Ça fait six mois que je vocifère pour dénoncer l’abandon total des ambitions sportives des gouvernements qui se sont succédé depuis la fin des Jeux, je peux donc bien baisser d’un ton et saluer une initiative… Élisabeth Borne et Marie Barsacq ont choisi la semaine olympique à l’école pour lancer la généralisation d’un test sportif à l’entrée en sixième en vue d’évaluer les capacités des jeunes collégiens en endurance, vitesse et force.
C’était déjà le cas, mais alors pourquoi faire ?
Un peu de communication mais aussi un crantage d’une politique publique qui peut paraitre anecdotique mais qui, si elle est bien réalisée, peut à terme donner des résultats. Je ne vais pas vous assommer de chiffres mais quand même : sur 146 pays répertoriés par l’OMS, la France se classe 119e pour le niveau de pratique physique et sportive chez les adolescents. En 25 ans nos enfants ont perdu 40% de leur capacité respiratoire… et les ¾ des 11-17 ans ne se bougent même pas une heure par jour.
Quel rapport avec des tests de sport en sixième ? A priori aucun si on se limite à cette mesure, déjà largement utilisée par les profs d’EPS qui, comme les autres professeurs ont besoin de situer leurs élèves. Bien sûr qu’ils font déjà des tests. Mais rien de formel. Et surtout ces données ne sont pas répertoriées. Elles ne peuvent donc aider à mesurer des avancées pourtant urgentes ! Certains syndicats du secondaire se sont insurgés contre ces tests par peur d’une utilisation du sport à l’école comme un outil « hygiéniste » disons, avec comme seule arrière pensée, la santé (comme c’est le cas en Grande-Bretagne ou en Slovénie). L’EPS est un enseignement plus complexe, certes physique mais surtout global pour une culture sportive dans un pays si pauvre en la matière. Mais l’un ne peut plus empêcher l’autre. Les chiffres que j’ai évoqués sont implacables : si on les aligne ils forment l’équation d’une bombe sanitaire qui va nous péter à la face dans 5, 10, 15 ans.
Il faut trouver tous les moyens pour sortir nos enfants de leur canapé et de leurs écrans
La mesure de la performance peut y aider. Et la performance, ça n’est pas sale ! Ça n’est pas une valeur néolibérale et bourgeoise. C’est au contraire le socle d’une espérance et d’une meilleure estime de soi, fondamentale à l’adolescence notamment pour les enfants les plus défavorisés et pour les jeunes filles. C’est en courant un peu plus vite, en sautant un peu loin, en lançant un peu plus fort qu’on retrouve la satisfaction du progrès accompli dans son corps et dans sa tête !
En remettant nos enfants en mouvement, et en les aidant à se dépasser un peu plus, on va en plus leur redonner un truc magique pour leur vie future : le gout de l’effort. Pas pour devenir des champions ou gagner des millions ou des médailles, non, juste pour leur prouver qu’ils peuvent devenir les champions d’eux-mêmes comme dit Guillaume Dietsch, agrégé d’EPS. C’est aussi un moyen de remettre le prof de sport au centre des priorités des parents. On le zappera plus lors des réunions de parents d’élèves, parce que c’est avec lui qu’on va vérifier les évolutions, discuter de la santé physique mais aussi mentale de nos petits et qui sait, les accompagner dans une pratique plus régulière, même en dehors de l’école.
Sans compter que réussir en sport entraîne on le sait, une réussite plus global dans toutes les autres matières. Ce serait bien de se souvenir que Mens Sana, in corpore sano…
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