Sur l’intrigante couverture, la célébrissime Leçon d’anatomie du docteur Tulp, peinte par Rembrandt en 1632, figurant une opération sur les muscles du bras à laquelle assistent des étudiants craintifs mais curieux. Nous, observateurs, sommes placés hors-champ avec le public. Une sensation que l’on retrouve en plongeant dans le roman de Noémie Adenis, bien que le décor ait changé.
Transportés à Paris, en mars 1673, au Jardin du roi (plus connu sous son nom actuel de Jardin des Plantes), nous assistons, parmi une assemblée d’étudiants, à une leçon publique de chirurgie, menée par Pierre Dionis. Dans la foule, le jeune et timide herboriste Sébastien de Noilat, fraîchement débarqué de sa Sologne natale, assiste à la démonstration. Bien malgré lui, Sébastien se retrouve mêlé à une série de meurtres qui suivent le modus operandi des cours dispensés par Dionis. Pour prouver son innocence et celle de ses amis, le voilà enquêtant dans les rues sales et les échoppes malfamées de la capitale, aux côtés du truculent commissaire Parisot, dont le ton goguenard tranche avec la maladresse du candide herboriste provincial.
L’intrigue de ce polar historico-médical évoque en toile de fond les tensions, instrumentalisées par le roi, qui existaient au XVIIe siècle entre les chirurgiens, adeptes de nouvelles théories sur la circulation sanguine, et la Faculté de médecine, qui gardait jalousement son monopole sur les leçons d’anatomie. Après avoir remporté en 2021 le Grand Prix des Enquêteurs pour son premier roman, Le Loup des ardents, la jeune plume lilloise confirme son talent de conteuse avec ce deuxième roman haletant et original.
Son attachant personnage, Sébastien de Noilat, se fait une place entre le commissaire Nicolas Le Floch, du grand Jean-François Parot, et Augustin Duroch, imaginé par Anne Villermin-Sicherman, un vétérinaire enquêtant au temps des Lumières.
Le jardin des anatomistes, Noémie Adenis, Robert Laffont, 360 pages, 20 euros
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