Tarifs douaniers : incertitude dans l’industrie du crabe à l’approche de la saison

L’industrie du crabe des neiges du Nouveau-Brunswick avance à l’aveuglette, à quelques semaines du début de la saison de pêche, dans la foulée de l’imposition de tarifs douaniers par les États-Unis.

Le président Donald Trump a mis sa menace à exécution, plus tôt cette semaine, en imposant des tarifs de 25 % sur les biens importés du Canada. La nouvelle injecte une bonne dose d’incertitude dans le monde des pêches.

Les crabiers de la zone 12 – dans le sud du golfe Saint-Laurent – seront les premiers à partir en mer et à voir quels seront les impacts de ces tarifs sur leurs revenus.

Le président de l’Association des crabiers acadiens, Joël Gionet, rapporte que lui et ses collègues suivent le dossier de près. Ils ne sont toutefois pas surpris, puisqu’ils s’attendaient à l’imposition de ces tarifs.

Joël Gionet, président de l’Association des crabiers acadiens, dit que lui et ses collègues suivent de près la situation (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada / Mario Mercier

On pense tous à ça. Normalement, c’est celui qui achète le produit qui paie le tarif. Si le prix du crabe augmente de 25 % sur les marchés, qu’est-ce que le consommateur va faire? Il va peut-être se virer vers d’autres produits, dit-il.

La date du début de la saison n’a pas encore été annoncée. L’an dernier, les crabiers ont pu partir en mer le 1er avril. Pour le moment, plusieurs questions demeurent sans réponse quant à l’impact des tarifs.

Je pense qu’actuellement, il n’y a personne qui sait vraiment. Moi j’ai parlé à quelques acheteurs et c’est pareil, ils ne savent pas. Ils attendent de rencontrer leurs acheteurs pour voir comment ça va fonctionner.

Ce crabier de la Péninsule acadienne note toutefois que d’autres facteurs donneront un coup de pouce aux pêcheurs lors de la prochaine saison.

Le marché du crabe des neiges aux États-Unis est très fort actuellement. Il n’y a pas de crabe sur les marchés. Le taux de change est excellent. Ils veulent du crabe, la demande est là. C’est sûr que les prix au détail ont augmenté de presque 40, 50 % depuis un an.

Il y a encore beaucoup d’inconnues

L’incertitude touche aussi les transformateurs de crabe.

Le directeur général de McGraw Seafood, Jake Augustine, ne cache pas que la situation est loin d’être idéale, vu la dépendance de son industrie au marché américain.

Jake Augustine debout devant l'usine McGraw Seafood à Tracadie au Nouveau-Brunswick.

Jake Augustine est le directeur général de l’entreprise McGraw Seafood, à Tracadie (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada / Nicolas Steinbach

C’est très inquiétant pour notre industrie. C’est pas un secret qu’au niveau du crabe des neiges, on est assez dépendants sur les Américains, sur les États-Unis. Tout de suite, c’est comme 90 % de notre marché, de nos produits qui s’en vont aux États-Unis, dit-il.

Il affirme qu’il ne sait pas encore comment les acheteurs et les consommateurs américains réagiront à l’imposition des tarifs douaniers. Vont-ils bouder le crabe canadien ou seront-ils prêts à le payer plus cher?

Justement je parlais avec nos clients ce matin, puis je lui ai posé la question. Il n’était pas sûr. Il reconnaît que le crabe de neige, c’est un produit de luxe qui est difficile à remplacer. Mais tout de suite, il y a beaucoup d’incertitude. Je crois qu’à la fin de la journée, on va être capable de trouver des marchés, mais à quel prix?

Une «panne» de crabe des neiges encore vivant.

Les crabiers de la zone 12 partiront bientôt en mer. Ils seront les premiers pêcheurs du Nouveau-Brunswick à devoir vivre avec les conséquences des tarifs douaniers imposés par les États-Unis (Photo d’archives)

Photo : Radio-Canada / Catherine Paquette

L’impact des tarifs douaniers sur les transformateurs – dont son entreprise – pourrait être amplifié si les acheteurs américains retardaient leurs commandes dans l’espoir que les deux pays concluent une entente.

S’ils font ça, ça pourrait être désastreux pour nous autres. Comme usine, il faut qu’on continue à transformer, il faut qu’on paie nos employés, il faut qu’on paie nos pêcheurs et à la fin de la journée, il faut financer l’inventaire jusqu’au temps qu’on trouve assez des marchés, soit aux États-Unis ou ailleurs dans le monde pour être capable d’écouler notre produit.

Cap sur le Seafood Expo North America

Joël Gionet et Jake Augustine se rendront prochainement au grand rendez-vous annuel de l’industrie, le Seafood Expo North America, qui aura lieu à Boston du 16 au 18 mars.

Ils vont en profiter pour tâter le pouls des acheteurs américains. On va rencontrer tous nos clients, on va essayer de voir comment ils voient ça, affirme Jake Augustine.

Joël Gionet abonde dans le même sens. «

On va être à Boston la semaine prochaine. On va bien voir qu’est-ce qu’est le feeling.

Avec des informations de Réal Fradette

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