Un Cabinet de guerre dans lequel l’Acadie trouve son compte

Le premier ministre Mark Carney n’a pas perdu de temps à mettre sur pied ce qu’il a qualifié de «Cabinet de guerre». La campagne électorale fédérale sera bientôt déclenchée, peut-être même dans quelques jours. Or, le meilleur argument de vente de M. Carney devant les électeurs sera sa capacité à négocier et à tenir tête au président américain Donald Trump, comparativement à Pierre Poilievre. Bonne nouvelle, l’Acadie tire son épingle du jeu dans cet environnement politique extrême, même si ce conseil des ministres risque d’être éphémère.

Mark Carney a dévoilé la semaine dernière un Cabinet qui ne compte que 23 ministres. Dans ce groupe, on retrouve le trio qui assure la réplique canadienne contre l’offensive tarifaire trumpiste: les ministres Dominic LeBlanc (Commerce international et Affaires intergouvernementales), Mélanie Joly (qui conserve les Affaires étrangères) et François-Philippe Champagne (Finances).

Dominic LeBlanc perd les Finances. Normalement, il s’agirait d’une rétrogradation et d’une déception. Il faut toutefois rappeler que le député acadien avait été nommé pour éteindre le feu qui consumait le gouvernement Trudeau.

Sa prédécesseure Chrystia Freeland avait claqué la porte avec fracas. Mark Carney avait accepté de la remplacer, puis a changé d’idée. Devant l’ampleur de la crise, François-Philippe Champagne avait refusé d’occuper cette fonction. Justin Trudeau s’était donc tourné vers son ami d’enfance et homme de confiance pour rassurer les marchés inquiets.

Le Commerce international est un meilleur ministère pour M. LeBlanc. Libéré de ses tâches aux Finances, il pourra consacrer tout son temps et son énergie à rassembler les premiers ministres provinciaux derrière le leadership de M. Carney et à jouer un rôle crucial au cours de la guerre économique contre les États-Unis.

Sa crédibilité est un atout extraordinaire pour M. Carney. Qui souhaiteriez-vous voir négocier avec l’administration trumpiste et assurer la réplique canadienne? Dominic LeBlanc ou l’ancien chef conservateur Andrew Scheer, homme de confiance de M. Poilievre, apôtre de la désinformation et détenteur de la citoyenneté américaine, ce qu’il avait caché avant les élections fédérales de 2019? Pour de nombreux Canadiens, poser la question, c’est y répondre.

Il n’y jamais eu de suspense à savoir si Dominic LeBlanc conserverait sa place au sein du conseil des ministres. Le véritable enjeu était plutôt de savoir si, dans un Cabinet ultramince, d’autres députés de l’Atlantique se verraient confier des responsabilités importantes.

Ginette Petitpas Taylor a appuyé Mark Carney pendant la course au leadership, mais elle était aussi associée à l’ère Trudeau. Elle a finalement conservé son poste de présidente du Conseil de trésor. Il s’agit d’une belle marque de confiance, d’autant plus que le nouveau premier ministre a exprimé sa volonté d’éliminer le déficit budgétaire en trois ans.

Autre bonne nouvelle: la ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne, Diane LeBouthillier, n’a pas échappé à la vague de changements. Elle a été remplacée par une députée terre-neuvienne, Joanne Thompson.

Mme LeBouthillier n’a impressionné personne pendant son court passage au MPO. Son plan de pêche de 2024 au sébaste, censé venir en aide aux crevettiers, était désastreux. La ministre et ses fonctionnaires ont de plus provoqué une véritable crise au printemps dernier en suspendant par erreur la pêche au homard au large du nord-est du Nouveau-Brunswick, à la suite de l’apparition d’une baleine noire non loin de la côte.

Un changement était nécessaire et nous nous réjouissons que le premier ministre Carney en soit venu à la même conclusion. Nous verrons à l’usure si la nouvelle ministre Thompson fera preuve de moins d’amateurisme que sa prédécesseure.

L’Atlantique compte un quatrième ministre: le Néo-Écossais Kody Blois. En tant que président du caucus de l’Atlantique, il était l’un de ceux qui avaient mené la charge contre Justin Trudeau. Il est aussi opposé à la taxe sur le carbone, que M. Carney a choisi de larguer. Sa présence dans le nouveau Cabinet contribuera à marquer la rupture avec l’ère Trudeau, une décision importante dans une province où les libéraux étaient menacés de perdre des sièges en raison de l’impopularité de M. Trudeau et de ce qui semblait être un ouragan Poilievre que nul ne pouvait stopper.

Le Parti libéral gagnera-t-il les prochaines élections? Impossible de le prédire. Mais avec ce remaniement ministériel, Mark Carney s’est à tout le moins donné les moyens de préserver les acquis de sa formation au Nouveau-Brunswick et en Atlantique.

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