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La Guinée traverse une nouvelle crise politique après la décision du gouvernement de transition de suspendre 28 partis politiques, dont plusieurs figures emblématiques de la scène politique nationale, pour une durée de trois mois. Cette annonce, justifiée par la volonté d’assainir l’espace politique, a provoqué une vive polémique et relancé le débat sur l’avenir de la démocratie dans le pays.

Le Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation a mené une évaluation des partis politiques sur une période de 90 jours. Selon les résultats de cette évaluation, plusieurs formations politiques ont été suspendues pour ne pas avoir respecté certaines obligations administratives, telles que la preuve de leur existence bancaire ou l’organisation de congrès réguliers.

Parmi les partis suspendus figurent des formations de poids, telles que le RPG Arc-en-ciel, le parti de l’ex-président Alpha Condé, l’UFR de Sidya Touré et le PUP (Parti de l’unité et du progrès) fondé par le défunt Lansana Conté. Ces partis sont des acteurs historiques du paysage politique guinéen, et leur suspension n’a pas manqué de faire réagir de nombreux observateurs, certains y voyant une tentative de contrôle politique du Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), actuellement au pouvoir.

La suspension des partis touchés est d’autant plus symbolique qu’elle concerne des figures politiques majeures. Le RPG, qui a dominé la scène politique sous la présidence d’Alpha Condé, et l’UFR de Sidya Touré, ancien Premier ministre, font partie des partis les plus influents de la transition démocratique en Guinée. Leur mise à l’écart temporaire, alors que leurs leaders sont en exil, soulève des questions sur la volonté réelle du gouvernement de créer un environnement politique inclusif.

L’UFDG (Union des Forces Démocratiques de Guinée), dirigée par Cellou Dalein Diallo, principal leader de l’opposition, échappe à la suspension, mais doit organiser un congrès dans un délai de 45 jours pour se conformer aux exigences administratives. Cette situation suscite des interrogations sur une possible stratégie visant à remodeler le paysage électoral à l’approche des prochaines élections.

La mesure est largement critiquée par les partis concernés, qui y voient une manœuvre politique pour affaiblir les forces d’opposition. Fodé Baldé, porte-parole de l’UFR, estime que cette décision vise à consolider le pouvoir du CNRD en affaiblissant ses concurrents politiques : « Le but est de créer les conditions pour que le CNRD soit seul sur le terrain », déclare-t-il.

De son côté, Joachim Baba Millimouno, chargé de communication de l’UFDG, évoque une possible épuration politique déguisée, avec des leaders politiques considérés comme gênants progressivement écartés du jeu politique. Cette lecture est partagée par de nombreux analystes, qui voient cette mesure comme une tentative de restructuration forcée du système politique guinéen, dont l’issue pourrait affecter l’équilibre démocratique du pays.

Si cette suspension est officiellement limitée à trois mois, ses effets sur la politique guinéenne à long terme sont incertains. Le pays pourrait-il voir une véritable réforme politique, ou bien le pouvoir du CNRD pourrait-il se concentrer davantage, rendant plus difficile la compétition politique pour les prochaines élections ? Les mois à venir seront déterminants pour la Guinée, qui se trouve à un tournant crucial de son évolution politique.

Le débat sur l’avenir de la démocratie guinéenne est plus que jamais ouvert, et les acteurs politiques se préparent déjà à répondre à cette nouvelle dynamique de pouvoir.

La rédaction

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