Thérapie de couple : Sabrina (42 ans) et Dominique (47 ans), « J’étais face à un mur, même s’engueuler on n’y arrivait pas »
Sabrina, 42 ans, et Dominique, 47 ans, sont en couple depuis 9 ans. Ils partagent une passion pour le grand air, les longues randonnées et les beaux paysages. Pourtant, malgré les bons souvenirs qu’ils continuent de se créer, les amoureux ont connu une période de crise il y a 2 ans.
« On a eu 9 mois très difficiles. J’avais beaucoup de travail donc je n’étais pas beaucoup à la maison et Dominique est entré dans une sorte de mutisme qui ne s’arrangeait pas les jours où on pouvait enfin passer du temps ensemble. Il ne parlait juste plus. Il communiquait avec des onomatopées, des grognements, des signes de têtes. Des fois, c’était juste le silence.
Un silence insupportable
Je ne comprenais pas. Quand je rentrais tard, je me disais qu’il était juste fatigué. Et quand on était en week-end ou en vacances, je me disais qu’il me faisait payer mes absences. Je me disais que ça allait passer. Au bout de 6 mois, j’ai explosé. Mais ça n’a rien changé. Il ne faisait pas d’effort. Quelques mois plus tard, je ne voyais pas comment on allait s’en sortir. J’ai proposé qu’on aille voir une psychologue. »
Sabrina n’a pas besoin de convaincre Dominique : « Il a juste répondu « comme tu veux » et c’est tout ce que j’ai pu en tirer. Ce jour-là, j’en ai pleuré de rage. J’avais très peur que pendant le rendez-vous, j’apprenne juste qu’il ne m’aimait plus et qu’il n’avait plus envie de continuer avec moi. J’ai pris le rendez-vous, je lui ai donné la date et l’heure. Je savais qu’au moins il viendrait. Mais à ce moment-là, j’étais très en colère. On arrivait plus à communiquer du tout, il avait tout coupé, même s’engueuler on n’y arrivait pas. J’étais face à un mur. C’était insupportable. »
Pour moi un homme de mon âge c’était ça : un homme qui fait mais pas un homme qui parle
Dominique met plusieurs rendez-vous à libérer sa parole : « Je faisais des efforts mais je ne savais pas quoi dire. Je pense que j’étais dans une sorte de crise qui m’avait transformé en mon propre père. J’ai toujours connu mon père taiseux et même si nous n’avons pas pu avoir d’enfant avec Sabrina je me suis mis à répliquer tout ce que j’avais connu quand j’étais petit.
Pour moi un homme de mon âge c’était ça : un homme qui fait mais pas un homme qui parle. Ce n’était pas tellement réfléchi chez moi mais c’est ce qu’on a fini par comprendre en parlant avec la psy. Et clairement, aller à ces rendez-vous était un acte d’amour. Je pense qu’il faut de l’amour pour accepter de faire quelque chose comme ça. Sur le moment, Sabrina ne le voyait pas mais elle a fini par le réaliser. Au bout de 6 mois, on avait débloqué pas mal de choses. »
Débloquer d’autres traumatismes
Le couple décide de continuer la thérapie pour résoudre d’autres de leurs problèmes : « On a eu un parcours de PMA qui n’a rien donné et on a décidé ensemble de ne pas continuer à s’acharner. Mais même si on en avait un peu parlé sur le coup, on ne s’était pas très étendu sur le sentiment d’échec que ça avait généré chez elle comme chez moi. Il y avait un deuil à faire, clairement. Et on l’a un peu fait chacun de notre côté plutôt que de se soutenir.
En parler avec la psy nous a permis de mettre ça derrière nous. On avait bien besoin de pleurer dans les bras l’un de l’autre et on a réussi à débloquer ça que dans le cabinet de la psy. Je pense que c’est à ça que ça sert. Je n’avais pas idée avant que ça pouvait être aussi radical mais c’était clairement la meilleure décision à prendre pour nous. Plus de couples devraient y penser. »
Il arrive que Dominique retrouve son mutisme mais cela ne dure jamais bien longtemps : « Je peux compter sur Sabrina pour me dire « tu recommences » et ça nous fait rigoler tous les deux. Ce n’est pas comme si je faisais la gueule en plus. Il y a juste des moments où j’ai l’impression que tout ce que je peux dire n’a aucun intérêt. Avec la thérapie, on a réappris à partager même les choses les plus insignifiantes. Je lui dis s’il y a une chanson que j’aime particulièrement sur le moment, ou si j’ai vu un truc marrant dans la journée.
On ne se disait presque plus qu’on s’aimait
On a réappris à s’envoyer des messages aussi. Avant, je ne lui envoyais plus de textos parce que je savais que j’allais la retrouver le soir. Et du coup, tout ce que je pouvais bien avoir à dire d’un peu léger se perdait. On ne se disait presque plus qu’ on s’aimait aussi. On a recommencé grâce aux textos. Je lui dis que je l’aime dès que j’y pense, dès qu’elle dit un truc mignon, dès que je pense à elle. Ça change tout.
Je pense que c’est des mauvaises habitudes de couple qu’on prend avec le temps, de ne plus se dire les choses parce qu’on croit que ce sont des évidences. Mais on a toujours besoin de dire à l’autre qu’elle est belle, désirable et aimée. Je pense que c’est important d’entendre ces choses aussi. Ça m’a fait un bien de dingue de recevoir des déclarations de ma femme alors même que ça fait des années qu’on est ensemble. Il y a même des fois où ça me fait rougir comme un gamin. »
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