Un amoureux des sports rend l’âme

Daniel Cloutier, journaliste aguerri de la section des sports du Journal de Montréal pendant quatre décennies a rendu l’âme, hier des suites d’une longue maladie. Véritable amoureux des sports et grand amateur de boxe, sa versatilité lui a permis de suivre de grands moments.

Des années 1970 aux années 2000, quand il n’était pas autour d’un ring ou dans un gymnase de boxe, il arpentait les abris des Ligues majeures ou les paddocks de la série IndyCar aussi appelée Champ Car et CART à l’époque des Patrick Carpentier, Alex Tagliani et Paul Tracy.

«Daniel est certainement le seul journaliste de l’histoire à avoir remis une carte toute blanche le jour du match parfait de Dennis Martinez à Los Angeles en juillet 1991, a relaté avec humour son coloré collègue de l’époque, Serge Touchette, avec qui il couvrait le baseball des Expos.

«Il ne marquait jamais les retraits sur sa carte, donc ce jour-là, la fiche des Dodgers était blanche, a poursuivi «Touche» en multipliant les histoires. On l’a longtemps agacé avec ça. C’était vraiment un bon gars, sympathique. J’ai toujours adoré travailler avec lui. C’était un compagnon de travail incroyable et travaillant.»

Une farce

Touchette lui a aussi joué de vilains tours. Un jour, il l’a entre autres envoyé interviewer Eddy Murray qui jouait alors chez les Dodgers. Le hic, c’est que le joueur était réputé pour détester les journalistes. «Clou» est donc descendu dans l’abri pour le rencontrer. C’est là que Murray lui a accordé deux questions. Si l’une d’entre elles n’était pas bonne, il foutait alors le camp. Ce qu’il a fait dès la seconde, ce qui a fait enrager le scribe qui aurait aussitôt fait ressortir le Québécois en lui.

«On l’avait pogné d’aplomb», a rigolé Touchette.

«Daniel était aussi reconnu pour amener son jus de tomate et ses peanuts, a-t-il enchaîné. C’était particulier sur la galerie de presse. Les gars n’en revenaient pas.»

Pierre Durocher, un autre collègue de longue date du Journal, a aussi salué l’homme avec qui il partageait une belle camaraderie et une grande amitié. Secoué au moment d’apprendre la nouvelle transmise par la conjointe de «Clou», Sylvie Bissonnette, en matinée, il a vanté ses aptitudes, sa polyvalence et sa joie de vivre en racontant bon nombre d’histoires.

«J’ai eu la chance de couvrir plusieurs combats mémorables en sa compagnie dont le fameux affrontement entre Sugar Ray Leonard et Roberto Duran en 1980 au stade olympique», s’est rappelé «Duro».

Pas comme les autres

Le pilote automobile Patrick Carpentier a aussi souligné sa passion des sports et son respect des athlètes.

«C’était facile de le côtoyer contrairement à d’autres journalistes. On s’installait et on pouvait jaser de tout. On pouvait dîner ensemble et parler de tout et de rien. Dans ses couvertures, il travaillait très fort pour tout connaître. Il effectuait ses recherches, il était prévoyant et savait bien analyser les situations. C’était un gars juste», a-t-il relaté à propos de celui qui a couvert l’une de ses victoires, soit à Laguna Seca ou au Michigan.

Carpentier s’est aussi remémoré un beau moment de leur amitié. À Las Vegas lors d’un combat de championnat du monde d’Evander Holyfield, le journaliste lui avait offert son siège près du ring et l’avait amené dans les conférences de presse.

«Il était si gentil. On s’est souvent dit qu’on devait se revoir dans les dernières années. C’est en apprenant une triste nouvelle comme celle-là qu’on se rend compte qu’il faut vraiment le faire quand c’est le temps, et non trop tard», a rappelé Carpentier.

Ses collègues et les sportifs ont évidemment souligné son amour pour le noble art. De leur avis, le septuagénaire est le journaliste québécois ayant couvert le plus de championnat du monde avec plus de 200 galas au compteur, tant sur la scène locale qu’internationale.