Un an au pouvoir au Sénégal, Trump bouscule l’Afrique, dégel entre Alger et Paris… Les 5 infos qu’il ne fallait pas rater

Publié le 5 avril 2025

Lecture : 5 minutes.

Bonjour à toutes et à tous,

Bienvenue dans cette nouvelle édition du Brief de Jeune Afrique, qui vous propose de revenir sur les cinq articles qu’il ne fallait pas manquer au cours des sept derniers jours.


la suite après cette publicité


Au programme de cette édition :

  1. Premier anniversaire et premier bilan pour le Sénégal de Sonko et Faye
  2. Trump bouscule l’Afrique
  3. Pourquoi les relations entre Alger et Paris se réchauffent
  4. Joseph Kabila, simple retour ou vraie revanche ?
  5. MTN gagne une bataille au Cameroun

1 – Un an d’Ousmane Sonko au pouvoir au Sénégal

Anniversaire. Aujourd’hui, le Sénégal a fêté, comme tous les 4 avril depuis soixante-cinq ans, son indépendance. Et cette semaine, le pays célébrait aussi la première année au pouvoir du duo Bassirou Diomaye Faye-Ousmane Sonko. L’occasion pour Marième Soumaré, notre correspondante à Dakar, de décrire la méthode du premier ministre en exercice.

  • « Au sein du gouvernement, tout passe par lui, raconte-t-elle. Tous les audits, lancés depuis avril 2024, arrivent sur son bureau. Idem pour les projets prioritaires des ministères, dont les budgets sont systématiquement réévalués à la primature par une task force dédiée. »
  • « Dans les ministères et dans l’administration, le Premier ministre veut aussi une rationalisation des dépenses : véhicules, carburants, avantages… “On parle de rationalisation, mais à la primature, c’est l’austérité”, sourit l’un de ses conseillers. Ousmane Sonko n’hésite pas à annuler les déplacements de ministres lorsqu’il les juge superflus, ni à limiter la taille des délégations à 3 ou 4 personnes. »
  • « Là ses adversaires et certains observateurs le disent “têtu”, “immature”, “incapable d’écouter ses conseillers”, ses proches décrivent un Premier ministre “fonceur”, voire “bagarreur”. “Tranchant” certes (“même avec nous !”, souligne un cadre de Pastef) mais parce qu’il est “dans une posture de vérité”. »

Revanche. Cet anniversaire est aussi l’occasion d’analyser où en est le parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) et notre journaliste Mehdi Ba se demande si l’organisation est trop occupée à prendre sa revanche pour commencer à construire.

2 – Les droits de douane de Trump bousculent l’Afrique

Donald Trump, présentant le tableau sur lequel figurent les augmentation de taxes douanières imposées à l’ensemble des pays de la planète, le 3 avril 2025 à la Maison-Blanche. © Photo by Andrew Leyden / NurPhoto / NurPhoto via AFP


la suite après cette publicité


Les faits. Avant la fête nationale sénégalaise, c’était jeudi le « Liberation day » aux États-Unis. Donald Trump a annoncé une hausse historique des droits de douane (leur moyenne est multipliée par 10, au plus haut depuis un siècle) et cette nouvelle politique commerciale risque de faire des victimes en Afrique.

Les pays africains les plus touchés. L’Algérie voit ses exportations vers les États-Unis taxées à hauteur de 30 %, la Tunisie à 28 %, la Côte d’Ivoire à 21 %, le Cameroun à 11 %… La palme (mondiale) revient au Lesotho (dont le président américain disait il y a encore un mois que « personne » n’en avait jamais entendu parler) qui écope de droits de douane à hauteur de 50 %. Madagascar n’est pas loin avec 47 %. Nous avons listé les pays du continent frappés par ces mesures dans une infographie, disponible ici.


la suite après cette publicité


Ce que ça va changer. Quelle incidence aura cette politique ultra-agressive ? Difficile à dire, même si la réaction des Bourses à travers le monde montre que les investisseurs craignent un dévissage global. La méthode de calcul utilisée pour aboutir à cette hausse des droits de douane donne sûrement la meilleure explication. La Maison-Blanche l’a transmise aux journalistes et elle peut paraître repoussante de prime abord :

Formule présentée par la Maison Blanche pour expliquer le calcul des droits de douane. © Capture d’écran

Formule présentée par la Maison Blanche pour expliquer le calcul des droits de douane. © Capture d’écran

Si on la décrypte, il s’agit en réalité du rapport du déficit commercial des États-Unis envers un pays donné sur les importations venant de ce pays. Le résultat est divisé par deux, car, a expliqué Donald Trump, il est « gentil ». Et un seuil est instauré à 10 %.

En somme, plus un pays exporte vers Washington des produits et moins il en importe, plus il sera taxé. Un calcul particulièrement difficile pour les pays pauvres, qui n’achètent pas de biens américains par manque de moyens, mais qui font vivre leur population grâce à des produits fabriqués à bas coûts dont les États-Unis ont besoin.

3 – Pourquoi les relations entre Paris et Alger se réchauffent

Emmanuel Macron accueilli par son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour une visite de trois jours en Algérie, le 27 août 2022. © NurPhoto via AFP

Emmanuel Macron accueilli par son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour une visite de trois jours en Algérie, le 27 août 2022. © NurPhoto via AFP

Dégel. Lundi, c’était l’Aïd al-Fitr, et l’occasion pour Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron d’enfin se rapprocher après plusieurs mois de défiance. Lors d’une conversation téléphonique, les présidents algérien et français ont évoqué leur volonté de « renouer le dialogue » et plusieurs décisions ont été annoncées en ce sens :

  • le ministre français des Affaires étrangères se rendra à Alger dimanche ;
  • « retour sans délai de la coopération sécuritaire » ;
  • mise en place d’une « coopération migratoire confiante, fluide et efficace », qui devra « traiter toutes les dimensions de la mobilité entre les deux pays » ;
  • la relance du dialogue mémoriel.

Les causes. Ce rapprochement est expliqué par Olivier Marbot dans un article intitulé « Cinq questions pour comprendre le réchauffement entre Alger et Paris ». Il revient sur les différentes crises qui ont éloigné les deux pays (celles des influenceurs, de la reconnaissance de la marocanité du Sahara ou encore la polémique autour de Boualem Sansal, qui vient de faire appel de sa condamnation) et sur les causes de la nouvelle détente (Emmanuel Macron s’est notamment opposé à dénoncer l’accord de 1968 sur la circulation et le séjour des Algériens en France).

4 – Joseph Kabila, simple retour ou vraie revanche ?

Joseph Kabila, l’ancien président de la RD Congo, à Johannesburg, le 18 mars 2025. © Siphiwe Sibeko/REUTERS

Joseph Kabila, l’ancien président de la RD Congo, à Johannesburg, le 18 mars 2025. © Siphiwe Sibeko/REUTERS

Fin du silence. C’est finalement par le biais d’une tribune au vitriol publiée le 23 février dans les colonnes du Sunday Times, un journal sud-africain, que Joseph Kabila a fait son retour médiatique après plusieurs années de silence. À cette première sortie très commentée ont succédé, en mars, un entretien avec des journalistes de la télévision namibienne et une conférence de presse en Afrique du Sud. Une exposition médiatique presque déroutante venant d’un homme qui, depuis son départ du pouvoir en 2019, n’avait pas accordé la moindre interview. « Le temps du silence est passé », justifie l’un de ses visiteurs auprès de Romain Gras. Notre journaliste analyse le retour politique du « raïs ».

Stratégie. Selon ses proches, qui refusent de parler d’un retour à la vie politique – l’ex-président ne l’aurait, selon eux, jamais quittée –, ces interventions ne sont qu’un élément d’une offensive plus large qui répond à deux objectifs : préserver ce que Kabila considère comme son héritage politique, et peser sur les processus de médiation. « Il a laissé le régime actuel déployer sa gouvernance afin que le peuple puisse juger sur pièces », résume l’un de ses anciens ministres, pour qui « il est clair que le chaos s’est imposé ».

5 – MTN gagne une bataille au Cameroun

Le siège MTN Cameroun, à Douala. © DR

Le siège MTN Cameroun, à Douala. © DR

Les faits. Le feuilleton MTN au Cameroun se poursuit et la filiale du géant sud-africain continue de gagner du terrain. La cour d’appel camerounaise a ordonné le déblocage des comptes bancaires du numéro un du secteur télécoms au Cameroun. Ces fonds, environ 21 millions d’euros, avaient été gelés en 2022 après un conflit judiciaire opposant l’homme d’affaires Baba Ahmadou Danpullo à une banque sud-africaine, la First National Bank (FNB).

Nouvelles démarches. Après la liquidation de certains biens immobiliers de Danpullo en Afrique du Sud, ce dernier avait obtenu la saisie des comptes de sociétés sud-africaines au Cameroun, dont MTN. L’opérateur a salué cette décision favorable, alors que la partie adverse envisage déjà de nouvelles démarches judiciaires.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Crédit: Lien source

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.