Un rare cas de prédation de guêpes sur un oisillon en Amérique du Sud

La Guêpe germanique (Vespula germanica) mesure environ treize millimètres de long. Elle ressemble à la Guêpe commune (V. vulgaris), mais elle s’en distingue notamment par de petits points noirs visibles sur sa tête et son abdomen, ses tempes sont entièrement jaunes et la partie incisive de la mandibule courbe et non pas rectiligne. En Eurasie, ses nids sont parfois attaqués par la Bondrée apivore (Pernis apivorus) (lire Piège photographique : filmer une Bondrée apivore attaquant un nid de guêpes) et elle est mangée par le Guêpier d’Europe (Merops apiaster) (lire Le Guêpier d’Europe est un ingénieur efficace au rôle écologique méconnu).

Originaire d’Europe, d’Afrique du Nord et d’Asie de l’Ouest, elle a été introduite involontairement en Amérique du Nord et du Sud, en Australie, en Nouvelle-Zélande, et en Afrique du Sud, où elle s’est ensuite répandue. Elle peut être très agressive à proximité de son nid, sa piqûre étant désagréable et pouvant causer des réactions graves chez les personnes allergiques à son venin (lire Certains oiseaux nichent près des colonies de guêpes pour se protéger des intrus). Comme d’autres espèces de guêpes sociables, c’est une prédatrice efficace d’un grand nombre d’insectes. mais elle est opportuniste et s’approche aussi volontiers des humains pour dérober de la nourriture. Elle peut également occasionnellement s’attaquer à de petits vertébrés. 

Dans un article publié en 2024 dans la revue Austral Ecology, deux naturalistes ont décrit le premier cas documenté de prédation de Guêpes germaniques sur un oisillon. Durant six saisons de reproduction, ils  ont étudié le comportement de nidification de l’Élénie du Chili (Elaenia chilensis), un passereau migrateur qui se reproduit dans la forêt andine de Patagonie. Ils ont filmé 59 nids lorsque les poussins étaient âgés de deux à trois jours et de dix à onze jours. Dans l’un d’entre eux, ils ont filmé une prédation d’un oisillon âgé de dix jours par des Guêpes germaniques. Le second poussin du nid a été retrouvé vivant au sol, ce qui indique qu’il a réussi à s’échapper. Leurs parents n’ont pas défendu leur progéniture.

La rareté de ce comportement suggère que cet hyménoptère n’est pas (encore) un prédateur important de nichées, ou bien que ce comportement est sous-estimé, les oiseaux adultes pouvant retirer les oisillons morts.

Bien que l’Élénie du Chili n’est pas menacée, 41 % de l’avifaune de la forêt andine de Patagonie est endémique, et cet insecte invasif pourrait potentiellement devenir une menace, ce qui mériterait des recherches plus approfondies. Pour évaluer l’impact de la Guêpe germanique sur les populations d’oiseaux, il serait intéressant de développer la surveillance par vidéo de nids d’espèces dont la progéniture pourrait potentiellement constituer une cible. Certains passereaux sud-américains semblent toutefois réagir à la présence de ces envahisseurs, comme le montre la vidéo ci-dessous d’une Picotelle à gorge blanche (Pygarrhichas albogularis) les éjectant d’un tronc.

Picotelle à gorge blanche (Pygarrhichas albogularis) éjectant des Guêpes germaniques (Vespula germanica)  d’un tronc au Chili.
Source  : Split One

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