The Okwelians : repenser le modèle économique camerounais [Business Africa]

Cette semaine, Business Africa met le Cameroun à l’honneur avec une édition spéciale.

Au programme : The Okwelians, un laboratoire d’idées qui mise sur la jeunesse et le secteur privé pour transformer l’économie, le défi de la valorisation locale du cacao pour une industrie plus compétitive, et l’essor de l’élevage digitalisé, une innovation freinée par le manque de financements.

The Okwelians : un laboratoire d’idées pour l’avenir du Cameroun

Le think do tank The Okwelians a posé ses valises à Yaoundé, du 19 au 21 mars 2025., pour un sommet stratégique de deux jours qui a réuni plus de 300 participants, avec pour objectif de redéfinir les perspectives socio-économiques du Cameroun à l’horizon 2035.

Face aux défis économiques et sociaux du Cameroun, The Okwelians se positionne comme un acteur clé de la réflexion et de l’action. Ce Think Do Tank, fondé par Maître Jacques-Jonathan Nyemb, vise à encourager la jeunesse à s’engager activement dans la transformation du pays.

« Nous avons formé près de 1 000 jeunes en leadership, éthique et innovation. Nous proposons du mentoring, du tutorat et encourageons le service communautaire », explique l’avocat. Mais The Okwelians, c’est aussi un laboratoire d’idées, qui, avec plus de 200 publications et 60 experts mobilisés, analyse des questions cruciales : cohésion sociale, transformation économique et gouvernance.

Une transformation économique en question

Le Cameroun fait face à plusieurs enjeux majeurs : sous-emploi, coût de la vie, dépendance aux importations. « L’enjeu est de produire ce que nous consommons et consommer ce que nous produisons », souligne Maître Nyemb. Il insiste sur la nécessité d’améliorer les infrastructures, le capital humain et le climat des affaires pour structurer un tissu économique plus robuste.

Quelle place pour le secteur privé ?

Dans un contexte où l’État joue un rôle central, The Okwelians plaide pour un secteur privé plus dynamique et inclusif. « L’État ne sait pas tout, ne peut plus tout. Il faut un patronat plus représentatif, qui couvre mieux le territoire et les petites entreprises », explique-t-il. Une évolution jugée essentielle pour favoriser l’investissement et l’entrepreneuriat.

Un modèle adaptable à d’autres pays ?

Si l’initiative est centrée sur le Cameroun, son approche inspire au-delà des frontières. The Okwelians collabore avec des think tanks en Afrique centrale et au sein du réseau Southern Voice. « Nous avons récemment étudié les chaînes de valeur agricoles avec des femmes agri-preneuses, et partagé ces travaux à l’international », précise Maître Nyemb.

Dans un contexte de transition économique et de débats sur l’avenir du Cameroun, The Okwelians se positionne comme un espace de réflexion et d’expérimentation, contribuant à dessiner les contours d’un modèle de développement plus inclusif et durable.

Cameroun : la bataille pour la transformation locale du cacao

Avec près d’1 milliard de dollars de recettes annuelles, le Cameroun est le 5e producteur mondial de cacao. Pourtant, 80 % des fèves partent à l’étranger sans transformation, privant le pays d’une précieuse valeur ajoutée.

La difficile montée en gamme

Lors du sommet The Okwelians, experts et acteurs du secteur ont débattu des défis et opportunités du cacao camerounais. « Transformer localement est crucial pour augmenter les revenus des producteurs et booster l’économie« , a insisté Narcisse Olinga, vice-président du Conseil international du cacao (ICCO) pour l’année cacaoyère 2022-2023. Mais les défis sont nombreux : infrastructures défaillantes, normes européennes contraignantes sur la déforestation, et barrières commerciales ciblant les produits finis. « L’Europe représente 80 % de nos exportations, mais elle bloque nos chocolats sous prétexte de concurrence », déplore-t-il.

Africa Processing Company, un modèle pionnier

À Douala, cette start-up casse les codes en produisant pâtes et beurres de cacao pour les marchés locaux et internationaux. « Pourquoi importer du chocolat alors que nous avons les fèves ? », s’indigne Lisette Claudia Tame, sa dirigeante. Son usine traite 4 000 tonnes/an, avec un objectif de 24 000 tonnes.

La clé : raccourcir la chaîne

L’entreprise mise sur un approvisionnement direct auprès des planteurs, éliminant les intermédiaires. « Moins de marges prélevées, plus de revenus pour eux », explique-t-elle. Mais sans soutien bancaire massif et face à des normes complexes, l’industrialisation reste un parcours semé d’embûches.

Alors que l’Asie et le Maghreb émergent comme alternatives à l’Europe, une question persiste : le Cameroun parviendra-t-il à garder une part du gâteau… ou continuera-t-il à exporter les ingrédients ?

Gajo Livestock : l’élevage 2.0 face au défi du financement

Fotso Ngassa, spécialiste en élevage, a tout perdu lors de la crise dans le Sud-Ouest camerounais. Réfugié à Douala, il a dû repartir de zéro avant de lancer Gajo Livestock, une plateforme digitale reliant éleveurs et clients à travers l’Afrique.

Son ambition ? Moderniser le secteur en facilitant la vente de bétail, l’accès aux vétérinaires en ligne (via Farm Genius 2.0), et garantir des produits certifiés. Pourtant, malgré l’innovation, le financement reste un obstacle majeur. « Aucun soutien institutionnel ni privé jusqu’ici », déplore-t-il, appelant les business angels à investir pour accélérer son expansion.

En attendant, Fotso multiplie les rencontres avec les éleveurs locaux, convaincu que sa solution peut transformer les habitudes alimentaires et renforcer la sécurité alimentaire en Afrique. Un cas emblématique des défis que rencontrent les jeunes entrepreneurs africains, entre innovation et manque de capitaux. Le secteur de l’élevage africain, avec une consommation de viande devant plus que doubler d’ici 2050, atteignant 40 kg par personne par an, offre un fort potentiel. GAJO Livestock souhaite se positionner sur ce marché en croissance.

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