Super League – La Super League et la France : Divorce ou nouveau départ ? – Rugby à XIII

La présence des Dragons Catalans en Super League en a toujours énervé certains. Entre intérêt de la NRL, colère de certains clubs et projets de développement d’autres, il risque d’y avoir du changement dans les années à venir.

La saison 2025 était déjà une évolution dans l’histoire de la Super League avec ses 12 équipes choisies par notation avec un critère sportif ne comptant que pour 25% de la note. Et pourtant, si les règles uniquement sportives qui prévalaient avaient été conservées, le championnat aurait eu la même configuration.

Mais voilà, depuis le début de saison, plusieurs événements ont eu lieu qui secouent un peu la famille Super League. Le club de Salford (12ème à la notation) connait des problèmes financiers. Un intérêt de la NRL pour investir dans la compétition se fait de plus en plus entendre. Sont-ce toutes ces choses qui poussent aujourd’hui les détracteurs des Dragons Catalans à se faire entendre ?

Ce que Derek Beaumont, président de Leigh, et quelques autres reprochent aux Dragons

Il en parlait déjà en 2022 lorsque le Toulouse Olympique était en Super League. Le président de Leigh a apparemment réussi à convaincre le président d’Huddersfield et quelques autres clubs dont la place en Super League pourrait se retrouver en danger. Pour eux, non seulement les clubs français n’apportent rien à la Super League mais ils feraient perdre de l’argent aux clubs anglais.  Un constat qui peut paraitre dur au premier abord, mais qui n’est pas totalement infondé.

Malgré leur réussite sportive et économique, les Dragons Catalans ne rapportent toujours pas d’argent de droits TV à la Super League. Ce qui est problématique, surtout quand on sait que les Dragons encaissent malgré tout l’argent des droits TV anglais. Pour maintenir la présence chez les pros des Anglais, les Dragons doivent absolument apporter de l’argent sur la table. Si la diffusion a été régulière et que le club dispose d’une visibilité en France, celle-ci n’aide pas les Anglais à payer les factures. Elle faisait pourtant vraisemblablement partie du deal puisque lorsque la Super League a décidé de faire payer les déplacements des adversaires aux clubs français, même Bernard Guasch n’a pas eu à y redire. Se trouvant chanceux de ne pas avoir eu à supporter ces frais plus tôt.

Dans les arguments, on trouve aussi le fait que si les anglais se déplacent massivement pour prendre le soleil de la Catalogne alors que les supporters des Dragons sont moins nombreux à faire le chemin inverse. Difficile de dire le contraire. On ajoute que le sponsor principal de la Super League, « Betfred », n’est pas présent en France et on a un beau paquet de raisons à mettre en avant pour réclamer le départ des clubs français.

Mais en attendant que la lumière vienne ou pas pour ces quelques réfractaires, un autre projet pourrait calmer les ardeurs de divorce.

Le projet NRL

Si hier ce n’était que des rumeurs et que nous n’avions que des bribes d’informations, on en sait aujourd’hui un peu plus. La colocation à Las Vegas a permis aux clubs de Wigan et Warrington de discuter avec les pontes de la NRL et il semblerait que les « gros clubs » historiques de Super League soient enclin à s’associer avec la grande ligue australienne. On parle ici de Wigan, Warrington, Saint Helens, Leeds, Hull FC et Hull KR. Ces six clubs feraient partis du projet et bonne nouvelle pour nous, la NRL, proche d’IMG, ne ferait pas sans la France. Les Dragons Catalans auraient leur place assurée mais aussi le Toulouse Olympique. Malgré les écueils cités précédemment, les deux entités spécialisées dans le business sportif voient un intérêt à ce que les clubs français soient présents.

Si on prend un peu de hauteur, la présence des clubs français permet au XIII anglais de montrer qu’il n’est pas confiné au nord de l’Angleterre tout comme il donne un peu plus d’ampleur au XIII français que le sud de la France. La NRL qui a réussi à sortir de Sydney et Brisbane, a intégré une franchise en Nouvelle-Zélande et bientôt une en Papouasie, connait et comprend l’intérêt de l’expansion.

Et si la NRL comprend enfin l’intérêt de l’internationalisation du XIII, c’est qu’au niveau domestique, ils sont au sommet. De plus, les investissements dans les îles Pacifiques et le choix des joueurs d’évoluer sous les maillots tongiens, samoans ou fidjiens, a fait monter la concurrence au niveau international. Et cela leur a plu. Investir dans la Super League a pour but de faire monter le niveau des équipes nationales. En harmonisant les règles, l’organisation et en facilitant les mouvements de joueurs entre hémisphère sud et nord. L’Angleterre sera bien sûr la première à en profiter, la France évidemment si deux clubs sont présents au plus haut niveau et les autres nations britanniques également.

Et vu de la France ?

Si on s’exprime d’un point de vue local, le projet « Dragons Catalans » est une réussite indéniable. On se rappelle qu’avant la fusion, le XIII Catalan et Saint-Estève se partageaient les spectateurs. Depuis la fusion et l’introduction en Super League, l’entité s’est énormément développée. Aujourd’hui, le club a fidélisé une base d’environ 8 000 spectateurs réguliers et monte même à 10 000 les jours de fête. Par ailleurs, le club s’est aussi structuré en dehors des terrains. Les collectivités locales jouent le jeu et beaucoup d’entreprises privées sont également partenaires. Le club aurait-il pu se développer aussi bien en France ? Très probablement non puisque personne ne l’a fait depuis. De fait, le club dispose d’un budget solide et peut se montrer compétitif sur le terrain, puisque les Dragons ont atteint les phases finales lors de 4 des 5 dernières saisons de Super League.

D’un point de vue franco-français, la réussite du projet pensée et portée par Bernard Guasch est incontestable. Mais que gagnent les Anglais dans tout ça ? Rien, ou presque.

Par ailleurs, l’autre but de l’entrée des Dragons en Super League, c’était la progression de l’équipe de France, qui devait a terme devenir une opposition solide pour les Anglais sur la scène internationale. Et 20 ans plus tard, on ne peut pas dire que le compte y soit. Néanmoins, tout n’est pas à mettre sur le dos de la présence des Dragons en SL. Peut-être que sans eux l’écart aurait été encore plus grand… Avec des si…

Pour conclure, si la NRL ne vient pas, il semblerait que malgré le bruit des Beaumont et ses copains, rien ne change. Les clubs français paieront les déplacements tant qu’aucun droit TV français ne retombe dans l’escarcelle Super League et ils conserveront leur place tant que les finances suivent.
Si la NRL vient, elle ne le fera pas à moitié et voudra avoir le pouvoir sur les décisions stratégiques. Ou toute la Super League suit, ou il est possible que la NRL prenne avec elle les clubs motivés et fasse son championnat parallèle comme en Australie il y a 25 ans. Lors de la Super League War, au bout d’un an, les deux championnats de 12 équipes se sont réunis, des équipes ont fusionné et la NRL était lancée. Il faut que ça bouge et ça bouge alors réjouissons-nous !

Treize Mondial


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