Tif, le rappeur qui connecte la France et l’Algérie

Renouveler les productions hip-hop, chercher comment se démarquer de ses collègues, c’est le credo du rappeur algérien Tif. De son vrai nom Toufik Bouhraoua, le jeune homme de 27 ans a mis au point un son hybride entre le chaâbi, un genre traditionnel algérien, la musique andalouse et le rap. En tournée automnale pour son premier album, 1.6, Tif raconte son parcours d’étudiant en France, ses déceptions amoureuses, ses conquêtes, sa fierté de s’en être sorti sans aucune aide (Demain, c’est B3id).

Né à Alger, d’un père architecte pour une compagnie pétrolière et d’une mère professeure des écoles, lui et ses deux frères sont élevés dans un logement social près de Bab-El-Oued, en périphérie de la capitale. On l’appelle ­parfois Tifou, surnom dont il enlève les deux ­dernières voyelles pour se choisir un nom de rappeur, Tif : « En plus, explique-t-il, c’était une chaîne de dessins animés avec laquelle j’ai perfectionné mon ­français. »

Sur le trajet de l’école, son père lui fait écouter du chaâbi, Joe Dassin et toute la variété française. Mais, à 10 ans, il rêve d’imiter Tupac ou Booba, découverts dans les bandes-son des jeux vidéo de son frère : « Je rappais leurs textes comme eux, se rappelle-t-il. Mes parents étaient surpris de m’entendre. Puis ils ont trouvé des bouts de papier avec mes textes, c’était vulgaire. Mon père a pété un câble. A 16 ans, une manageuse française venue à Alger après avoir vu une de mes vidéos leur a vendu du rêve… C’était du pipeau. »

Le chemin de l’hybridation

Il y croit, ne lâche pas les études, obtient une place dans un BTS de management à Lyon et le voilà parti pour la France : « J’ai aussi trouvé une alternance dans une école de commerce, je me suis marié… » Il finit par arrêter les cours, erre d’un petit boulot à un autre. « Je travaillais dans des centres d’appels. A 21 ans, j’étais divorcé, j’avais pris 40 kilos. Ça a été difficile pour moi de me retrouver à nouveau sur le marché des filles. » Il part pour Paris. Son ­colocataire à Saint-Denis, algérien comme lui, est ingénieur du son. Tif se remet au rap et, en 2020, un de ses morceaux, 3iniyia, fait le buzz sur les plates-formes.

Il se lie d’amitié avec le rappeur et acteur Younès Boucif (Nezir dans la série Drôle sur Netflix), et le frère de ce dernier devient son manager. Ensemble, ils vont travailler sur son premier album, avec un beatmaker marocain, Khalil Cherradi. « En studio, relate Tif, on est comme dans un laboratoire où on a les musiques sur ­lesquelles on a grandi, les choses un peu farfelues auxquelles on pense, et on essaie de mélanger tout ça. »

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