Depuis 2020, la région du Sahel a vécu de nombreux bouleversements politiques : des juntes militaires sont arrivées au pouvoir (au Mali en 2020 ; au Burkina en 2022 ; au Niger en 2023) et ont formé une nouvelle alliance politique.
Elles ont choisi la Russie comme principal partenaire sécuritaire, s’éloignant ainsi de l’occident accusé, notamment, d’inefficacité face à la menace terroriste. Après quelques années au pouvoir, il est donc intéressant de se pencher sur le bilan sécuritaire de ces jeunes gouvernements en Afrique de l’Ouest. La nouvelle orientation stratégique prise par ces juntes tient-elle ses promesses au niveau sécuritaire ?
L’explosion de la violence
Selon de nombreux rapports, et malheureusement pour les populations civiles, le niveau de violences dans la zone n’a fait qu’augmenter depuis 2020. En effet, certaines données récentes indiquent une hausse alarmante du nombre de morts. Dans l’ensemble du Sahel central, les décès dus à la violence politique ont augmenté de 38 %, et les décès de civils de plus de 18 %. En 2023, le nombre de personnes tuées par des violences politiques a notamment doublé au Burkina Faso. Avec le Mali, ce pays est particulièrement touché, étant classés parmi les pays connaissant les niveaux de violence les plus élevés. Au total, 12,000 personnes ont été tué dans le Centre Sahel en 2023, principalement des civils. Tendance qui s’est poursuivie en 2024. Ainsi, le nombre de décès signalés dans les trois États du Sahel a atteint un niveau record de 13 800, soit une augmentation de 15 % par rapport à 2023.
Pire, selon le Global Terrorism Index, le Sahel est devenu l’épicentre mondial du terrorisme, représentant 47 % du total des victimes du terrorisme à l’échelle de la planète. Cette analyse est appuyée par un rapport du Centre d’études stratégiques de l’Afrique qui atteste d’une prolifération de l’activité terroriste dans la zone (voir ci-dessous).
Cependant, cet échec sécuritaire est loin d’être la seule responsabilité des juntes. La milice russe Wagner, qui s’était présentée comme la solution miracle au Sahel, n’a pas réussi à endiguer cette vague de violences. Au contraire, ces mercenaires, présents dans la zone depuis 2021, désormais en nombre important (ils seraient près de 2000, repartis entre le Mali, le Burkina et le Niger), contribuent largement à alimenter l’insécurité dans la région.
Ainsi, ils se rendent fréquemment coupable d’exactions. Le récent massacre d’une vingtaine de civils dans la région de Kidal au Mali en est une parfaite illustration. Du pillage à l’exécution de civils en passant par des violences sexuelles, ces hommes sans foi ni loi démontrent l’étendue du prix à payer par les populations civiles lorsque les juntes au pouvoir décident de faire appel à des milices étrangères n’ayant de compte à rendre à personne, et remettant en cause la souveraineté des États en question.
Que faire face à ce constat d’échecs ?
Malgré les promesses de stabilisation, la présence des SMP russes n’a donc pas réussi à contenir l’expansion des groupes terroristes. Ainsi, depuis 2020, les attaques jihadistes ont augmenté de manière significative, tout comme les violences interethniques et le nombre de civils tués.
Les interventions para-militaires étrangères, sont donc impuissantes face à cette tendance. Les civils sont pris en otage de ces partenariats sécuritaires qui servent des logiques de pouvoir et de prédation des ressources plus que leurs intérêts propres. Les régimes autoritaires sahéliens devraient donc élargir leurs partenariats sécuritaires et chercher des solutions alternatives pour lutter contre le terrorisme dans la zone. Ainsi, la milice Wagner a montré, après plusieurs années de présence, que ses mercenaires sont davantage motivés par l’enrichissement personnel, en témoigne par exemple leur volonté de récupérer la plus grande mine d’or du Mali, que par la sécurité des populations civiles.
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