Traque de Mohamed Amra : Code pénal, derniers fugitifs en date… Où en est la France avec les évasions de prison ?
À l’instar de Mohamed Amra, en fuite depuis l’attaque par un commando de son convoi pénitentiaire, mardi 14 mai, de nombreux détenus cherchent chaque année à regagner leur liberté.
Mohamed Amra, détenu particulièrement surveillé, est en cavale depuis l’attaque mardi 14 mai du convoi pénitentiaire chargé de son extraction. Le commando d’au moins cinq malfaiteurs à l’origine de son évasion a tué deux agents pénitentiaires. Si des opérations aussi spectaculaires et violentes sont rares, chaque année, des dizaines de détenus sont considérés comme des évadés.
Pas de « droit à s’enfuir »
Le Conseil de l’Europe a recensé 734 évasions en France en 2021 – soit 105 pour 10 000 détenus. Dans l’Hexagone, les évasions sont punies de trois ans d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende. Une peine majorée à cinq ans et 75.000 euros d’amende si elles sont réalisées avec violence, effraction ou corruption. La France ne reconnaît pas le « droit à s’enfuir », comme c’est le cas aux Pays-Bas, en Belgique ou en Suisse, où la liberté étant reconnue comme une aspiration naturelle, une évasion n’est pas punie si aucun délit ne s’ensuit pendant la fugue.
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Contraint par le secret statistique, le bureau de la donnée de l’administration pénitentiaire ne communique ni les méthodes d’évasions ni les établissements depuis lesquels les détenus se sont enfuis. La définition du Code pénal est large : « constitue une évasion punissable le fait, par un détenu, de se soustraire à la garde à laquelle il est soumis ». Les évasions qui ont lieu lors d’hospitalisations, d’extractions judiciaires, de chantiers extérieurs ne sont donc pas différenciées de celles se déroulant lors de permissions de sortie ou de promenade, quand les détenus ne réintègrent pas les centres pour peines aménagées ou de semi-liberté ou ôtent leur bracelet de surveillance électronique.
Les « rois de la belle »
Si la plupart des évasions se font sans violence et sans plan à la Prison Break, certaines ont eu un fort retentissement dans la presse, rappelle Le Monde, par les moyens exceptionnels mis en œuvre ou l’imaginaire populaire mobilisé. La dernière en date était la fuite de la prison de Réau par hélicoptère du braqueur Rédoine Faïd, en 2018. Le commando qui l’aidait, encagoulé et armé, avait aveuglé les caméras à l’aide de fumigènes et coupé les portes à la disqueuse. Le détenu s’était déjà évadé d’une autre prison cinq ans auparavant, en prenant en otage des surveillants, avant de faire sauter plusieurs portes à l’explosif. Avant lui, Pascal Payet, figure du grand banditisme, avait déjà organisé trois évasions par hélicoptère.
En juin 2014, le trafiquant de drogue Ouaihid ben Faïza, s’était évadé de Villepinte lors d’une consultation médicale à l’hôpital Delafontaines de Saint-Denis (93) avec l’aide d’un commando lourdement armé. Rattrapé, il avait été condamné à huit ans de prison en 2016 pour cette évasion. En 2003, la seconde cavale du braqueur Antonio Ferrara, libéré à coups d’explosifs, lui avaient valu le surnom de « roi de la belle ». En 2001, Francis Mariani, Pierre-Marie Santucci et Maurice Costa s’étaient enfuis d’une prison de Haute-Corse en trompant l’administration pénitentiaires par des faux fax du juge des libertés d’Ajaccio demandant leur levée d’écrou.
Jusqu’à la fuite de Mohamed Amra, aucun mort en service dans l’administration pénitentiaire n’avait cependant été à déplorer depuis 1992, a rappelé Eric Dupond-Moretti le 15 mai. Il s’agissait de Marc Dormont, tué lors de l’évasion de huit détenus de la maison centrale de Clairvaux.
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