Ils n’ont pas remplacé nos voitures. Mais ils ont rapidement pris d’assaut nos planchers et nos moquettes. Ces jours-ci, ils ont l’œil sur nos jardins. Car les robots chinois sont bel et bien arrivés au Canada… pour le meilleur et pour le pire.
Le pire étant, bien sûr, leur prix de détail, même si, dans le jardin comme ailleurs, la technologie chinoise demeure la moins chère et la plus simple sur le marché. Une bonne tondeuse robotisée peut coûter jusqu’à 4000 $ et nécessiter l’installation de clôtures réelles et virtuelles.
Cette tâche est aussi fastidieuse que votre aménagement paysager est créatif. À moins que…
Eufy et ses « caméras sémantiques »
Ce printemps, la marque Eufy, de la société chinoise Anker, dont les appareils électroniques sont généralement de bonne qualité, lance les tondeuses robotisées E15 et E18, conçues pour attirer les propriétaires de pelouse parmi les plus paresseux et les plus chiches.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE
Le robot tondeuse Eufy E15 d’Anker
La tondeuse d’entrée de gamme E15 se vend 1600 $. Anker fait cette promesse additionnelle : pas besoin de délimiter le terrain manuellement avant de la laisser aller. Ni d’un signal GPS ni du signal RTK, plus précis encore.
Bref, pas de casse-tête. L’astuce : la tondeuse Eufy utilise un système de caméras appelé TrueVision à trois objectifs. Il reproduit une vision stéréoscopique (3D) analysée par une IA qui identifie les objets à proximité. Ça semble simple, mais ces « caméras sémantiques » sont le nec plus ultra de la vision par ordinateur. Chaque pixel dans l’image est étiqueté comme représentant du « gazon », un « animal », un « humain », un « ballon », etc. La tondeuse se pilotera ainsi d’elle-même sans raser votre précieuse platebande d’hémérocalles, promet-on chez Eufy.
Cette technologie n’est pas sans rappeler la conduite autonome des taxis robotisés qui circulent dans des villes comme San Francisco. Sur les tondeuses Eufy, elle permet de tracer dans une application mobile des zones de coupe (cour avant, cour arrière…), et les robots respecteront les limites. Pour le peu qu’on a pu l’essayer (le printemps se laisse désirer…), ça fonctionne bien. On ne signale aucune perte d’arbuste.
Le reste de la fiche technique des tondeuses Eufy est standard : ses lames ont un rayon d’action de 20,3 cm, à une hauteur de 25 à 75 mm, selon vos préférences. La puissance est limitée et le poids assez léger, à 12,5 kg. Une pelouse trop humide ou trop longue lui posera probablement un défi. L’appareil n’est pas non plus à l’épreuve des racines d’arbre affleurantes, mais on trouve des lames de rechange dans la boîte. La tondeuse E15 peut couvrir 800 m2 (8600 pi2), ça grimpe à 1200 m2 (13 000 pi2) pour le modèle E18.
Yarbo, le robot à tout faire
On ne savait pas trop quoi penser du robot de jardin multifonction Yarbo, qui coûte entre 6500 $ et 10 000 $ selon sa version, jusqu’à ce qu’on apprenne qu’il s’est écoulé à plus de 5000 exemplaires depuis son lancement sur Kickstarter au tournant de la décennie. On en trouve au Québec, d’ailleurs.

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Le robot de jardin Yarbo
Le robot Yarbo peut accueillir quatre modules différents (le fabricant en promet sept d’ici l’automne). Il peut tirer une petite remorque, sa pelle peut niveler une platebande ou étendre des galets, son souffleur nettoie le terrain des feuilles mortes et d’autres déchets laissés par le passage des saisons. Il nous laisse cependant terminer le boulot en déposant tout ça dans le bac à compost.
L’hiver, le Yarbo souffle la neige. Une télécommande et des caméras à 360 degrés permettent de le diriger. Sinon, il faut installer une antenne cellulaire (4G) reliée au routeur internet de sa maison pour l’aider à se repérer dans ses fonctions autonomes de déneigement (et de tondeuse). On n’a pas testé la tondeuse, mais la souffleuse est un réel plaisir à voir aller, même si on recommande de la diriger manuellement.

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Le robot de jardin Yarbo peut se diriger lui-même ou être piloté à distance grâce à un contrôleur ou à l’application mobile homonyme.
Elle est robuste et s’est avérée assez costaude pour déblayer toute la neige accumulée depuis le début de 2025. Elle a perdu pied une fois, sur une légère pente glacée, mais s’est rapidement ressaisie. Yarbo vend des chenilles cloutées qui sont essentielles pour les tâches hivernales.
L’appareil se reconduit ensuite jusqu’à sa plaque de recharge à induction. L’appareil a une excellente autonomie, mais il fait près de 100 kg. Il ne se lève pas d’une seule main !
Yarbo a reçu plus que son lot de critiques très négatives sur l’internet. Nos tests préliminaires ont été généralement positifs, mais vu son prix et ses accessoires, on comprend les acheteurs déçus d’être fâchés. Ce robot cible avant tout les propriétaires d’une maison de type McManoir qui, sinon, auraient acheté séparément un tracteur à jardin, une grosse tondeuse, une souffleuse et d’autres appareils mécanisés.
Quand même, on a l’impression que les robots chinois sont le début de quelque chose de plus grand. Sur roulettes, sur chenilles ou même, un jour peut-être, sur quatre roues…
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