L’Alliance des États du Sahel (AES), composée du Mali, du Burkina Faso et du Niger, a annoncé le retrait de ses ambassadeurs en Algérie en réponse à la destruction d’un drone malien à la frontière commune. L’incident a été qualifié par le bloc de violation du droit international et de preuve du soutien présumé du gouvernement algérien au terrorisme.
Selon l’AES, l’attaque contre la drone, un modèle Akinci de fabrication turque opéré par l’armée malienne, constitue un acte « irresponsable » qui détériore encore davantage les relations déjà fragiles entre l’Algérie et ses voisins du sud. L’aéronef a été intercepté près de la ville frontalière de Tin Zaouatine, à l’extrême sud de l’Algérie, où les forces armées algériennes affirment avoir agi face à une incursion aérienne non autorisée.
El Colegio de Jefes de Estado de la Confederación de los Estados del Sahel (AES), que comprende Malí, Burkina Faso y Níger, condena enérgicamente la destrucción de un dron maliense por parte de Argelia, calificándola como un acto de agresión y un intento deliberado de… pic.twitter.com/PJ4YCVz8Mh
— Lahcen Haddad, PhD (@Lahcenhaddad) April 6, 2025
Le gouvernement malien a toutefois catégoriquement nié que la drone ait violé l’espace aérien algérien. Dans un communiqué diffusé par le ministère des Affaires étrangères, le Premier ministre malien, le général Abdoulaye Maiga, a accusé l’Algérie de « parrainer le terrorisme international » et a déclaré que cet acte constituait un grave précédent diplomatique. Le Mali a également annoncé qu’il déposerait une plainte officielle auprès des organisations internationales.
Cette tension survient à un moment où la distance entre l’Algérie et les gouvernements militaires du Sahel se creuse. Après leur rupture respective avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), les trois pays ont formé en septembre 2024 l’AES, une coalition axée sur la sécurité régionale et le rejet de l’ingérence étrangère, en particulier occidentale. Depuis lors, leur rapprochement avec des acteurs tels que la Russie a généré de nouvelles dynamiques géopolitiques dans la région.
Le conflit diplomatique s’intensifie sur fond d’une longue histoire de médiation de l’Algérie dans les conflits internes maliens, notamment entre le gouvernement central et les rebelles touaregs du nord. Cependant, après les coups d’État au Mali (2020 et 2021), les relations bilatérales se sont considérablement détériorées. L’Algérie a ouvertement critiqué le recours par Bamako à des mercenaires étrangers et à des armes sophistiquées, y compris des drones, pour réprimer l’insurrection dans le nord du pays.
Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux par des groupes armés opposés au gouvernement malien montrent des restes de la drone abattu, ce qui suggère qu’il n’a pas été récupéré par l’armée malienne. Certains analystes, comme Rida Lyammouri du Centre des politiques pour le Nouveau Sud – cité par l’AP -, estiment que l’affrontement ne dépassera pas le stade d’une guerre de déclarations, étant donné que le Mali ne contrôle pas totalement la zone de l’incident et que l’Algérie conserve une nette supériorité militaire.
Le retrait des ambassadeurs et le ton de plus en plus belliqueux des discours confirment la détérioration des relations entre l’Algérie et l’AES, ce qui menace de faire obstacle à toute initiative de coopération régionale dans un environnement déjà marqué par l’insécurité et l’instabilité politique. Dans le même temps, l’incident aggrave l’isolement diplomatique de l’Algérie, qui non seulement entretient des tensions avec ses voisins du sud, mais est également en conflit avec le Maroc et des personnalités influentes de la scène libyenne, comme le maréchal Khalifa Haftar, chef de l’Armée nationale libyenne.
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