autre soir, deux Algériens qui violaient le ramadan en consommant de l’alcool. Ce n’est pas en Corse ou en Sicile il y a deux siècles mais à Viry-Châtillon qu’ont sévi les deux « grands frères » bas du cerveau qui s’étaient institués garants et gardiens de la vertu, de la virginité, des fréquentations et de la « réputation » de leur jeune sœur. Crime d’honneur ? On voit bien où est le crime. On ne voit pas où est l’honneur.

À Viry, à Bordeaux, à Romans-sur-Isère, tout près de Crépol, des rixes anachroniques opposent des bandes de jeunes qui s’affrontent au couteau. La « Belle Époque » serait-elle revenue où les Apaches qui faisaient trembler Paris réglaient à coups de surin leurs comptes sur les Hauts de Belleville ou sur les fortifs et la « zone » ?

Il y a 25 ans, les sauvageons…

La place d’un couteau est à la cuisine, à table, dans un tiroir ou au vestiaire, pas dans le cartable des écoliers ou des lycéens. Les mères attentives qui sommaient, le matin, leurs enfants de bien mettre leur chandail ou de bien nouer leur cache-col sont-elles condamnées à les adjurer, le matin, de ne pas oublier leur couteau ? Notre pays est en passe de se muer en coupe-gorge. Au sens le plus littéral.

Il y a un quart de siècle, Jean-Pierre Chevènement suscitait une polémique en donnant une acception nouvelle au mot « sauvageon ». Il ne s’agit plus de sauvageons mais bel et bien de sauvages. Ceux qui, contre l’évidence, contre les faits, contre les chiffres, ont successivement nié le Grand Remplacement puis le grand déclassement que vit la France sont-ils conscients du fait que nous sommes entrés dans l’ère du grand ensauvagement ? S’ils ne sont ni assez lucides pour l’admettre ni assez courageux pour en tirer les conséquences, d’autres le feront pour eux. Et, bien sûr, sans eux.

Imprimer, enregistrer ou envoyer cet article


Crédit: Lien source

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.