La santé publique du Nouveau-Brunswick s’attend à remettre son rapport sur la maladie neurologique non diagnostiquée cet été. L’objectif de l’enquête n’est pas de découvrir une nouvelle maladie, mais bien d’analyser les niveaux élevés de substances environnementales dans les tests des patients.
Le médecin hygiéniste en chef de la province, Yves Léger, veut être clair. L’enquête en cours est très différente de celle de 2022, qui avait conclu qu’une maladie neurologique inconnue n’existait pas.
On ne regarde pas de nouveau à voir s’il y a une maladie commune chez ces patients-là, ce travail-là a été fait
, dit-il. Ici, on regarde à voir les inquiétudes qui ont été soulevées par rapport aux résultats de tests qui sont élevés pour certaines substances environnementales.
Il précise que ces substances détectées sont principalement des métaux lourds et des pesticides, dont le glyphosate.
222 dossiers analysés
Ainsi, la santé publique explique avoir reçu 392 formulaires de signalement de maladies à déclaration obligatoire. Toutefois, les détails de ce formulaire ne sont pas suffisants. Des formulaires plus détaillés ont été soumis pour 222 patients par le Dr Allier Marrero, le neurologue qui a sonné l’alarme dans ce dossier en 2021. Ce qui nous semble suffisant pour commencer l’analyse des données
, dit Yves Léger.
Après cette analyse, la santé publique devra procéder à l’interprétation de ces données. L’Agence de santé publique du Canada fera de même et ces analyses seront combinées, avant d’être dévoilées dans un rapport qui sera rendu public.
Nous espérons que cela sera prêt cet été
, soutient le Dr Léger. Cela prend plus de temps que l’on aurait aimé, mais nous sommes engagées à terminer cette investigation.
Si on va trop vite, on finit avec des résultats qui ne sont pas aussi fiables et ce n’est pas ce que nous voulons.
Le médecin hygiéniste en chef répète que cette enquête doit être menée par le Nouveau-Brunswick, car la grande majorité des patients s’y trouvent et que le médecin qui a soulevé ces inquiétudes travaille dans la province. Toutefois l’appui de l’Agence de la santé publique du Canada est aussi nécessaire.
Une bonne relation avec le Dr Marrero
Le Dr Allier Marrero, neurologue de Moncton, est au coeur de cette affaire. Il avait identifié la grande majorité des patients qui ont fait l’objet de la première enquête sur la maladie neurologique inconnue.
Le Dr Alier Marrero en 2022.
Photo : Radio-Canada / Nicolas Steinbach
Après que celle-ci eut été déclarée inexistante par un comité d’expert, le Dr Marrero a contacté la santé publique en 2023, faisant part de ses préoccupations concernant des taux élevés de substances environnementales chez plusieurs patients.
Le Dr Léger précise que la santé publique était aussi préoccupée par ces résultats et a donc déterminé de lancer une enquête. Il ajoute que la santé publique entretient de bonnes relations
avec le Dr Marrero.
On a trouvé dans mon système du glyphosate
Annick Lebouthillier habite à Grande-Digue. Elle est atteinte d’un trouble neurologique et est une patiente du Dr Marrero. Elle encourage les gens à faire tester l’eau de leur puits, comme elle l’a fait.
On a trouvé dans mon système du glyphosate
, dit-elle, en plus de l’arsenic, en quantités trop élevées.

Annick Lebouthillier (à gauche, portant un masque) est atteinte d’un trouble neurologique. Elle a tenu à remercier la première ministre Susan Holt pour les travaux de l’enquête en cours.
Photo : Radio-Canada / Alix Villeneuve
Elle dit qu’elle garde confiance en Susan Holt et son médecin. Elle est satisfaite de voir que des causes environnementales seront étudiées.
Il y a des choses qui commencent à bouger, à brasser, je pense qu’on peut juste souhaiter pour le mieux.
Elle croit toutefois pour sa part qu’une maladie neurologique commune existe bel et bien et qu’il faut continuer à s’acharner et se battre
pour prévenir que des patients meurent.
Holt veut accélérer la cadence
La première ministre Susan Holt se dit satisfaite de voir qu’un plan d’investigation a été établi, car les patients attendent des détails depuis trop longtemps.
Nous apprécions que santé publique Canada soit ici et sur le terrain
, dit-elle. Nous essayons d’utiliser toutes les ressources possibles pour faire ce travail aussi vite que possible.

La première ministre, Susan Holt à Fredericton, le 27 mars 2025.
Photo : Radio-Canada / Alix Villeneuve
Susan Holt ne s’est pas engagée jeudi à légiférer immédiatement sur l’épandage de glyphosate si un lien direct est établi à la suite de cette analyse, mais a dit que son gouvernement répondra de façon responsable
avec l’information qui lui est donnée.
Nous devons vraiment examiner les données relatives aux patients pour comprendre les points communs entre les centaines de patients afin d’éclairer la recherche externe et environnementale la plus appropriée.

Le ministre de la Santé du Nouveau-Brunswick, John Dornan, le 19 mars 2025.
Photo : Radio-Canada / Alix Villeneuve
À l’Assemblée législative, la députée verte Megan Mitton s’est dite déçue que d’autres composantes environnementales ne soient pas étudiées par la santé publique dans ce dossier, notamment les cyanobactéries comme les algues bleu-vert.
Le ministre de la Santé, John Dornan, a déclaré que ce n’était pas à lui de dire à la santé publique ce qu’elle devrait examiner. Il a ajouté que la santé publique travaille en collaboration avec l’agence fédérale et que peu importe qui mène l’enquête, le but était de travailler en partenariat pour le bien des Néo-Brunswickois.
Avec les informations d’Alix Villeneuve
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