Un athlète d’Haïti aux Olympiques, un modèle pour le pays | Jeux olympiques

C’est dans le dojo d’Ernst Laraque, à Montréal, que nous l’avions rencontré pour la première fois, au mois de mars dernier.

Ernst Laraque est double champion canadien et septuple champion d’Haïti. C’est lui qui a pris en charge une partie de l’équipe haïtienne de judo, qui ne pouvait plus s’entraîner dans ce pays dévasté par le chaos.

Le parcours de Philippe Metellus est celui du combattant. Une lutte quotidienne qui l’a mené dans tous les pays d’Europe. Il a dû payer toutes ses dépenses, un sacrifice de tous les instants, afin d’obtenir son précieux billet pour les Jeux.

Lundi, à Paris, il est monté sur le tatami de l’aréna du Champ-de-Mars, le pas assuré, avec bien sûr la volonté de vaincre. Pour son premier combat, il avait en face de lui un coriace Thaïlandais, Masayuki Terada.

Pendant le combat, dans les tribunes fusaient des : Vas-y Philippe! Ces bruyants encouragements, ce sont ceux de ses parents, Abel et Élisabeth, qui ont fait le voyage de Port-au-Prince.

Philippe Metellus en action à ParisPhoto : Radio-Canada / Robert Frosi

Metellus s’est incliné, malgré une belle résistance. Encore essoufflé par son combat, il nous a livré ses premiers commentaires.

C’était magique, et en même temps, c’était stressant, a-t-il admis. Ce sont plein d’émotions qui se mélangent. C’est vraiment une belle expérience, même si c’est dommage que ce soit terminé après le premier combat.

Il a quitté la compétition sans regret. Cela fait huit ans qu’il se bat pour réaliser son rêve olympique. Il est venu à Paris avec une mission en tête, celle de montrer que le rêve existe et que les Haïtiens peuvent garder espoir.

Le message que j’envoie, c’est que malgré les difficultés, malgré les obstacles, il faut garder les yeux sur les objectifs que l’on se fixe. Tôt ou tard, le travail dur et acharné, ça porte fruit.

Ils regardent la caméra en souriant.

Élisabeth et Abel Metellus, les parents de PhilippePhoto : Radio-Canada / Robert Frosi

À la sortie de l’amphithéâtre, Abel était on ne peut plus fier de son fils.

On a tellement suivi Philippe pendant des années… C’est un rêve qui se réalise enfin d’être ici, aux Jeux olympiques. Qu’importe le résultat, c’est la plus belle des victoires, parce qu’il l’a cherchée depuis son plus jeune âge.

Sa mère était encore sous le coup de l’émotion.

Je suis fier de Philippe et je pense qu’il est un bon exemple de persévérance. C’est une fierté de représenter Haïti et un modèle pour la jeunesse qui, en ce moment, en a bien besoin.

Quand on lui pose la question, Abel reconnaît qu’il existe une ressemblance entre lui et l’écrivain Dany Laferrière. Comme celui qui a été intronisé à l’Académie française, Abel se veut philosophe.

On a pu sentir partout, ici dans l’aréna, mais aussi sur les réseaux sociaux, tout le soutien de la communauté haïtienne envers Philippe et tous les autres athlètes qui représentent ici Haïti. On cherche une bouffée d’oxygène et ça ne peut faire que du bien pour notre jeunesse, parce que le parcours de Philippe en est un inspirant. C’est une note positive pour notre pays, qui en a besoin.

Emma, la conjointe de Philippe, a fait le voyage depuis le Québec. La Franco-Canadienne est installée à Montréal depuis 13 ans. Elle a vécu le parcours chaotique de son amoureux et était encore émotive lorsqu’on l’a rencontrée.

Quand on a annoncé le nom de Philippe dans l’aréna, j’ai été émue et fière. Cela fait des années qu’avec Philippe, on espère qu’il va enfin se qualifier. Aujourd’hui, avec sa famille et la mienne, on est tous extrêmement heureux pour lui de faire enfin partie des grands, si l’on peut dire.

Emma nous confie que l’un des objectifs de Philippe était de montrer une image positive de son pays. Il voulait faire cela aussi pour accomplir un rêve d’enfant, pour prouver que lorsqu’on persévère, on peut arriver à de grandes choses, conclut-elle

Quand on demande à Emma, à Élisabeth et à Abel quel sera le premier mot qu’ils vont dire à Philippe quand ils le verront, ils répondent dans l’ordre : Bravo, compliment, super!

Lundi, à l’Aréna Champ-de-Mars, un combattant s’est levé, comme le dieu romain, à qui l’on a dédié la place.

D’ailleurs, pour ceux qui l’ignorent, Mars était le dieu des combats!

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