Thomas Lubanga, chef de guerre de longue date

L’Ituri, située dans le nord-est de la République démocratique du Congo, est la région d’origine de Thomas Lubanga. Depuis l’Ouganda, cet ancien chef de guerre vient de lancer officiellement un nouveau mouvement armé, la Convention pour la révolution populaire (CRP).

Thomas Lubanga est loin d’être un inconnu dans la région. Condamné en 2012 à 14 ans de prison par la Cour pénale internationale pour avoir enrôlé des enfants soldats, Thomas Lubanga a été libéré en 2020.

Une carrière de revirements

Né à la toute fin de 1960 en Ituri, Thomas Lubanga s’engage en politique à Kisangani, au sein du MPR, alors parti d’Etat. Il rejoint l’UDPS au moment où le multipartisme est instauré. Il préside le mouvement régional des jeunes du parti d’Etienne Tshisekedi pendant plusieurs années.

En 2000, il rejoint le Rassemblement congolais pour la démocratie. Le RCD-KML est un groupe rebelle soutenu par le Rwanda et actif dans l’est de la RDC entre 1998 et 2006. Ce groupe est l’un des principaux acteurs de la Deuxième guerre du Congo avant de s’allier avec le MLC de Jean-Pierre Bemba. Thomas Lubanga dirige là encore le mouvement de jeunesse des Forces patriotiques pour la libération du Congo, puis il retourne au RCD où il est promu ministre de la Défense. En 2001, Thomas Lubanga crée son propre mouvement, l’Union des patriotes du Congo. L’UPC est soutenue par l’Ouganda, puis par le Rwanda. Elle lutte contre les milices lendu qui combattent les Hema.

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Le premier verdict de la CPI a été prononcé dans l’affaire Thomas LubangaAP

La condamnation par la CPI

En mars 2006, Thomas Lubanga est arrêté en RDC et remis à la Cour pénale internationale, dont il est le premier détenu. Il est condamné en 2012 à 14 ans de prison. Il purge sa peine à La Haye jusqu’à son transfert à la prison centrale de Makala, à Kinshasa, en décembre 2015. Une fois sa peine purgée, il est libéré, le 15 mars 2020.

A son retour à Kinshasa, il est reçu par le président Félix Tshisekedi, qui espère le voir participer, avec d’autres anciens chefs de guerre, aux efforts de paix en Ituri. Thomas Lubanga rejoint même l’Union sacrée qui soutient le chef de l’Etat.

Mais la situation en Ituri continue de se dégrader, les massacres se poursuivent. Un habitant de la région, qui réclame de garder l’anonymat, estime que  » la CPI n’a, au mieux, servi à rien. »

« L’Ituri, c’est le far west »

En 2023, Thomas Lubanga est élu député de sa province d’origine. Des tensions l’opposent au gouverneur et son élection est invalidée. Cet échec à se relancer en politique le frustre et il « se sauve de l’Ituri » pour se rendre en Ouganda.

« Là où l’Etat existe, des gens qui ont dû fuir leur village devraient avoir la perspective de pouvoir revenir. Mais apparemment, certains n’aiment que la guerre. Le contexte reste très volatile. Et malgré les opérations conjointes avec l’Ouganda, les avions utilisés, il n’y a aucun résultat », nous déclare notre interlocuteur en Ituri.

Il dit comprendre la colère de certains de ses concitoyens qui veulent rendre justice eux-mêmes dans une région qui ressemble « au Far West » et « où l’Etat ne sait pas jouer son rôle régalien », dit-il.

Thomas Lubanga, lui, a choisi de créer un nouveau groupe armé, la Coalition pour la révolution populaire.

Recrutement pour le M23

Cela fait sept mois que Thomas Lubanga est installé en Ouganda. En début d’année, des experts des Nations unies avaient annoncé qu’il s’était retiré dans le pays voisin de la RDC, le plus proche de l’Ituri, pour y recruter de jeunes combattants avec un autre ancien chef de milice, Yves Kahwa Panga.

Les experts onusiens affirmaient alors que ces recrutements avaient lieu à travers les milices Zaïre et Mapi, actives en Ituri. Puis que les jeunes gens étaient ensuite envoyés dans un centre de formation du M23, à Tshanzu, localité du Nord-Kivu située à une cinquantaine de kilomètres de Goma.

Thomas Lubanga et Yves Kahwa Panga ont ainsi participé, toujours selon l’Onu, au rapprochement entre la milice Zaïre et les rebelles du M23.

Lorsque le rapport des experts des Nations unies est sorti, Thomas Lubanga et ses fidèles ont nié ces informations de collaboration avec le M23, pourtant corroborées par le renseignement congolais.

Sur notre antenne Olivier Djumbu, un partisan de Thomas Lubanga, déclarait en janvier 2025 :

« Thomas Lubanga n’a pas le niveau de rejoindre les groupes armés. C’est un monsieur qui a toujours milité pour la paix et nous n’allons pas une seule seconde rejoindre les forces négatives contre la République démocratique du Congo qui est notre pays à tous. »

D’après l’Onu, depuis Kampala et avec le soutien du Rwanda, Thomas Lubanga serait allié au M23 et à l’Alliance fleuve Congo de Corneille Nangaa.

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