Il s’agissait d’un des plus importants projets d’énergie renouvelable en France. TotalEnergies a annoncé samedi 8 mars «l’abandon» du projet de centrale photovoltaïque Maya en Guyane, initié en 2019 pour contribuer à l’autonomie en électricité de ce territoire où le réseau reste instable. En cause, selon la multinationale française : la perte du soutien des pouvoirs publics. «TotalEnergies se voit contraint de prendre la décision d’abandonner le développement du projet de ferme solaire Maya», qui portait sur un investissement de 200 millions d’euros, indique ainsi le groupe dans une brève déclaration écrite, confirmant des informations de France-Guyane.
Rappelons que TotalEnergies a enregistré en 2024 un bénéfice de 15,8 milliards de dollars, après deux années de profits records, 21,4 milliards de dollars de résultat net en 2023 et 20,5 milliards en 2022, dopés par la flambée des prix du pétrole et du gaz dans un marché bouleversé par la reprise post-Covid et l’invasion russe de l’Ukraine.
Le gouvernement a lancé vendredi la consultation sur son projet révisé de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), document qui définit la politique énergétique en France jusqu’en 2035. Le document, rendu public mi-février, «indique l’absence de besoin de moyens additionnels de production de puissance pilotable autour de Cayenne», affirme la multinationale française.
Si l’énergie solaire est par nature intermittente, elle peut être rendue «pilotable», c’est-à-dire produite selon la demande, grâce à des batteries qui stockent l’électricité produite pendant le jour par les panneaux photovoltaïques. La centrale projetée «garantissait 20 mégawatts de puissance disponible en continu d’énergie verte pour la population de Cayenne, qui subit régulièrement l’instabilité du réseau électrique», rappelle TotalEnergies.
Le projet, qui aurait permis la création de 32 emplois, prévoyait une centrale photovoltaïque de 120 mégawatts-crête (dans des conditions d’ensoleillement optimales) et une capacité de stockage de 240 MWh de batteries pour pouvoir couvrir l’alimentation électrique de Cayenne la nuit. Il aurait permis de réaliser «un tiers du chemin à parcourir pour atteindre l’autonomie électrique en Guyane», affirme TotalEnergies.
«C’est une grande amertume, la Guyane n’a pas le luxe de se priver d’un tel porteur de projet», a déploré la mairie de Macouria, où devait s’implanter la centrale. «On ne nous a pas donnés de raison pour justifier l’arrêt du projet, mais on n’était pas non plus informé de l’évolution de la PPE», a déclaré Albéric Benth, le président du Syndicat mixte d’énergie de Guyane (Smeguy).
Jean-Luc Le West, vice-président de la collectivité territoriale de Guyane (CTG) notamment chargé du développement économique, trouve pour sa part «désespérant qu’une entreprise qui vient investir en Guyane ne trouve pas le soutien escompté». Marie-Lucienne Rattier, conseillère territoriale chargée du numérique, a indiqué «comprend (re) l’abandon de TotalEnergies» si le groupe ne se sent pas soutenu.
Cette élue porte un projet de centre de données et de village numérique sur une surface de 10 000 m², chiffré à 480 millions d’euros, qui devait être voisin de Maya et bénéficier de l’énergie constante fournie par le parc photovoltaïque. L’abandon de Maya risque de porter un coup fatal à ce projet aussi.
La PPE, qui prévoit notamment des ajustements sur la production d’énergie solaire en France, donne la feuille de route énergétique de la France sur la période 2025-2035 afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Un décret doit être publié début avril, à l’issue de la consultation finale du public lancée vendredi pour recueillir d’ultimes remarques sur le texte, a indiqué le ministère de l’Energie à Bercy.
Crédit: Lien source