La dernière semaine a été pénible pour la direction d’Énergie NB. Les tuiles se sont abattues les unes après les autres sur la tête de la PDG Lori Clark. L’état de la société de la Couronne est préoccupant. Si rien n’est fait, le jour n’est sans doute pas loin où elle ne sera plus solvable et incapable d’offrir des tarifs d’électricité concurrentiels. Le gouvernement Holt ne peut pas rester les bras croisés.
La dernière semaine s’annonçait pourtant positive pour Lori Clark. La PDG était censée dévoiler les résultats d’un audit portant sur des factures d’électricité de décembre 2024 qui, pour plusieurs clients, ont été beaucoup plus élevées qu’à la normale. Elle a plutôt révélé que la vérification prendra trois mois au lieu des trois semaines originalement prévues.
Mme Clark n’était pas au bout de ses peines. Irving Paper a annoncé qu’elle fermera définitivement 50% de ses activités «en raison des tarifs d’électricité industriels non concurrentiels du Nouveau-Brunswick». Dans son communiqué de presse, l’entreprise ajoute vouloir assurer la viabilité à long terme de l’entreprise «face à la hausse fulgurante des tarifs d’électricité».
Énergie NB a augmenté ses tarifs en moyenne de 10% en 2024 et s’apprête à le faire de nouveau le mois prochain.
La nouvelle de la fermeture de l’une des deux machines à papier de l’entreprise et de la perte de 140 emplois a eu l’effet d’une bombe à Saint-Jean, mais aussi dans la capitale. Le communiqué précise la volonté d’Irving Paper de tenter avec le gouvernement provincial d’établir un plan permettant de poursuivre l’exploitation de l’usine à 50% de sa capacité «avant la nouvelle hausse de 10% des tarifs d’électricité».
Le gouvernement Holt a bien décodé le message des Irving: trouvez une solution ou d’autres pertes d’emplois pourraient survenir. Le ministre des Ressources naturelles, John Herron, a ordonné à son équipe de préparer un plan d’ici avril.
Nul ne sait ce que le ministre Herron a en tête, mais à court terme, il n’y a pas 36 options. S’il veut sauver les emplois d’Irving Paper, il devra réduire artificiellement la facture d’électricité à l’aide de subventions directes ou détournées. S’il le fait pour Irving, il devra le faire aussi pour les autres scieries et papetières de la province.
Cette stratégie lui permettrait de gagner du temps, mais ne réglera pas tout. Énergie NB est surendettée. Afin d’acquitter ses responsabilités, elle n’a d’autres choix que d’imposer d’autres hausses de tarifs tout aussi salées. Les hausses de 2024 et de 2025 ne sont pas une exception; elles sont la règle.
Les efforts d’Énergie NB visant à réduire son endettement ou augmenter ses revenus, notamment en créant une industrie des réacteurs nucléaires modulaires, ont échoué. Le ministre des Finances et de l’Énergie, René Legacy, a annoncé il y a quelques jours que le gouvernement provincial cessera de subventionner l’entreprise ARC à moins de constater des progrès importants. Ne retenez pas votre souffle…
Les problèmes sont appelés à empirer, notamment en raison de la remise à neuf du barrage hydroélectrique de Mactaquac, qui pourrait coûter plus de 7 milliards $. À l’inverse, la PDG Clark soutient que des compressions budgétaires trop importantes auraient des conséquences néfastes sur la sécurité et la viabilité du réseau.
Un économiste, David Campbell, a lancé l’idée que les contribuables absorbent une partie de la dette de la société de la Couronne afin qu’elle puisse respecter son mandat de vendre de l’électricité à un prix raisonnable.
René Legacy n’a pas rejeté la proposition. Nous exhortons toutefois le ministre à examiner la question de l’avenir d’Énergie NB dans son ensemble plutôt qu’une crise à la fois (le surendettement, des factures trop élevées, les miniréacteurs nucléaires, le barrage de Mactaquac, Pointe Lepreau, Irving Paper, etc.).
En 2010, le premier ministre Shawn Graham a commis une erreur historique monumentale en ne concluant pas la vente de nos actifs énergétiques à Hydro-Québec. Quinze ans plus tard, Énergie NB ne pourrait pas être dans un plus mauvais état. Ses dirigeants sont à court de solutions.
Le gouvernement Holt doit prendre le taureau par les cornes. Toutes les options doivent être sur la table, y compris absorber la dette, acheter une plus grande part de notre électricité de l’extérieur ainsi que la fermeture ou la vente d’une partie ou de la totalité des actifs.
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