Un premier ministre du Canada acadien

Dominic LeBlanc deviendra-t-il le prochain premier ministre du Canada? C’est peu probable. Nous saluons toutefois le fait qu’il soit en position de remplacer Justin Trudeau au pied levé, si celui-ci devait démissionner.

Il y a deux semaines, le columnist Lawrence Martin a publié dans le Globe and Mail un article au titre révélateur: Dominic LeBlanc wants his close friend Justin Trudeau’s job (Dominic LeBlanc veut l’emploi de son grand ami Justin Trudeau).

Le Globe est le journal le plus prestigieux au pays. La chronique a donc fait réagir dans les cercles politiques, particulièrement à Ottawa.

M. LeBlanc n’a mis de temps à contre-attaquer. Quelques jours plus tard, un article intitulé Dominic LeBlanc says he’s not after Trudeau’s job (Dominic LeBlanc affirme ne pas chercher à obtenir l’emploi de Trudeau) était publié dans la chaîne de journaux Postmedia.

Notez que malgré les apparences, les deux titres ne sont pas contradictoires. M. LeBlanc pourrait très bien avoir l’ambition de succéder à M. Trudeau, mais sans activement préparer cette éventualité.

Que retenir de ces récentes sorties et analyses? Dominic LeBlanc est une figure incontournable de la politique en Acadie et au Nouveau-Brunswick depuis près d’un quart de siècle, ce qui nous aide à mieux comprendre ses stratégies et motivations.

Allons droit au but. Dominic LeBlanc est loyal au Parti libéral et à Justin Trudeau. Il n’y a aucune chance de le voir saper l’autorité de son chef.

Il ne prépare pas un putsch, il ne veut pas être calife à la place du calife. Nous ne sommes pas aux balbutiements d’une guerre fratricide, comme celle qui a opposé Paul Martin à Jean Chrétien au début des années 2000.

Néanmoins, il faudrait être naïf pour croire que M. LeBlanc ne jette pas au moins un regard intéressé vers l’avenir. Ce serait irresponsable de sa part de ne pas le faire. Le gouvernement est minoritaire et dépend de l’appui du Nouveau Parti démocratique. Il peut tomber à tout moment, même si des élections sont peu probables d’ici la fin de l’année.

De son côté, Justin Trudeau a indiqué sa volonté de mener sa formation au cours de la prochaine campagne électorale. Plusieurs craignent toutefois le voir mener ses troupes à l’abattoir, tant il est impopulaire auprès des électeurs.

Il a brûlé plusieurs cartouches dans les dernières semaines, avec le dépôt d’un budget comprenant des dizaines de milliards de dollars en nouvelles dépenses, sans que cela ne fasse bouger l’aiguille dans l’opinion publique. Devant le spectre d’une défaite qui s’annonce inéluctable, le premier ministre baissera-t-il les bras?

S’il devait démissionner, il est clair à nos yeux que Dominic LeBlanc serait la meilleure personne pour lui succéder.

Le député de Beauséjour pèse lourd au sein du parti. Officiellement, il est ministre de la Sécurité publique, des Institutions démocratiques et des Affaires intergouvernementales. Dans les faits, il est un superministre vers qui se tournent les gouvernements provinciaux quand ils tentent d’influencer le gouvernement fédéral. Peu de décisions importantes sont prises à Ottawa sans qu’il soit impliqué de près ou de loin.

Les Acadiens ont été témoins de l’importance de son influence lors des élections fédérales de 2021. Cet été-là, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, a organisé avec la Société de l’Acadie du N.-B. une visite visant à montrer sa solidarité avec le peuple acadien.

M. Blanchet ne s’est finalement jamais rendu à Caraquet. La SANB a annulé sa présence à l’événement.

Les libéraux acadiens, M. LeBlanc en tête, ont dénoncé avec force cette tentative d’incursion séparatiste en plein cœur du royaume libéral et se sont assurés qu’elle n’ait pas lieu.

Parallèlement, Dominic LeBlanc est une personnalité politique appréciée et non polarisante. Alors que les premiers ministres provinciaux ne se gênent pas pour dénoncer les ministres Steven Guilbeault (Environnement) et Chrystia Freeland (Finances), ils ne critiquent jamais publiquement le député acadien. Cela inclut Blaine Higgs, qui a l’intelligence de cultiver de bonnes relations avec M. LeBlanc malgré le mépris qu’il éprouve à l’endroit de M. Trudeau.

Dominic LeBlanc n’est pas seulement le favori pour succéder  à son chef. Il est aussi la meilleure chance du Parti libéral d’affronter avec succès l’ouragan Pierre Poilievre qui s’abattra lors de la prochaine campagne électorale.

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