Sur une terre où le sol respire et menace, où gronde l’imminence d’un bouleversement, Katia Reiter veille – Marina Foïs, sérieuse et ardente. Vulcanologue aguerrie, elle scrute l’activité inquiétante de la Soufrière. À son côté, Aimé (Théo Christine, formidable), apprend à comprendre et déchiffrer le volcan. Sur le fil ténu qui sépare la maîtrise du chaos, la Guadeloupe retient son souffle.
À la merci du chaos
Ce scénario puise dans la mémoire du cinéaste : souvenir d’une ascension sous une pluie battante, le soufre mordant la brume, le frisson de l’infiniment grand de la nature surpuissante face à l’humain minuscule. Cyprien Vial, hanté par cette intranquillité née de la confrontation au volcan, façonne un récit où l’angoisse jaillit de l’incontrôlable qui à tout instant peut advenir, remonté des entrailles de la terre, sorte de bête monstre.
Sur le plan du cinéma, le réalisateur se souvient de La Soufrière (1977) de Werner Herzog, histoire d’une évacuation oubliée de 1976, les rues désertes de Basse-Terre, le grand chaos annoncé par les sismographes sur la Guadeloupe, et une poignée d’habitants refusant d’évacuer. Magma reprend le motif de la résistance d’irréductibles en colère face au pire annoncé.
Une dose utile de fantastique
Une cellule de crise est un travail dans Magma, surveillant la Soufrière et ses manifestations éruptives. C’est lorsque le film s‘éloigne de ce réalisme terre à terre et se risque à l’irruption du fantastique – le volcan et ses flancs comme un monde surnaturel -, qu’il trouve sa hauteur. Dans les fumerolles flottantes, les borborygmes du sol, les tourbillons de cendres, il change de genre, plus irréel, s’élève dans la fusion du souffle du volcan et de l’errance des êtres.
Quand Magma s’éloigne des opérations de suivi et de contrôle de l’activité volcanique, à la cinégénie ingrate, un monde en suspens bien plus intéressant advient. Cyprien Vial et son chef opérateur Jacques Girault intéressent quand ils font de l’image même comme une matière en fusion : vapeurs épaisses, noirs charbonneux, verts acérés. Inspirés par Bernard Plossu, ils abandonnent la couleur vive comme pour laisser le volcan infiltrer l’image et les personnages, au bord de la suffocation mentale.
Magma de Cyprien Vial, en salles dès ce mercredi 19 mars. Durée : 1 h 25.
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