Un An Après, Où en Est-on ?

Après un an de pouvoir au Sénégal, les jeunes attendent toujours emploi et changement. Espoir ou désillusion ? La réponse pourrait vous surprendre…

Imaginez-vous à 29 ans, un diplôme en poche, et pourtant, chaque matin, le même horizon : pas de travail, pas de perspectives. Au Sénégal, cette réalité frappe des milliers de jeunes, un an après une élection qui avait allumé une flamme d’espoir. En mars 2024, un duo charismatique a pris les rênes du pays, porté par des promesses de rupture et de renouveau. Mais aujourd’hui, alors que le calendrier affiche mars 2025, beaucoup se demandent : où est passé ce vent de changement ?

Un An de Pouvoir : Espoirs et Réalités

Il y a un an, les rues vibraient d’enthousiasme. La victoire éclatante d’un tandem politique, soutenu par une jeunesse lasse de l’ancien régime, laissait présager une transformation profonde. Ces leaders, issus d’un parti prônant le souverainisme et la justice sociale, ont séduit par leur discours audacieux. Mais un an plus tard, le tableau est contrasté : entre patience affichée et impatience grandissante, la jeunesse sénégalaise oscille.

Une Jeunesse en Attente

Au Sénégal, **75 % de la population** a moins de 35 ans. Une statistique impressionnante qui cache une réalité plus sombre : une grande partie de ces jeunes est coincée dans un cercle vicieux de chômage et de précarité. Prenez l’exemple d’un homme de 29 ans, titulaire d’un Master en géographie, sans emploi depuis 2019. “Je pensais que six mois suffiraient pour voir du concret”, confie-t-il, désabusé mais pas encore résigné.

“Un an, c’est trop court pour juger. Donnons-leur deux ou trois ans.”

– Un jeune de Touba, plein d’espoir malgré tout

Ce sentiment est partagé. Beaucoup continuent de croire en ces dirigeants, même si les résultats tardent. Mais entre espoir et pragmatisme, la question reste : combien de temps cette patience durera-t-elle ?

Le Chômage : Un Fléau Persistant

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. D’après une source officielle, le **taux de chômage** est passé de 19,5 % fin 2023 à 20,3 % fin 2024. Une hausse modeste, certes, mais qui reflète un problème structurel. Les jeunes, souvent qualifiés, peinent à s’insérer dans un marché du travail saturé. Les promesses de réforme – justice, emploi, baisse du coût de la vie – se heurtent à une situation héritée, qualifiée de “catastrophique” par les nouveaux dirigeants.

Pour un étudiant en gestion de 26 ans, la situation n’est pas alarmante. “Ils tâtonnent, mais ils avancent”, assure-t-il. Selon lui, le gouvernement doit toutefois s’ouvrir davantage à l’international pour attirer des fonds. Une vision pragmatique qui tranche avec l’idéal souverainiste du régime.

Les Héros de la Rupture : Qui Sont-Ils ?

Portés par une vague de contestation, ces leaders ont émergé d’un mouvement populaire. Entre 2021 et 2024, le pays a été secoué par des manifestations violentes contre l’ancien régime. Des dizaines de jeunes ont perdu la vie, souvent sous les balles des forces de l’ordre. Cette jeunesse, fer de lance du changement, a cru en un duo promettant de briser les chaînes d’un système usé.

• Un parti jeune, fondé sur des idéaux de souveraineté.
• Une victoire électorale écrasante en mars 2024.
• Un discours centré sur la jeunesse et la justice sociale.

Mais gouverner n’est pas manifester. Face à une économie fragile et des attentes immenses, le tandem doit jongler entre idéologie et réalisme.

Entrepreneuriat : Une Solution en Demi-Teinte

Pour répondre au chômage, le gouvernement mise sur l’entrepreneuriat. Une structure dédiée a financé 40 000 projets depuis 2024, pour un montant de près de 26 milliards de francs CFA. Une initiative louable, mais qui ne convainc pas tout le monde. “Conduire une moto-taxi, ce n’est pas un avenir”, déplore un jeune de 19 ans, posté sur un trottoir de Dakar.

Si certains saluent ces efforts, d’autres y voient une réponse insuffisante. Créer des industries, voilà ce que réclament les jeunes comme ce conducteur de moto-taxi.

L’Émigration : Un Cri de Désespoir

Pendant ce temps, les départs clandestins vers l’Europe s’intensifient. Des centaines de jeunes ont péri en mer l’an dernier, fuyant un avenir qu’ils jugent bouché. Un pêcheur de 19 ans, autrefois confiant dans le nouveau régime, envisage aujourd’hui cette option. “La mer ne nourrit plus, le carburant coûte cher”, explique-t-il, résumant un désarroi partagé.

“L’avenir est sombre. La mer, c’est peut-être ma seule chance.”

– Un jeune pêcheur désabusé

Face à cette crise, le président a récemment exigé une nouvelle politique de l’emploi d’ici fin avril. Mais pour beaucoup, le compte à rebours a déjà commencé.

Souverainisme ou Ouverture : Le Grand Dilemme

Le régime prône une indépendance farouche. Une posture séduisante, mais qui limite les partenariats étrangers. “Le souverainisme, c’est bien, mais ça ne règle pas tout”, souligne un étudiant. Pour lui, ouvrir le pays aux investissements internationaux est une nécessité. Un débat qui divise, alors que les caisses de l’État peinent à suivre les ambitions affichées.

Les jeunes, eux, attendent des actes. Car si l’espoir persiste, il s’effrite doucement sous le poids des réalités quotidiennes.

Et Après ? Une Question de Temps

Un an, c’est court pour transformer un pays. Les partisans du régime le répètent : patience est le maître-mot. Mais pour une jeunesse qui a tout misé sur ce changement, chaque mois sans progrès est une éternité. Entre les financements aux projets, les promesses d’emploi et les rêves d’industries, le chemin reste long.

• Patience : un mot-clé pour les optimistes.
• Action : le cri des plus pressés.
• Espoir : ce qui tient encore debout.

Alors, où en est-on vraiment ? Entre avancées timides et défis colossaux, le Sénégal de 2025 reste à un carrefour. La jeunesse, elle, continue d’attendre – mais jusqu’à quand ?