Sur le terrain avec… la sergente Manon Doucet

NDLR: À partir d’aujourd’hui, nous lançons une série d’articles pour vous plonger dans le quotidien des travailleurs et ouvriers qui façonnent notre société. Nous irons à leur rencontre pour comprendre leurs défis, leurs réalités et leur passion.

Le métier de policier peut paraître pour plusieurs à la fois excitant, exigeant, ingrat et valorisant.

L’Acadie Nouvelle a tenu à plonger ses lecteurs dans l’univers quotidien de la sergente Manon Doucet, qui est policière au sein de la Police régionale BNPP depuis 2006, en vivant une journée à ses côtés afin de raconter les défis qu’elle rencontre et les moments marquants de sa journée de travail.

Toute petite, Manon Doucet répondait avec assurance «policière» lorsque son professeur lui demandait quel métier elle aimerait exercer quand elle sera grande.

La principale intéressée n’a donc pas dérogé à ses aspirations de fillette, même si une fois ses études terminées elle s’est retrouvée employée durant quelques années d’un commerce de revêtements de sol et de meubles à Beresford.

Quelques années plus tard, la native de Beresford retournait sur les bancs d’école et fréquentait l’Académie de police de l’Atlantique pour réaliser son rêve et même devenir en mars 2022 la première femme à accéder au rang de sergent dans toute l’histoire de la Police régionale BNPP.

À moins d’un événement majeur, le quart de travail de la policière débute habituellement le matin à 6h30 et se termine en début de soirée à 18h30, ou bien l’inverse.

Trois constables et un sergent sont sur le terrain 24h sur 24 afin d’assurer la surveillance du territoire qui se trouve à Belle-Baie et qui s’étend sur une distance d’environ 30 kilomètres entre les secteurs Beresford et Pointe-Verte.

La journée de travail s’entame normalement par une brève séance de débriefing entre les policiers qui terminent leur quart de travail et ceux qui le débutent, question de faire le point sur les événements notables survenus durant les heures précédentes.

Une fois que son uniforme a été revêtu avec tous les objets de contrôle et de protection, la sergente Manon Doucet s’affaire habituellement à procéder à une inspection sommaire du véhicule de police qu’elle utilisera durant sa journée de travail.

Même s’ils sont imposants, les voitures de la police BNPP offrent bien peu d’espace intérieur tellement il y a de l’équipement électronique à l’avant et de protection à l’arrière du véhicule.

Un puissant fusil de calibre AR-15 trône à l’avant de la voiture, bien en vue entre le siège du conducteur et du passager.

La policière raconte que c’est la cavale meurtrière de Justin Bourque qui a abattu trois policiers de la GRC en juin 2014 à Moncton qui explique la présence de l’arme et sa disposition pour les policiers de la BNPP.

Comme tous les autres membres de la Police régionale BNPP, Manon Doucet porte également à la taille un pistolet 9mm.

«Heureusement, en près de 20 années de service, je n’ai jamais eu encore à me servir de mon arme de service ou du AR-15. Je suis quelqu’un de positif, je ne veux pas m’en servir et espère que ça va rester comme ça jusqu’à ma retraite», a confié la policière.

Elle dit vouloir ajouter une dizaine d’années de services de plus à son compteur avant de tirer sa révérence et de passer à autre chose pour meubler ses journées.

En attendant, certaines des journées de travail de Manon Doucet peuvent être passablement occupées, d’autres un peu moins.

La veille de la rencontre entre l’Acadie Nouvelle et la sergente, cette dernière a indiqué avoir répondu à 12 appels de service uniquement durant l’après-midi.

Appel médical, menaces, vol, personne en crise, conduite erratique en voiture, la journée de travail n’est pas toujours de tout repos.

«C’était fou, je n’avais pas le temps de respirer… En plus la journée a commencé dès 6h30 le matin avec un appel pour une personne suicidaire, c’était pas mal bang bang !», relate la policière.

«Plus tard, à 14h07, nous étions en réponse pour un vol et l’individu était arrêté, menotté et dans la voiture de police à 14h08, je n’avais jamais vu ça de ma vie…», de poursuivre fièrement la sergente Doucet.

Cette dernière admet que les journées de travail ne sont tout de même pas toujours dignes d’un scénario de film policier d’Hollywood, citant par exemple des heures de travail à passer à rédiger des rapports d’incident ou encore à procéder à la prise d’empreintes pour fin de vérification d’antécédents criminels.

La sergente Manon Doucet, de la police BNPP. – Acadie Nouvelle: Sébastien Lachance

Sauver des vies

Bien que plutôt rares, certains événements peuvent à l’inverse marquer une journée de travail ou même une vie.

«D’avoir pu sauver une vie grâce à la réanimation cardiorespiratoire et d’avoir aidé une femme victime de violence conjugale à ne pas retourner chez son bourreau me rendent fière», explique sans hésitation Manon Doucet.

À l’inverse, certains appels de service peuvent s’avérer plus difficiles que d’autres.

«Tout ce qui touche les dossiers de suicide n’est pas l’fun, surtout quand tu connais personnellement qui est en cause ou que c’est toi qui fais la découverte du corps».

Questionnée à savoir si une carrière dans une grande ville du Nouveau-Brunswick ou d’ailleurs au pays aurait pu l’intéresser, la policière est formelle.

«Pas du tout. C’est que je viens d’ici et je connais beaucoup ma communauté».

Le chef de police de la BNPP tient en haute estime son employée de longue date.

«Manon est une policière d’expérience chez nous et elle est très motivée. Elle est un atout majeur à la BNPP par son implication et ce qu’elle apporte à la police en général», raconte à son sujet Roger Clavet.

«C’est le visage de la BNPP pour pas mal de choses et quelqu’un qui possède beaucoup de formation pour intervenir dans différentes situations», a ajouté le chef Clavet, tout en vantant particulièrement les mérites de sa sergente lors d’interventions auprès de personnes barricadées ou en situation de crise.

La Police régionale BNPP à la croisée des chemins

D’importantes transformations vont s’opérer au sein de la Police régionale BNPP au cours des 24 prochains mois.

L’actuel quartier général qui se trouve à Nigadoo sera abandonné vers l’été 2026 au profit d’un nouvel immeuble qui sera érigé sur la rue Aubé, dans le secteur de Beresford. Les travaux de construction devraient débuter à l’été 2025.

Le poste actuel, dont la construction remonte au début des années 1980, est désuet et aurait eu besoin de rénovations majeures pour être en mesure de rencontrer les exigences d’aujourd’hui.

Les mois suivants, la Police régionale BNPP devrait desservir la totalité du territoire de la Ville de Belle-Baie.

Le corps policier devra alors composer avec un territoire de couverture dont la superficie aura doublé et une population qui aura grimpé de 5200 résidents.

Une demi-douzaine de constables et un enquêteur devraient s’être ajoutés à l’équipe de la BNPP d’ici là.

Le chef Roger Clavet a confié à l’Acadie Nouvelle que cet important changement devrait forcer la police BNPP à adopter un nouveau nom afin de mieux refléter le territoire qu’elle aura alors à desservir.

Pour l’instant les secteurs de Beresford, Nigadoo, Petit-Rocher, Pointe-Verte ainsi que Petit-Rocher Sud et Petit-Rocher Nord sont desservis par la BNPP, alors que les anciens districts de services locaux qui font partie du territoire de la nouvelle municipalité depuis le 1er janvier 2023 sont toujours servis par la GRC.

Un scénario semblable se déroule depuis le 5 mars à Bathurst, où la force policière de l’endroit est maintenant présente dans les nouvelles limites géographiques de la municipalité découlant de la réforme de la gouvernance locale de 2023.

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