Un football à l’ancienne et des rivalités uniques… Pourquoi il faut regarder le tournoi malgré l’Euro

Bonne nouvelle pour les boulimiques du football, la Copa America débute dans la nuit de jeudi à vendredi aux Etats-Unis avec les dix nations sud américaines et les six nations nord américaines. Les fans de foot vont donc pouvoir s’enchaîner à longueur de journée, et de nuit, l’Euro 2024 de football et la Copa America, jusqu’au 14 juillet, date des finales des deux compétitions.

Mais plutôt que de profiter de cette orgie de football, certains fins connaisseurs préfèrent opposer les deux tournois, et disserter sur le niveau de l’un et de l’autre. N’est ce pas Kylian Mbappé ? L’attaquant des Bleus avait estimé au début du mois que « l’Euro est une compétition très compliquée, plus que la Coupe du monde », histoire de rallumer la flamme de ce débat qui n’en finit pas. Deux commentateurs de la Copa America, Didier Roustan pour L’Equipe Live foot sur le site internet de l’Equipe, et Nicolas Cougot, pour Canal+ Afrique, expliquent à 20 Minutes pourquoi la Copa America mérite tout notre intérêt

Les critiques de Mbappé vraiment justifiées ?

La déclaration du capitaine des Bleus sur le niveau supérieur de l’Euro à la Coupe du monde, et donc indirectement à la Copa America, fait d’emblée sourire nos interlocuteurs. « Mbappé n’a pas une grande connaissance du foot sud américain », préfère balayer Didier Roustan. Nicolas Cougot lui conseille simplement « d’aller jeter un coup d’œil au classement FIFA ». Pour le commentateur de la chaîne l’Equipe, Kylian Mbappé confond très probablement le football sud américain des clubs, de celui des nations. Oui, les championnats sud américains sont d’un niveau inférieur aux championnats européens (merci la fuite des talents), mais la qualification pour un Mondial semble plus relevée de l’autre côté de l’Atlantique.

« En matière d’intensité et de contexte, avec des matchs en altitude, parfois sur des terrains improbables », rappelle Didier Roustan. « Pour aller en coupe du Monde il faut jouer le Luxembourg ou Gibraltar en Europe, et l’Equateur, le Chili ou l’Uruguay en Amérique du Sud. Difficile de comparer le niveau, c’est plus une question de contexte », abonde Nicolas Cougot.

Un tournoi plus resserré

L’Euro et la Copa America ont fait évoluer leur formule afin d’intégrer d’avantage d’équipe, pour toujours plus de spectacle. Cet Euro se joue, comme depuis 2016, avec 24 équipes, et la Copa America s’est élargie à la même date avec l’intégration des six meilleures nations de la CONCACAF, pour arriver à un total de 16 équipes. « Faire tous ces matchs de poules à l’Euro pour n’éliminer que huit équipes, c’est quand même un sacré barnum, estime Didier Roustan. Je ne sais pas si ça dilue le niveau de jeu, il faut voir sur la distance. Je ne suis pas sûr que la Géorgie pourra mettre la même intensité dans le troisième match que dans son premier ». Ainsi, les meilleures nations arrivées à la 3e place de leur groupe sont repêchées pour les huitièmes de finale. A la Copa America, pas de huitièmes de finale, et encore moins de repêchage. Seuls les deux premiers de groupe sont directement qualifiés pour les quarts, la marge d’erreur en est forcément largement réduite.

Un football à l’ancienne, au moins dans l’intensité

Dans un football toujours plus mondialisé, et donc uniformisé et centré sur la performance, la vitesse et l’attaque, la Copa America fait encore un peu de résistance. « Même si ça évolue et que les grosses sélections se sont très européanisées. Il suffit de voir la nomination de Fernando Diniz et son style à l’ancienne à la tête de la Seleçao. Les joueurs étaient complètement paumés sur le terrain. Beaucoup de joueurs jouent en Europe, et tout le monde veut faire du Guardiola », rappelle Nicolas Cougot. Une évolution de style, mais l’intensité reste la même. « Rien que ça, ça rend la tâche plus difficile. Physiquement, c’est violent, ça laisse plus jouer. Tu as encore des mecs qui se font découper. C’est une certaine résistance du foot à l’ancienne qui devient finalement une forme de fraîcheur, c’est appréciable », estime Didier Roustan.

Des rivalités aussi tenaces qu’historiques

Si l’intensité est telle, c’est tout simplement le fruit de rivalités historiques, qui elles, ne se diluent pas dans ce football moderne et mondialisé. « Dans la nuit de vendredi à samedi, tu as un Pérou – Chili, ça va se mettre dessus, c’est sûr tellement ils se détestent. Il y a telle rivalité. Ça n’est pas comme les rivalités européennes, là il y a une véritable haine. Ça fait partie de leur identité. Les matchs entre l’Argentine et le Brésil sont aussi ultra-chauds », prévient Nicolas Cougot. Une rivalité aussi nourrie par des supporteurs pour qui le football est plus important que tout, on avait pu s’en rendre compte avec les Argentins au Mondial au Qatar. « Ils préfèrent faire un repas par jour plutôt que deux durant toute l’année, pour suivre leur équipe nationale », rappelle Didier Roustan. Et peu importe si la Copa America a lieu aux Etats-Unis, un pays peu réputé pour sa culture foot. Les Sud-Américains se chargeront de l’ambiance.

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